ÉLISABETH II (1926-2022) reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (1952-2022)

Un début de règne sous les meilleurs auspices

Le couronnement d’Élisabeth II, célébré le 2 juin 1953, fut retransmis à la télévision dans le monde entier pour un public de 277 millions de personnes. Cette diffusion était une première mondiale, que le duc d’Édimbourg avait soutenue malgré les hésitations initiales de son épouse et l’hostilité du Premier ministre Winston Churchill. Dans un contexte de reprise économique après une difficile après-guerre, on parlait du début d’une « nouvelle ère élisabéthaine », en référence au règne d’Élisabeth I^re (1558-1603).

En 1953-1954, la tournée du couple royal dans les États du Commonwealth de l’hémisphère Sud, dont l’Australie et la Nouvelle-Zélande, rencontra un accueil triomphal : Élisabeth II était le premier souverain à se rendre dans ses royaumes des antipodes. D’autres voyages devaient suivre, qui allaient faire d’elle le monarque britannique ayant le plus visité le monde : près de 300 déplacements à l’étranger en soixante-dix ans de règne, avec un pic dans les années 1970 et 1980, auxquels il faut ajouter les déplacements au sein même du Royaume-Uni. La mobilité de la reine lui a conféré une visibilité qui a été un élément déterminant de son règne.

Néanmoins, l’effet de la nouveauté s’atténua inévitablement et, dans le contexte de la société moins corsetée des années 1960, la monarchie fut la cible de critiques. Dès 1955, l’opposition d’Élisabeth II aux projets de mariage de sa sœur Margaret avec Peter Townsend, officier de l’armée de l’air mais divorcé et père de deux enfants, mit l’opinion du côté de Margaret. Cette dernière épousa en 1960 un jeune photographe en vogue, Antony Armstrong-Jones, élevé au titre de comte de Snowdon, dont elle eut deux enfants avant de divorcer en 1978. En 1967, un sondage d’opinion montrait que, pour une majorité des jeunes, la reine paraissait « hors du coup », et que l’idée républicaine gagnait en popularité. Pour y remédier, les conseillers en communication firent réaliser un film documentaire, sobrement intitulé Royal Family, qui présentait les activités, publiques et privées, de la famille royale au cours d’une année. Télédiffusé en juin 1969, peu de temps avant l’investiture officielle du fils aîné Charles comme prince de Galles, ce film rencontra un très grand succès d’audience, mais la reine préféra le retirer de la circulation en 1972 – il est à nouveau disponible depuis 2021.

Le jubilé d’argent (vingt-cinq ans de règne) de 1977 montra que la monarchie restait néanmoins populaire. Les foules se pressaient pour voir les Royals lors de leurs visites dans les comtés ; le jour de la célébration officielle, des millions de Britanniques pavoisèrent et organisèrent des repas de rue ou des bals de quartier. La reine et son mari entreprirent également une tournée qui les conduisit dans pratiquement tous les pays du Commonwealth. Le début de la décennie suivante fut marqué par les fiançailles du prince de Galles avec Diana Spencer, jeune aristocrate dont la famille était apparentée aux Churchill. Leur mariage, célébré en juillet 1981, fut suivi à la télévision par plus de 700 millions de personnes dans le monde. Le prestige de la monarchie paraissait au plus haut.