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GOUTI (XXIIe-XXIe s. av. J.-C.)

Peuple originaire du Goutium, région du Zagros, proche, probablement, de l'actuel Louristan. Les Gouti (ou Qouti) auraient tenté, à deux reprises, d'envahir la Mésopotamie sous le règne de Naram-Sin (~ 2254-~ 2218), petit-fils de Sargon d'Akkad. Šar-kali-šarri (~ 2217-~ 2193), fils et successeur de Naram-Sin, mène contre les Gouti deux campagnes couronnées de succès. Il capture un roi du Goutium. Après la mort de Šar-kali-šarri, les textes décrivent la Mésopotamie comme plongée dans l'anarchie, à la suite de l'invasion victorieuse des Gouti, qui a fini par avoir raison de l'empire d'Akkad.

Avant de s'assimiler, dans une certaine mesure, à la civilisation akkadienne, les Gouti semblent s'être comportés comme des Barbares destructeurs, coupant les routes, pillant la campagne, saccageant et incendiant les villes. Ils finirent par s'installer à la place de l'ancien pouvoir central de l'empire d'Akkad. Vingt et un rois gouti régnèrent durant un siècle un quart. Le souvenir de la dynastie étrangère sera aussi exécré par les anciens habitants de la Babylonie que celui des Hyksos le sera plus tard par les Égyptiens, mais il semble que les rois gouti aient, dans quelque mesure, essayé d'exercer un pouvoir régulier et prétendu apparaître comme les successeurs légitimes des souverains d'Akkad dont ils reprennent parfois la titulature de rois des quatre régions. En fait, la destruction du pouvoir central de l'empire d'Akkad, qui est l'œuvre des Gouti, a libéré les forces centrifuges qui, d'une manière toujours plus sensible dans les dernières années d'Akkad, tendent à sa dislocation. Il est très caractéristique que la « renaissance sumérienne » commence dès l'époque des Gouti. La IVe dynastie d'Uruk, Lagaš et l'Élam ont recouvré leur indépendance, en fait ou en droit. Un royaume d'Akkad réussit même à se constituer et à durer l'espace de quelques décennies. L'apogée de Lagaš sous Gudea est contemporain du pouvoir des derniers rois gouti. Ce pouvoir est pratiquement réduit à peu de chose vers ~ 2120. Il ne peut résister aux coups du roi d'Uruk, Utu-hegal, qui écrase les Gouti et ramène prisonnier à Uruk leur roi Tiriqan.

On retrouve les Gouti au nombre des troupes coalisées qui, avec eux, grouperont contre Hammourabi, les Assyriens, Ešnounna et Malgium (~ 1762), Ešnounna, les Assyriens et Mankisoum (~ 1760) et qui seront vaincues chaque fois par le roi de Babylone.

— Valentin NIKIPROWETZKY

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Pour citer cet article

Valentin NIKIPROWETZKY. GOUTI (XXIIe-XXIe s. av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AKKAD

    • Écrit par Gilbert LAFFORGUE
    • 2 890 mots
    • 3 médias
    ...son aïeul Sargon. Mais il ne peut endiguer complètement la poussée des montagnards du Kurdistān et du Zagros, et il est finalement battu par l'armée de Gouti (installée au nord de l'actuelle Sulaimaniyyah). Cette défaite semble cependant effacée lorsque commence le règne de Shar-kali-sharri, fils de Narām-Sin,...
  • ZAGROS

    • Écrit par Valentin NIKIPROWETZKY
    • 372 mots
    • 1 média

    S'étendant de la latitude du lac d'Ourmia jusqu'à la région de Persépolis, cette chaîne de hautes montagnes sépare le plateau iranien de la plaine mésopotamienne. La configuration physique de la région, où les dépressions encastrées entre des falaises abruptes ne sont accessibles que par des cols...