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CORPORATIONS

Le déclin (XVIIe-XIXe s.)

Pourtant, dès la fin du xvie siècle, des abus de toute sorte étaient reprochés aux corporations, de plus en plus figées, et les maîtres des métiers les plus riches cherchaient à échapper au carcan corporatif. À Paris, les six « meilleurs » corps de métiers (merciers, drapiers, épiciers, orfèvres, changeurs et pelletiers) ne voulaient plus être « confondus avec les communautés d'arts et métiers ». D'ailleurs, dans la France des xviie et xviiie siècles, le système corporatif groupe moins de la moitié des artisans. Là comme surtout en Angleterre, c'est en dehors des corporations et contre elles que s'opère le démarrage industriel.

Tandis que Voltaire écrit en 1776 : « Toutes ces maîtrises et toutes ces jurandes n'ont été inventées que pour tirer de l'argent des pauvres ouvriers, pour enrichir les traitants et pour écraser la nation », Turgot, sous l'influence des physiocrates, condamne aussi « les corporations injustes et funestes », les maîtrises qui poursuivent « la recherche de leurs intérêts au détriment de la société générale ». Louis XVI signa le 5 février 1776 l'édit qui abolissait les corporations, mais la chute de Turgot en arrêta l'application. La Révolution française et l'essor du capitalisme allaient balayer en France, puis dans le reste de l'Europe, ce système, au nom de la liberté d'entreprise. L'affrontement entre le capital et le travail allait désormais se produire dans d'autres cadres institutionnels.

— Jacques LE GOFF

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Jacques LE GOFF. CORPORATIONS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LA FIN DES CORPORATIONS (S. L. Kaplan)

    • Écrit par Reynald ABAD
    • 990 mots

    Sous l'Ancien Régime, des pans entiers de l'artisanat et du commerce urbains étaient organisés en communautés d'arts et métiers. Ces dernières, aussi dénommées corporations à partir du xviiie siècle, étaient vouées à l'exercice d'une activité – la boucherie, la cordonnerie,...

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

    • Écrit par Michel EUDE, Alfred GROSSER
    • 26 883 mots
    • 39 médias
    ...associations patronales comme les unions ouvrières sont dissoutes : la forme de l'ancienne organisation professionnelle disparaît, et le 12 janvier 1934 la loi sur l'organisation du travail national (Gesetz zur Ordnung der nationalen Arbeit) instaure un ordre nouveau de type corporatif. Chaque entreprise...
  • ANVERS

    • Écrit par Guido PEETERS, Carl VAN DE VELDE, Christian VANDERMOTTEN
    • 8 398 mots
    • 5 médias
    Une ordonnance municipale en date du 26 août 1382 résume les points du règlement de la corporation des artistes, réunis sous le patronage de saint Luc. À ce moment, elle comprend les orfèvres, les peintres, les verriers, les brodeurs et les sculpteurs sur bois. Il convient de distinguer ces derniers...
  • ARTISANAT

    • Écrit par Denis CHEVALLIER, Universalis, Louis LERETAILLE
    • 7 105 mots
    ...strictement professionnelles n'apparaîtront que plus tard sous le nom de jurandes, hanses, communautés, maîtrises, et, à partir de la fin du xviie siècle, de corporations. Vers le xie siècle, en France, surgit un nouvel essor des villes et des villages, qui exige de nombreux artisans du bâtiment. Parallèlement,...
  • ASSOCIATION

    • Écrit par Jean-Marie GARRIGOU-LAGRANGE, Pierre Patrick KALTENBACH
    • 7 084 mots

    Le terme « association » comporte deux acceptions d'ampleur différente. En un sens générique, il sert à désigner tout groupement volontaire et permanent formé entre plusieurs personnes, quels qu'en soient la forme, l'objet ou le but. En un sens spécifique, proprement juridique, il désigne « la convention...

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Voir aussi