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CORÉE Géographie

Aspects culturels contemporains

Les 75 millions de Coréens (estimation en 2014) habitant aujourd'hui dans la péninsule forment un groupe ethnoculturel relativement homogène qui, suite aux migrations contemporaines (colonisation, migrations politiques et économiques consécutives à la guerre de Corée) est désormais relié à une diaspora (plus de 2 millions de Coréens aux États-Unis, autant en Chine, plus de 600 000 au Japon et environ 450 000 en Russie et dans les républiques d’Asie centrale). La langue, appartenant au groupe ouralo-altaïque comme le turc, le finnois ou le hongrois, témoigne de l'origine sibérienne des Coréens, dont « l'unicité ethnique » a été, en Corée du Nord comme en Corée du Sud, le support des discours nationalistes contemporains. Cette « unicité » masque d'autres formes de diversité, dont la partition politique et territoriale actuelle est un des aspects les plus criants, mais qui existe aussi à plus grande échelle, par exemple dans la vigueur du régionalisme sud-coréen, qui s'exprime sur la scène politique. Sur le plan linguistique, les différences dialectales régionales concurrencent les différences lexicales et stylistiques des deux formes contemporaines de coréen (au nord et au sud). La langue coréenne connaît d’ailleurs actuellement différentes règles de romanisation. Le système McCune-Reischauer, suivi depuis sa création (1937) par la grande majorité de la communauté scientifique internationale, est utilisé par l’Encyclopædia Universalis. Ce système fut adopté par la Corée du Sud en 1984, mais n'est plus en vigueur dans ce pays depuis 2000. La Corée du Nord suit un troisième système. Certains noms géographiques qui figurent entre parenthèses dans les textes de l’Encyclopædia Universalis donnent l’actuelle transcription nationale du pays concerné.

Le fonds ethnoculturel nord-asiatique s'exprime également dans la vitalité actuelle du chamanisme, religion animiste locale. Le chamanisme coréen, exercé essentiellement par des femmes (les mudang), a résisté à plusieurs siècles d'ostracisme de la part des idéologies politiques dominantes. Il semble que sa pratique soit encore non négligeable en Corée du Nord, malgré la restriction des libertés individuelles ; en Corée du Sud, cette religion, s'appuyant sur un réseau de plusieurs dizaines de milliers de chamanes, s'est même urbanisée. Le système de croyance traditionnel, profondément imprégné de culture chinoise (23 p. 100 de bouddhistes), a aussi été bouleversé par l'introduction du christianisme (dès le xviiie siècle), puis par la division nationale. La Corée du Sud se caractérise aujourd'hui par l'importance de ses Églises protestantes (9 millions de pratiquants) dont certaines ont alimenté un mouvement sectaire mondialement connu (secte Moon). Malgré le changement social, le confucianisme (référent culturel fondamental dont le rite du culte des ancêtres est encore très observé) structure encore les sociabilités contemporaines en Corée du Sud, tandis qu'il a été analysé comme étant au fondement de certains traits du totalitarisme nord-coréen.

L'appartenance de la Corée à la sphère des civilisations sinisées et rizicoles s'exprime dans de nombreux traits de la culture matérielle, comme l'importance du riz dans l'alimentation quotidienne, ou encore l'influence séculaire de la géomancie (p'ungsu, le fengshuichinois) dans l'organisation des espaces traditionnels, que la modernisation a transformés. Ainsi, en Corée du Sud notamment, les maisons traditionnelles de style coréen (hanok) ne sont plus si nombreuses, surtout en ville où le logement collectif constitue désormais la forme d'habitat dominante. Mais les appartements modernes ont intégré dans leur organisation certaines formes essentielles des manières d'habiter traditionnelles[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur à l'Athénée français de Tōkyō, chargé de cours à l'université de Tōkyō

Classification

Pour citer cet article

Valérie GELÉZEAU et Jacques PEZEU-MASSABUAU. CORÉE - Géographie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Corée du Sud : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Corée du Sud : carte physique

Mont Paektu - crédits : Yevgeny Agoshkov/ TASS/ Getty Images

Mont Paektu

Autres références

  • CORÉES - Du rapprochement à la défiance

    • Écrit par Marie-Orange RIVÉ-LASAN
    • 2 921 mots

    Les sociétés nord et sud-coréennes, confrontées en 2008 à la crise financière internationale comme le reste du monde, étaient déjà en proie à des incertitudes et à des difficultés économiques, politiques et sociales différentes, mais non pas moins cruciales. La crise larvée de part et d'autre du 38...

  • ASIE (Structure et milieu) - Géographie physique

    • Écrit par Pierre CARRIÈRE, Jean DELVERT, Xavier de PLANHOL
    • 34 872 mots
    • 8 médias
    La péninsule coréenne comprend à la fois des éléments de socle et de pseudo-socle. Le socle précambrien, déjà représenté au nord par les Changbaishan et leur prolongement, le plateau de Kaima, se trouve au centre dans la région drainée par le Han, ainsi que dans le sud où il affleure dans la chaîne diagonale...
  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales

    • Écrit par Manuelle FRANCK, Bernard HOURCADE, Georges MUTIN, Philippe PELLETIER, Jean-Luc RACINE
    • 24 799 mots
    • 10 médias
    LaCorée est traditionnellement nommée le « Pays de l'Orient » (en chinois Dongguo, en coréen Dongkuk) par les Chinois. Prise en tenaille entre les deux grands voisins chinois et japonais, ses monarchies ont versé le tribut à l'Empire chinois jusqu'à la fin du xixe siècle, puis...
  • BOUDDHISME (Histoire) - L'expansion

    • Écrit par Jean NAUDOU
    • 3 116 mots
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    La Corée était au ive siècle de notre ère morcelée en plusieurs royaumes, dont les principaux sont le Ko-kou-rye au nord-ouest, le Paik-tchei au sud-ouest, et le Sillā au sud-est.
  • BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme japonais

    • Écrit par Jean-Noël ROBERT
    • 13 492 mots
    • 1 média
    La première communauté était formée de moines coréens : neuf furent envoyés de Paekche en 554 ; ils venaient de remplacer sept autres, qui se trouvaient donc au Japon avant eux ; cela implique qu'il existait des moines qui s'occupaient sans doute exclusivement des immigrés. En 577, six autres religieux...
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Voir aussi