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CLÉMENT DE ROME (Ier s.)

Troisième évêque de Rome après saint Pierre (selon Irénée, Adversus haereses, III, iii), ayant détenu la charge épiscopale de 92 à 101 (selon Eusèbe). Origène et saint Jérôme ont vu en Clément de Rome, sans beaucoup de vraisemblance, le disciple de saint Paul mentionné dans l'Épître aux Philippiens (iv, 3). On ne saurait non plus l'identifier avec le consul T. Flavius Clemens, exécuté sur l'ordre de Domitien. Le martyre de Clément et les miracles qui l'auraient accompagné sont une légende tardive. À cause de l'identité des noms, on a imaginé que le titulus Clementis, devenu au ive siècle l'église qui subsiste sous l'actuelle basilique de San Clemente (xiie s.), était la maison du pape.

En revanche, la tradition, depuis la seconde moitié du iie siècle (Hégésippe, Denys de Corinthe, Irénée), est unanime à attribuer à Clément la lettre anonyme adressée par l'« Église de Rome » à l'« Église de Corinthe ». Il n'y a aucune raison de mettre en doute cette attribution, non plus que la date généralement assignée à cette lettre (vers 95-98).

Cette lettre est écrite à l'occasion de troubles survenus dans l'Église de Corinthe, où de jeunes membres de la communauté se sont insurgés contre les presbytres et les ont déposés de leur charge. L'Église de Rome intervient (de sa propre initiative ou à la demande des Corinthiens ?) pour les rappeler à la concorde et à l'obéissance. Une première partie (chap. i-xxxvi) est faite de considérations sur les vertus (obéissance, foi, humilité, douceur, paix et concorde, à l'imitation des saints de l'Ancien Testament et du Christ) et sur les bienfaits et les promesses de Dieu. La seconde partie (chap. xxxvii-lxi) rappelle fermement la nécessité de l'union et de la subordination, la constitution hiérarchique de l'Église (épiscopes-presbytres, diacres), établie par Dieu et par les Apôtres, et le devoir de l'agapè fraternelle. Elle s'achève par une longue prière (peut-être est-ce un écho de la liturgie de l'Église de Rome) de supplication et d'action de grâces.

Écrite dans une langue simple et claire, cette lettre est très inspirée de l'Ancien Testament (selon la version des Septante) et de la diatribe cynico-stoïcienne. Elle fait penser que son auteur est d'origine juive hellénistique. De son contenu doctrinal on retiendra l'enseignement sur le Christ, Seigneur, Fils (ou bien serviteur : pais) de Dieu, envoyé de Dieu, sauveur, « grand prêtre de nos offrandes ». De la mission du Christ découle la mission des Apôtres, qui à leur tour instituent épiscopes (ou presbytres) et diacres (xlii, 4-5) : c'est là un témoignage important de la doctrine de la succession apostolique. D'autre part, d'après cette lettre, le gouvernement de la communauté semble être encore de type collégial. Il convient de retenir aussi les détails qui y sont donnés sur les persécutions subies récemment par l'Église de Rome et sur le martyre de Pierre et de Paul (chap. v-vi). Enfin, il apparaît, à travers ce document, que l'Église de Rome intervient avec un indéniable accent d'autorité dans les affaires d'une autre Église : sans voir ici « l'épiphanie de la primauté romaine » (P. Batiffol), on ne peut manquer de remarquer ce « souci de toutes les Églises » qui anime l'Église « qui préside dans la charité », comme écrira bientôt saint Ignace d'Antioche.

Dans les manuscrits, cette épître est suivie d'une Seconde Lettre de Clément. Le contenu ainsi que le style montrent qu'il ne s'agit pas là d'une lettre et que l'écrit n'est pas de Clément. C'est une homélie, le plus ancien sermon chrétien qui nous ait été conservé. Elle peut remonter à 150 et venir de Corinthe, d'Alexandrie ou de Rome ( ?). L'auteur présente [...]

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