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ENTREPRISE Vue d'ensemble

Les entreprises sont des organisations, des groupes humains structurés et finalisés. Fondées sur des liens juridiques, techniques, sociaux et psychologiques, elles assument des fonctions économiques de production, de distribution de biens ou de services, afin d'assurer leur survie et d'atteindre des objectifs de développement et de rémunération de leurs ayants droit.

Même si elle relève aujourd'hui de l'évidence, la reconnaissance du rôle social et économique de l'entreprise constitue un fait récent car son importance a été longtemps méconnue, dans la pratique comme dans l'analyse économique.

Dans les faits, l'organisation des activités économiques a longtemps été assumée non par ces organisations spécifiques que sont les entreprises, mais par des institutions sociales qui associaient un rôle économique à des missions plus complexes. Ainsi, les activités de production et d'échange ont longtemps été assumées dans le cadre des familles, des groupes ethniques, des corporations de métiers ou d'institutions telles que les ordres religieux.

Dans le champ de l'analyse économique, c'est seulement depuis les années 1970 que se développe une véritable théorie de l'économie et de la gestion des entreprises. Auparavant, les courants théoriques dominants avaient manifestement occulté le rôle de ces organisations.

Dans ses premières manifestations, la théorie de l'entreprise s'est d'abord constituée à l'occasion d'ouvertures proposées par de grands économistes sur la division du travail productif, les coûts de production ou l'innovation. Mais c'est seulement en 1937 qu'un article fondateur de Ronald Coase (The Nature of the Firm) marque une avancée décisive pour la reconnaissance théorique du rôle des entreprises. Observant que, dans une économie concurrentielle, les comportements des individus devraient être coordonnés par les seuls mécanismes du marché, Coase s'interroge sur les raisons qui justifient pourtant l'existence d'entreprises et d'autres entités collectives. Il est alors conduit à confronter la coordination par le marché et la régulation hiérarchique à l'œuvre dans les organisations. Compte tenu des coûts de transaction induits par les échanges, il observe que les mécanismes institutionnels peuvent, dans certaines conditions, s'avérer plus efficaces que le marché.

Peu commentée au moment de sa publication, cette contribution, qui justifia l'attribution tardive, en 1991, du prix Nobel d'économie à Ronald Coase, constitue désormais une référence majeure pour les différents courants de l'analyse économique de l'entreprise. L'élément commun à ces courants tient sans doute au rôle accordé à l'agencement et à l'efficacité des mécanismes de contrôle et d'incitation, qui permettent de mobiliser les acteurs concernés par l'entreprise. L'analyse par les « coûts de transaction » cherche à évaluer le coût et l'efficacité des mécanismes de coordination et de régulation en liaison avec la diversité des formes d'organisation. La « théorie de l'agence » analyse les relations de délégation et de contrôle établies entre les différents acteurs, notamment entre les propriétaires et les dirigeants. Enfin, la « théorie de l'information » éclaire l'utilisation, par les différents agents, de l'information qu'ils détiennent, surtout lorsque celle-ci comporte des asymétries qui confèrent à certains d'entre eux un avantage qu'ils peuvent exploiter à des fins opportunistes, parfois au détriment de leurs partenaires.

Désormais reconnues comme des acteurs essentiels de la vie économique, les entreprises contemporaines sont placées au cœur de débats qui mettent en jeu leur diversité, voire leur disparité, la cohérence de leurs[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Dauphine

Classification

Pour citer cet article

Elie COHEN. ENTREPRISE - Vue d'ensemble [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • L'ACCUMULATION DU CAPITAL, Joan Violet Robinson - Fiche de lecture

    • Écrit par Jean-Marc DANIEL
    • 1 011 mots
    • 1 média
    Le livre s'écarte de la théorie néo-classique en ne considérant pas le taux d'intérêt comme le paramètre essentiel du processus d'expansion. Joan Robinson constate que la vision néo-classique part de l'idée que les entreprises n'ont aucun autofinancement, ou, tout au moins, que leur...
  • ACTIONNAIRES

    • Écrit par Pierre BALLEY
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    ...travail salarié à l'égard des privilèges que le capitalisme assure aux propriétaires des entreprises, et donc aux actionnaires et à leurs mandataires. Faire d'un ouvrier, serait-ce accessoirement, un actionnaire de sa propre société paraît en effet, au moins en théorie, un moyen de le faire évoluer d'une...
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    ...une activité récréative ou encore à une activité seulement sociale et citoyenne ? La réponse à cette question détermine le régime social dans lequel les entreprises peuvent être immatriculées. En France l’activité de production agricole est nécessaire pour bénéficier de la Mutualité sociale agricole et...
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