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DETROIT, États-Unis

Plus grande ville de l’État du Michigan, Detroit, située sur la rivière Detroit, qui relie les lacs Sainte-Claire et Huron au lac Érié et qui marque la frontière avec le Canada, est au centre de la quatorzième agglomération des États-Unis, avec 4,3 millions d’habitants en 2016 (dont 672 000 dans la ville de Detroit). Longtemps capitale emblématique de l’industrie automobile, Motown (surnom tiré de « Motortown ») est une ville en crise qui peine à retrouver un nouveau souffle. Elle est ainsi la commune qui connaît la plus forte décroissance de sa population (elle comptait encore 950 000 habitants en 2000), tandis que celle de l’agglomération stagne.

États-Unis : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis : carte administrative

Detroit - crédits : Joe Sohm/ Visions of America/ Universal Images Group/ Getty Images

Detroit

Fondé par le Français Antoine de Lamothe-Cadillac en 1701, le village de Fort Ponchartrain du Détroit est d’abord conçu comme une forteresse dominant la rivière sur la route des Grands Lacs pour abriter les Indiens ennemis des Iroquois, sur lesquels la France pouvait compter pour le commerce des fourrures. Plus grand village français entre Montréal et La Nouvelle-Orléans, il passe sous domination anglaise en 1763, prend alors le nom de Detroit, puis devient américain en 1795. Le grand incendie de 1805 anéantit ce noyau originel, sur lequel est reconstruite une véritable ville dessinée par Augustus B. Woodward, un plan en radiales centrées sur Grand Circus Park, inspiré de celui dessiné par Pierre Charles L’Enfant pour Washington.

Particulièrement bien située sur la voie maritime des Grands Lacs, entre les deux foyers industriels de Chicago à l’ouest et de Cleveland-Buffalo à l’est, Detroit devient rapidement un centre industriel florissant : tout au long du xixe siècle s’y développent la construction navale, la métallurgie et les industries agroalimentaires (notamment la minoterie), activités soutenues par l’arrivée des bateaux à vapeur puis du chemin de fer. De vastes quartiers industriels jouxtent la rivière, ceinturent Downtown, le centre-ville, et attirent à eux des vagues de migrants venus d’Irlande, d’Allemagne et de Pologne. Capitale du territoire puis de l’État du Michigan de 1805 à 1847, elle est toutefois dessaisie de ce statut au profit de Lansing, considérée comme moins vulnérable car moins proche des possessions britanniques.

En 1902, Henry Ford y fonde sa compagnie automobile, où il utilise le nouveau concept de chaîne de montage, qui donnera naissance au fordisme. Il est suivi de près par la compagnie Packard, William Crapo Durant – qui fonde la General Motors en 1908 –, les frères Dodge et Walter Chrysler. Ensemble, ils font de Detroit la capitale mondiale de l’automobile et, en 1920, Motown se hisse au quatrième rang des villes américaines en termes de population, tant ce nouveau secteur industriel prospère et nécessite une main-d’œuvre nombreuse. La cité passe ainsi de 285 000 habitants en 1900 à plus de 1,5 million en 1930. Cet afflux de population entraîne de nombreux conflits entre groupes ethniques – des populations noires arrivent massivement du Sud – ou confessionnaux – entre catholiques, protestants, juifs – et des émeutes, ce qui alimente l’apparition de groupes extrémistes (Ku Klux Klan, Black Legion). Parallèlement, la ville se pare de nombreux monuments prestigieux : le Guardian Building – gratte-ciel art déco, encore existant –, des centres commerciaux et de divertissement (Fox Theater)… Cette euphorie est pourtant contrariée par la crise des années 1930 qui touche de plein fouet le secteur automobile. Celui-ci reprend toutefois avec la guerre, lorsque le président Roosevelt lance son « arsenal de la démocratie » : tanks, jeeps et avions bombardiers monopolisent les lignes d’assemblage.

Si l’automobile et les BigThree (« les trois grands » – General Motors, Ford, Chrysler – font le succès de Detroit, ils sont aussi à l’origine de son déclin : la démocratisation de la voiture individuelle entraîne[...]

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Pour citer cet article

Laurent VERMEERSCH. DETROIT, États-Unis [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Detroit - crédits : Joe Sohm/ Visions of America/ Universal Images Group/ Getty Images

Detroit

Detroit, Michigan - crédits : SuperStock/ Age Fotostock

Detroit, Michigan

États-Unis : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

États-Unis : carte administrative

Autres références

  • DJ (disc-jockey)

    • Écrit par Raphaël RICHARD
    • 3 611 mots
    • 3 médias
    ...n'était pas complètement étrangère. À la fin des années 1970, Charles Johnson, sous le nom The Electrifying Mojo, diffuse sur une radio de Detroit, WGPR, une sélection éclectique de musiques. Son ouverture d'esprit et l'attention qu'il porte aux nouveautés telles que l’album ...
  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Le territoire et les hommes) - Géographie

    • Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER, Catherine LEFORT, Laurent VERMEERSCH
    • 19 922 mots
    • 19 médias
    ...– Une deuxième mégalopole s'étend sur la rive sud des Grands Lacs, de Milwaukee à Buffalo et englobe les agglomérations de Cleveland, Pittsburgh, Detroit et surtout Chicago, la troisième ville des États-Unis après New York et Los Angeles. Le poids de la mégalopole des Grands Lacs est surtout lié...
  • TECHNO

    • Écrit par Walter SCASSOLINI
    • 865 mots
    Marquée par la house de Chicago, que l'on peut considérer comme la suite logique du disco, la techno se développe au milieu des années 1980 dans la ville de Detroit, aux États-Unis. Le berceau des usines de la firme General Motors, du label Motown et du courant P-funk* a ainsi enfanté un style...

Voir aussi