Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GRANDE GUERRE ET SOCIÉTÉ

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Une guerre omniprésente

Dès l’été de 1914, la culture populaire s’empare des thèmes patriotiques. La liberté d’expression, une des grandes conquêtes du xixe siècle, est restreinte et il est interdit de publier des informations stratégiques ou de manifester des doutes sur l’issue du conflit. En réaction au « bourrage de crâne » et à la censure, certains titres manifestent leur esprit critique, tel Le Canard enchaîné, fondé en 1915. Tournant en dérision le contrôle de la presse, il proclame qu’il ne publie que de « fausses nouvelles ».

Si la réalité de l’expérience du feu et le nombre de victimes sont cachés à la population, les thèmes militaires et patriotiques sont très présents au théâtre, dans la chanson ou la littérature. Les affiches annonçant les emprunts ou les journées de charité sont partout, et la foule se presse au cinéma lors de séances qui mêlent films d’actualité, intermèdes musicaux et fictions patriotiques. Mais les scènes de bataille sont toutes reconstituées et l’héroïsme domine au début de la guerre, comme dans Une page de gloire de Léonce Perret (1915). La population, lassée des outrances cocardières et marquée par les misères de la guerre, se tourne progressivement vers des productions plus divertissantes, qui ont la faveur des soldats en permission. Les films de Charlie Chaplin, distribués en France à partir de 1915, connaissent un grand succès, de même que les films comiques ou à suspens tels Les Vampires de Louis Feuillade (1915). Le music-hall s’adapte aux goûts des Alliés et propose des revues spectaculaires, comme celles de Mistinguett aux Folies-Bergères.

Les enfants sont des cibles privilégiées pour les représentations patriotiques. Les aventures des Pieds Nickeléstournent en dérision les Allemands et une bonne partie de la littérature populaire met en scène des figures héroïques d’enfants qui servent de modèles à toute une génération. À l’école, les exercices quotidiens comme les sujets d’examen privilégient les thèmes liés à la guerre. Les vertus du sacrifice et de l’économie sont célébrées, tandis que les problèmes de mathématiques invitent à calculer la vitesse d’une grenade. Les enfants sont aussi incités à participer à l’effort de guerre, à travers la confection de colis pour les soldats ou la récolte collective des pommes de terre.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Picardie-Jules-Verne, Amiens

Classification

Pour citer cet article

Emmanuelle CRONIER. GRANDE GUERRE ET SOCIÉTÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 28/11/2016

Médias

Correspondance de guerre, 1915 - crédits : Europeana ; CC-BY-SA 3.0

Correspondance de guerre, 1915

Ouvrières pendant la Première Guerre mondiale, 1915 - crédits : akg-images

Ouvrières pendant la Première Guerre mondiale, 1915

Emprunt national, 1917 - crédits : Bibliothèque nationale de France

Emprunt national, 1917