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‘AṬṬĀR FARĪD AL-DĪN MUḤAMMAD B. IBRAHĪM dit (1119 env.-env. 1190)

Poète persan du xiie siècle, ‘Aṭṭār fut un maître, car s'il rassemble les conceptions évoluées d'un milieu de spirituels cheminant vers le mystère divin, son but est de guider. Il décrit une expérience qui lui semble concerner la condition humaine tout entière, celle de l'homme qui, pour cesser d'être dérouté, doit entreprendre vers le fond de l'âme un itinéraire périlleux ; il veut le conduire à briser les limites de son individualité en s'universalisant dans l'océan divin. L'une des forces de ce guide est la qualité de son expression poétique : ‘Aṭṭār a été très lu sur l'aire alors étendue de la langue persane.

Le fils du parfumeur

La personnalité d'‘Aṭṭār n'est saisissable qu'à travers son œuvre, les événements de son existence nous restant voilés. Il vécut à une époque où, en chrétienté, on édifiait le peuple en composant hagiographies, recueils de miracles et drames. Il passa sa vie à Neshāpūr, la ville de ‘Omar Khayyām, alors centre vital du Khorāsān, qui conserve la tombe de ‘Aṭṭār, 1190 est la date supposée de sa mort. De son père il avait hérité un commerce de parfums, d'onguents et d'épices ; ‘Aṭṭār désigne celui qui tient un tel commerce ; Farīd al-Dīn en fit son nom d'écrivain. Rien n'indique qu'une conversion le fît renoncer à cette profession, car il était conseillé d'en exercer une ; ‘Aṭṭār dut la trouver compatible avec une vie religieuse exigeante à laquelle il pensa dès son enfance.

Parmi les personnalités influentes à l'époque de ‘Aṭṭār, il faut citer Nadjm al-Dīn Kubrā. Celui-ci, s'étant détaché de l'étude théologique, rentra en sa ville natale de Khīva, au sud de la mer d'Aral, pour se consacrer à la vie religieuse ; il eut de nombreux imitateurs. Son enseignement reprenait celui de l'école de Neshāpūr sur les stations du chemin vers la connaissance, et s'attachait à analyser l'expérience visionnaire. Il eut parmi ses disciples un maître de ‘Aṭṭār, Madj al-Dīn Baghdādī, probablement aussi le père du célèbre Djalāl al-Dīn Rūmī. Sanā'i, qui appartenait à la génération précédant celle de ‘Aṭṭār, composa le premier, en persan, de longs poèmes de caractère moral et mystique ; Djalāl al-Dīn Rūmī, né à Balkh en 1207, aimera se dire le continuateur de Sanā'i et de ‘Aṭṭār.

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Pour citer cet article

Charles-Henri de FOUCHÉCOUR. ‘AṬṬĀR FARĪD AL-DĪN MUḤAMMAD B. IBRAHĪM dit (1119 env.-env. 1190) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AVICENNE, arabe IBN SĪNĀ (980-1037)

    • Écrit par Henry CORBIN
    • 8 902 mots
    • 1 média
    ...il y en aura plus d'une imitation, l'ensemble formant un cycle qui trouvera son couronnement dans l'admirable épopée mystique persane de Farīdoddīn ‘Attār (xiie s.). Le Récit de Salamān et Absāl, c'est le drame des deux héros de la partie finale du Livre des directives et des remarques...
  • LYRISME

    • Écrit par Jamel Eddine BENCHEIKH, Jean-Pierre DIÉNY, Jean-Michel MAULPOIX, Vincent MONTEIL, René SIEFFERT
    • 10 725 mots
    • 2 médias
    Attâr (« le droguiste »), qui vécut (selon Naficy) de 1140 à 1230, nous a laissé deux chefs-d'œuvre, le Masnavi et Le Livre divin (Elâhi Nâmé), où l'un de ses plus récents traducteurs, Fuad Rouhani (1961), déplore « une absence relative de l'élan lyrique », mais en reconnaissant que...

Voir aussi