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SCANDINAVE CINÉMA

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Un cinéma en mutation

Les années 1970 modifient les conditions dont bénéficient l'ensemble de ces cinématographies, avec l'apparition d'instituts créés par les États pour soutenir la production et la promotion des films nationaux – à l'origine de nombreuses collaborations entre tous les pays nordiques. C'est le Danemark qui semble avoir tiré le plus d'avantages de cette nouvelle donne, avec des personnalités comme les vétérans Gabriel Axel (Le Festin de Babette, 1987) et Henning Carlsen, l'élégant documentariste Jørgen Leth, Bille August, deux fois couronné à Cannes (Pelle le Conquérant, 1988 ; Les Meilleures Intentions, 1990), les percutantes réalisatrices Helle Rysling et Suzanne Bier, Ole Bornedal (auteur, en 1994, du thriller Veilleur de nuit, dont il réalise lui-même le remake américain en 1997), et bien sûr l'inclassable Lars von Trier, dont la filmographie d'aspect hétérogène repose sur la volonté d'aller jusqu'au bout de paris scénaristiques et esthétiques, depuis le fantastique expérimental d'Element of Crime (1984) jusqu'aux mises en scènes quasi brechtiennes de Dogville (2003) et Manderlay (2005). Dans l'intervalle, il a lancé l'école esthétique Dogma 95, où les contraintes et limitations techniques assumées sont au service de la créativité : démonstration faite en 1998 avec son film Les Idiots et celui de Thomas Vinterberg Festen.

Les grands aînés n'ont pas de véritables successeurs en Suède, bien qu'on ait remarqué, au cours des festivals des films de Daniel Bergman, fils d'Ingmar, de Sven Nykvist et de son fils Carl-Gustav, de Lasse Hallström parti aux États-Unis après le succès de Ma Vie de chien (1985), de Roy Andersson, de Lukas Moodysson. La Norvège, elle, a bénéficié de nombreux nouveaux talents, dont Bent Hamer (Eggs, 1995 ; Kitchen Stories, 2002), Pål Sletaune, et les réalisatrices Anja Breien et Vibeke Løkkeberg (deux convaincantes féministes), Unni Straume, Liv Ullmann, célèbre actrice bergmanienne, qui a brillamment adapté un roman de Sigrid Undset, Kristin Lavransdatter (1995), avant de porter à l'écran deux scénarios de son mentor, Confessions privées (1997) et L'Infidèle (1999).

<em>L’Autre Côté de l’espoir,</em> A. Kaurismäki. - crédits : Sputnik Oy/ BBQ_DFY/ Aurimages

L’Autre Côté de l’espoir, A. Kaurismäki.

Le cinéma finlandais, quant à lui, radicalise ses traditions, avec des films de guerre d'un grand réalisme et des fictions policières originales. Des cinéastes comme Risto Jarva et Rauni Mollberg témoignent de la prise de conscience du social et la nouvelle génération emmenée par les frères Kaurismäki, avec notamment Veikko Aaltonen, Matti Iljas, Pekka Lehto (également documentariste) synthétisent une évolution vers l'innovation et le non-conformisme. Mika Kaurismäki a tourné quelques films désenchantés (Rosso, 1985 ; Cha cha cha, 1989 ; Helsinki-Napoli, 1987) avant de quitter son pays pour le Brésil. Son frère Aki affirme très vite un style d'une extrême sobriété, où l'absence radicale de tout effet dramatise des récits mettant en scène des gens simples et des victimes de la société libérale. Passant avec aisance de la pure bouffonnerie (la série des Leningrad Cow-Boys) au froid recyclage du mélodrame, parfois dans un même film, il s'est imposé comme un des auteurs les plus passionnants du cinéma contemporain avec en particulier Ariel (1988), La Fille aux allumettes (1989), Juha (1999), L'Homme sans passé (2002).

— Daniel SAUVAGET

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Daniel SAUVAGET. SCANDINAVE CINÉMA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Médias

Monika, I. Bergman - crédits : Prod DB/ AllPix/ Aurimages

Monika, I. Bergman

<em>L’Autre Côté de l’espoir,</em> A. Kaurismäki. - crédits : Sputnik Oy/ BBQ_DFY/ Aurimages

L’Autre Côté de l’espoir, A. Kaurismäki.

Autres références

  • ANDERSSON BIBI (1935-2019)

    • Écrit par
    • 884 mots
    • 1 média

    Elle fut le sourire de Bergman, sa lumière vive. Apparue dans nombre de ses films et de ses réalisations pour la télévision, l’actrice suédoise est une figure indissociable de son œuvre. Née le 11 novembre 1935 à Stockholm, Berit Elisabeth Andersson, « Bibi », fille d’un homme d’affaires et d’une...

  • ANSPACH SÓLVEIG (1960-2015)

    • Écrit par
    • 694 mots
    • 1 média

    Sólveig Anspach est née le 8 décembre 1960 à Heimaey, dans l’archipel de Vestmann (Islande), d’une mère islandaise et d’un père juif viennois qui avait rejoint les États-Unis puis combattu en Europe sous l’uniforme américain. Cette citoyenne du monde grandit à Paris, fréquente l’école allemande, fait...

  • BERGMAN INGMAR (1918-2007)

    • Écrit par
    • 2 035 mots
    • 4 médias

    Ingmar Bergman est mort à quatre-vingt-neuf ans, dont soixante années vouées au cinéma et un peu plus au théâtre. De tous les grands auteurs de films de cette génération, il est celui dont la vie a le plus évidemment été consacrée au travail, et dont l'œuvre est le plus abondant : des dizaines voire...

  • BERGMAN INGMAR - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 1 022 mots

    14 juillet 1918 Naissance d'Ingmar Bergman à Uppsala (Suède).

    1930 Après avoir découvert le cinéma avec un projecteur amateur, le jeune Bergmanvisite les studios de la Svensk Film Industri près de Stockholm.

    1937-1939 Néglige ses études de littérature et d'histoire de l'art au profit de...

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