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AMAURY ÉMILIEN (1909-1977)

Né à Étampes le 5 mars 1909, Émilien Amaury se lance tôt dans la vie active. Il n'a pas vingt ans quand il devient le secrétaire de Marc Sangnier, fondateur du Sillon, et administre L'Éveil des peuples. Mais l'évolution du christianisme social ne sera pas longtemps la sienne.

C'est par la publicité qu'Émilien Amaury aborde la presse. Il fonde en 1930 l'Office général de publicité, dont il sera quinze ans de suite le gérant. Il est directeur des services de publicité de journaux tels que La Jeune République (1936), Jeunesses ouvrières (1937) et Le Petit Démocrate (1938).

Nommé en 1937 conseiller technique au ministère des Colonies, il est mobilisé en 1938. Officier au 4e spahis à Senlis, il est fait prisonnier en 1940, mais s'évade rapidement. Chargé un temps d'organiser la propagande familiale lancée par le commissariat à la Famille, de Vichy, Émilien Amaury entre aussi en contact avec la Résistance, notamment avec le prestigieux fondateur d'un des premiers réseaux, Honoré d'Estienne d'Orves, et anime à son tour une organisation de résistance, le « groupe de la rue de Lille ».

De cette époque obscure et difficile datent ses plus anciennes et ses plus fidèles amitiés.

Courageux, doué d'une puissance de travail peu commune, Émilien Amaury entre de plain-pied dans le sérail de la politique et du journalisme. Membre fondateur de la Fédération nationale de la presse clandestine, il aide à la diffusion de plusieurs publications, édite les cahiers de l'Organisation civile et militaire, dont il est membre, et le Cahier bleu, recueil qui, signé du gouvernement provisoire de la République à Alger, contient en germe toute la législation de la presse d'après guerre. Enfin il participe à la fondation du M.R.P. (Mouvement républicain populaire) avec lequel il prendra bientôt ses distances pour soutenir le R.P.F. (Rassemblement du peuple français) du général de Gaulle.

À la Libération, Émilien Amaury devient très vite et tout naturellement l'un des premiers personnages de la presse française. Son activité est protéiforme. Il est de l'équipe qui fonde Le Parisien libéré – successeur du Petit Parisien – qui paraît le 21 août 1944.

Administrateur du journal, il en sera le président en 1966, avec pour sujets préférés : les faits-divers, les animaux, les sports, les familles nombreuses, les têtes couronnées et les grands de ce monde. Il crée ensuite l'hebdomadaire Carrefour, devient le directeur général de l'Agence Havas, fonde au sein de la Fédération nationale de la presse française, dont il est vice-président, le Syndicat de la presse parisienne : il en sera trente-trois fois réélu président.

Le groupe Amaury grandit : il comprend Marie-France, Point de vue et Images du monde, Le Maine libre, L'Équipe et ses publications spécialisées. Le Parisien absorbe plusieurs quotidiens d'Île-de-France. Mais ni le nombre ni la puissance ne suffisent à faire échec à la crise de la presse. En 1974, Émilien Amaury, arguant du fait que Le Parisien libéré est devenu un « grand quotidien régional » mais qu'il perd un million de francs par mois, veut échapper au syndicat du Livre C.G.T., qui détient à Paris le monopole de l'embauche.

Un long conflit commence alors. En décembre 1976, le gouvernement nomme un médiateur, qui prépare une rencontre entre les parties. Mais le patron du Parisien s'y oppose et la réunion n'aura pas lieu. Le 2 janvier 1977, Émilien Amaury est victime d'une chute de cheval en forêt de Chantilly et meurt dans la soirée.

— Jacqueline PUYAU

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Pour citer cet article

Jacqueline PUYAU. AMAURY ÉMILIEN (1909-1977) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PARISIEN LE

    • Écrit par Christine LETEINTURIER
    • 820 mots

    Le premier numéro du Parisien libéré fut publié le 22 août 1944. Ce nouveau quotidien est issu d'un mouvement de résistance, O.C.M. (Organisation civile et militaire), animé en particulier par Émilien Amaury et Claude Bellanger. Il s'est vu attribuer à la Libération les presses...

Voir aussi