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FRANCE L'année politique 2011

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La France, la crise européenne et l'ordre mondial

L'année 2011 a été dominée, en termes de politique étrangère, par l'intervention alliée en Libye et l'engagement de la France dans les tentatives de résolution de la crise de l'euro. Décidée par le président de la République, l'opération en Libye aux côtés des Britanniques, voté le 17 mars par la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'O.N.U., avec un appui des forces de l'O.T.A.N., devait aboutir au renversement du régime du colonel Kadhafi et conduire à faire oublier certaines tergiversations initiales au début du «  printemps arabe ». En effet, la France avait été accusée par une partie de l'opposition de gauche et par des militants de ces pays d'avoir montré un soutien trop actif aux régimes en place en Égypte et surtout en Tunisie, et de n'avoir pas anticipé, faute de contacts suffisants avec la société civile locale, les attentes et les protestations de celle-ci. Ce soupçon de compromission et plusieurs maladresses avaient d'ailleurs conduit au départ de la ministre des Affaires étrangères et européennes Michèle Alliot-Marie le 27 février 2011 et à son remplacement par Alain Juppé, lui-même remplacé au ministère de la Défense par Gérard Longuet.

Assurant en 2011 la présidence du G8 et du G20, la France devait aussi mettre à profit cette position pour monter en première ligne sur la résolution de la crise de l'euro. Certaines ambitions de la présidence française passèrent ainsi au second plan, notamment en matière de régulation du système financier et bancaire et d'organisation des marchés des matières premières. S'il y a eu une prise de position commune au sommet de Cannes (3-4 novembre) sur l'ambition de refonder le système monétaire international, la lutte contre la spéculation sur les matières premières, la nécessité d'instituer un socle de sécurité sociale et la possibilité de taxer certaines transactions financières, ces déclarations restent générales et largement dépourvues de moyens d'application. Il était également difficile dans ces conditions de permettre à la France d'assurer le suivi des résolutions en matière de lutte contre la spéculation et les paradis fiscaux qu'elle avait promues lors des G20 précédents.

Après un accord obtenu les 26 et 27 octobre à Bruxelles permettant d'effacer la moitié de la dette grecque et obligeant les banques européennes à une recapitalisation, le couple franco-allemand devait, après des négociations compliquées, porter devant ses partenaires européens en décembre un projet de nouveau traité, suscitant une opposition forte du Royaume-Uni et un enthousiasme mesuré d'autres pays européens. Ce projet, rédigé sur fond de menace pour le triple A français – la France perdra cette notation le 13 janvier 2012 –, prévoit que les pays de la zone euro devront adhérer à une « règle d'or » budgétaire, rédigée sous le contrôle de la Cour de justice de l'Union européenne et permettant une meilleure convergence budgétaire et la création d'un mécanisme européen de solidarité, qui semble préfigurer un Fonds monétaire européen. L'adoption de ce nouveau traité, lequel suscite certaines réserves du candidat socialiste, ne devrait en tout état de cause intervenir qu'après la présidentielle, sans certitude.

Par ailleurs, le président de la République poursuit sa politique de rapprochement avec plusieurs pays, notamment à l'occasion de voyages médiatisés en Géorgie, en Arménie et en Azerbaïdjan, en octobre, dont une partie des objectifs ont été perçus comme relevant de la politique intérieure (notamment les gestes en direction de la communauté arménienne). Le 22 décembre, le vote par l'Assemblée nationale d'une proposition de loi pénalisant la négation des génocides,[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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Pour citer cet article

Nicolas TENZER. FRANCE - L'année politique 2011 [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 08/04/2016

Médias

France : abstentionnisme au premier tour des élections cantonales (1982-2011) - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : abstentionnisme au premier tour des élections cantonales (1982-2011)

France : élections cantonales (1988-2011) - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : élections cantonales (1988-2011)

France : basculement des majorités départementales (1998-2011) - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : basculement des majorités départementales (1998-2011)