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BEN GOURION DAVID (1886-1973)

Treize ans à la tête d'Israël

Moshé Dayan, 1967 - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

Moshé Dayan, 1967

Ben Gourion va rester chef du gouvernement de mai 1948 à juin 1963, à l'exception d'une retraite temporaire en 1954-1955. À ce poste, il s'attache méthodiquement à consolider l'État. L'enseignement est nationalisé, les bourses du travail transférées à l'État. Ce dernier est aussi l'agent de « fusion des immigrants », qui affluent par centaines de milliers, en un ensemble national cohérent. À l'extérieur, Ben Gourion a deux soucis. D'une part, imposer la réalité d'Israël à ses voisins arabes. Il ne tolère aucune atteinte, même mineure, à la souveraineté d'Israël. De concert avec le chef d'état-major Moshe Dayan, il met en œuvre une politique de représailles systématiques qui débouche, en octobre 1956, sur la guerre de Suez contre l'Égypte nassérienne, menée en concertation avec la France et le Royaume-Uni. D'autre part, pour pallier l'isolement régional d'Israël, il recherche des alliés en Occident. La France lui fournit de précieuses armes. Avec la république fédérale d'Allemagne, soucieuse de tourner la page du passé nazi, Ben Gourion parvient à conclure en 1952 des accords de réparation, incluant indemnisations individuelles et dédommagement collectif pour l'État d'Israël. Ces accords suscitent une crise majeure en Israël mais Ben Gourion, guidé par la realpolitik, tient bon : ces réparations allemandes sont indispensables pour la fragile économie israélienne. La fin de sa carrière comme chef de l'exécutif est ternie par le « scandale Lavon » (affaire d'espionnage impliquant des Juifs égyptiens), qui précipite sa démission en 1963. Désormais dégagé de toute responsabilité gouvernementale, Ben Gourion tente pourtant de peser encore sur la politique menée par son successeur, Levi Eshkol. Mais son étoile a pâli : il est mis en minorité au Mapaï et le quitte avec sa garde rapprochée (Moshe Dayan, Shimon Peres) pour fonder le Rafi, parti qui n'obtiendra qu'un soutien limité aux élections de 1965. Ben Gourion s'enfonce peu à peu dans la solitude. En 1970, il se retire définitivement de la vie politique et s'installe à Sdé Boker, dans le Néguev, où il entreprend de rédiger ses Mémoires. Il s'éteint en novembre 1973, peu après la guerre de Kippour. Homme doté d'une implacable volonté et d'un sens politique aigu, sachant conjuguer flexibilité tactique et fermeté stratégique, Ben Gourion restera le véritable bâtisseur de l'État d'Israël.

— Alain DIECKHOFF

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Écrit par

  • : docteur en sociologie politique, directeur de recherche au CNRS, CERI-Sciences Po

Classification

Pour citer cet article

Alain DIECKHOFF. BEN GOURION DAVID (1886-1973) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

David Ben Gourion, 1948 - crédits : Keystone/ Getty Images

David Ben Gourion, 1948

Immigrants refoulés - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Immigrants refoulés

Attentat en Palestine, 1947 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Attentat en Palestine, 1947

Autres références

  • AUX ORIGINES D'ISRAËL (Z. Sternhell) - Fiche de lecture

    • Écrit par Ariane BONZON
    • 1 519 mots

    Qu'est-il advenu de la société nouvelle que les pères fondateurs d'Israël voulaient instaurer sur la Terre promise ? Tel est l'objet de la recherche que propose Zeev Sternhell dans son livre Aux origines d'Israël. Entre nationalisme et socialisme (Fayard).

    Présentée dès...

  • BEGIN MENAHEM (1913-1992)

    • Écrit par Claude KLEIN
    • 1 013 mots
    • 3 médias

    Sixième Premier ministre de l'État d'Israël, Menahem Begin est né à Brest-Litovsk le 16 août 1913. La ville que les juifs appelaient Brisk, aujourd'hui biélorusse, était alors polonaise. Durant toute sa vie, Begin est marqué par l'atmosphère pesante, voire sombre, dans laquelle vivent...

  • IRGOUN

    • Écrit par Abraham TSITRONE
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    Organisation nationaliste juive, l'Irgoun tsva'i l'oumi (Organisation militaire nationale) a été fondée en 1931 par Abraham Tehomi. Formé par des éléments issus de l'union des Birionim des années 1920, le premier mouvement sioniste « dissident » recrute ses troupes parmi les membres du Bétar,...

  • ISRAËL

    • Écrit par Marcel BAZIN, Universalis, Claude KLEIN, François LAFON, Lily PERLEMUTER, Ariel SCHWEITZER
    • 26 771 mots
    • 38 médias
    Les deux organismes combinés (l'Agence juive, dirigée par David Ben Gourion, et le Vaad Leumi) réussirent très rapidement à créer une structure de société, dans laquelle le pouvoir exercé par les autorités juives dérive d'un consensus et non de la coercition d'État. En réalité, le pouvoir y est très...
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Voir aussi