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EMDR (eye movement desensitization and reprocessing)

C’est à Francine Shapiro que l’on doit la découverte et le développement de la psychothérapie EMDR(eyemovementdesensitization and reprocessing  ou, en français, « désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires »). Cette découverte se fit un peu par hasard en 1987 : alors qu’elle se promenait dans un parc, elle s’aperçut, en suivant des yeux un vol d’oiseaux et en opérant des mouvements oculaires latéraux, que les pensées négatives qu’elle avait à l’esprit quelques minutes auparavant s’étaient transformées et que leur charge émotionnelle était devenue moins intense.

Si les souvenirs ou les pensées ne disparurent pas de sa conscience, c’est bien leur charge émotionnelle négative qui peu à peu sembla s’atténuer, jusqu’à disparaître totalement. Shapiro poursuivit cette expérience par des mouvements oculaires rapides en pensant simultanément à des souvenirs pénibles. Puis, elle appliqua la même expérience à des amis et collègues volontaires. Elle leur demanda de se concentrer sur un aspect de leur vie passée (brimades ou humiliations qui pouvaient encore les perturber) et, simultanément, de porter leur attention visuelle sur le mouvement de va-et-vient latéral qu’elle opérait avec ses doigts : il s’agissait de « répliquer » la situation qu’elle avait elle-même vécue dans ce parc quelque temps auparavant. 

Qu’est-ce que la psychothérapie EMDR ?

Lorsque le plan de traitement a été clairement défini et que le patient est prêt à entamer le travail de désensibilisation et de retraitement, le praticien applique alors la procédure EMDR standard en onze points à chacune des cibles identifiées. Cette procédure s’intègre dans un processus psychothérapeutique global qui a conduit à déterminer que l’EMDR pourra être utile dans le traitement de tel ou tel aspect de la problématique du patient. Rares sont les situations (mais il y en a) où la thérapie EMDR est utilisée sans travail d’anamnèse précis.

Les onze points de la procédure sont les suivants :

1. L’image. Le patient est invité à décrire l’image (ou la représentation sensorielle, à défaut d’informations visuelles) qui correspond le mieux à la cible ou qui représente le pire aspect de l’expérience ciblée.

2. La cognition négative. Le praticien demande au patient quels sont les mots qui s’accordent le mieux avec cette image (ou avec la représentation sensorielle s’il n’y a pas d’image) et qui expriment sa croyance négative, présente, sur lui-même. Cette cognition doit être négative, irrationnelle, autoréférencée et généralisable ; l’affect verbalisé exprime ce que la cible évoque ou confirme comme appréciation sur soi, « résonnant comme vrai maintenant ».

3. La cognition positive. Le praticien demande au patient ce qu’il aimerait croire de lui-même, maintenant, respectivement à cette image. Cette cognition doit être autoréférencée, refléter le sens du changement désiré, être au moins un petit peu crédible en tant que but espéré, généralisable, et concerner la même thématique que la cognition négative. La formulation doit être positive (par exemple, « je suis fort » ou « je suis quelqu’un de bien ») plutôt qu’une négation de la cognition négative (par exemple, « je ne suis pas faible » ou « je ne suis pas nul »).

4. La validité de la croyance (VOC : validity of cognition). Le praticien demande au patient d’évaluer, dans son ressenti (dans ses « tripes »), la validité de la cognition positive (le praticien répète les mots de celle-ci), c’est-à-dire le niveau auquel il la ressent comme vraie, dans l’instant présent, lorsqu’il pense à la cible, et ce, sur une échelle allant de 1 – « complètement fausse » – à 7 – « complètement vraie ».

5. L’émotion. Le praticien demande au patient de se centrer sur l’image (le praticien précise celle-ci)[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, responsable du master de psychologie et du master 2 Psychologie de la santé et psychologie clinique, du laboratoire Apemac et de l'Epsam , université de Lorraine, fondateur et directeur du centre Pierre-Janet, université de Lorraine

Classification

Pour citer cet article

Cyril TARQUINIO. EMDR (eye movement desensitization and reprocessing) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

La thérapie EMDR - crédits : BSIP/UIG/ Getty Images

La thérapie EMDR

Autres références

  • STRESS AIGU ET TROUBLES PSYCHO-TRAUMATIQUES

    • Écrit par Isabelle ROY
    • 5 773 mots
    La technique de l’EMDR a été mise au point par Francine Shapiro (1948-2019) aux États-Unis à la fin des années 1980 avant d’être diffusée en Europe par David Servan-Schreiber. Après un ciblage précis des perturbations émotionnelles associées aux souvenirs traumatiques, les mouvements oculaires dirigés...

Voir aussi