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ANDERSSON BIBI (1935-2019)

Elle fut le sourire de Bergman, sa lumière vive. Apparue dans nombre de ses films et de ses réalisations pour la télévision, l’actrice suédoise est une figure indissociable de son œuvre. Née le 11 novembre 1935 à Stockholm, Berit Elisabeth Andersson, « Bibi », fille d’un homme d’affaires et d’une assistante sociale, rêve très tôt de devenir comédienne. Elle a quinze ans lorsqu’elle rencontre Ingmar Bergman qui l’engage pour des spots publicitaires vantant les qualités d’un savon. Quelques années plus tard, après des études à l’École nationale d’art dramatique de Stockholm et une première apparition au cinéma (dans Dum-Bom, de Nils Poppe, en 1953), elle fait son entrée dans l’univers bergmanien. En 1955 au cinéma, avec un petit rôle dans Sourires d’une nuit d’été. En 1956 au théâtre de Malmö, dirigé par le maître, dont elle intègre la troupe.

Sa blondeur, son charme gracile, sa fraîcheur et sa vitalité font d’elle, aux yeux de Bergman, dont elle partage un temps la vie, une femme solaire dont il va reproduire l’image de film en film. Symbole de la vie jusque dans LeSeptième Sceau (1957), elle est, dans Les Fraises sauvages (1957), tout à la fois la figure idéalisée d’un premier amour et une jeune femme délurée. Dans Au seuil de la vie (1958), qui lui vaut un prix d’interprétation à Cannes (conjointement décerné aux quatre actrices du film), elle est encore celle qui s’affirme du côté de la vie, de l’espoir. Dans Le Visage (1958), L’Œil du diable (1960) puis Toutes ses femmes (1964), c’est la femme-sourire qui, sous diverses expressions, est de nouveau convoquée.

À l’orée des années 1960, Bibi Andersson est une actrice reconnue en Suède. Sur la scène du Théâtre dramatique royal de Stockholm, qu’elle a rejoint en 1959, elle a interprété Tchekhov, Shakespeare, Molière, Strindberg ou Genet. Au cinéma, elle a obtenu en 1963 le prix d’interprétation féminine au festival de Berlin avec La Maîtresse, de Vilgot Sjöman.

<em>Persona</em>, d’I.Bergman, avec B. Andersson et L. Ullmann - crédits : Sunset Boulevard/ Corbis/ Getty Image

Persona, d’I.Bergman, avec B. Andersson et L. Ullmann

Si elle continue de jouer au théâtre sous la direction de Bergman, celui-ci ne lui confie pourtant, au cinéma, que des personnages de second plan, fussent-ils marquants. Elle en souffre. « Je me suis souvent dit : "Il ne pense pas que j’ai plus à donner. Mais je vais lui montrer quel talent dramatique je possède ! J’ai dû camper toutes ces belles jeunes filles. De très beaux rôles, mais j’enviais ceux d’Harriet Andersson, ceux de Liv Ullman. Je me sentais un peu oubliée." » (Images from the Playground,de Stig Björkman, 2009). Mais, en 1966, vient Persona. Face à une actrice en dépression frappée de mutisme (Liv Ullmann), Bibi Andersson est Alma, une garde-malade à la personnalité ambigüe, à la parole débordante. Ce portrait en miroir de deux femmes fait de Persona l’œuvre majeure de Bergman. Bibi Andersson le considérera toujours comme le film le plus important de sa carrière (« Chaque fois que je le revois, dira-t-elle au New York Times, je sais que je suis arrivée à ce que je voulais faire en tant qu’actrice : j’ai créé un personnage »). Un Guldbagge (le césar suédois) lui est décerné et l’actrice est désormais demandée dans le monde entier.

Aux États-Unis, où elle jouera même à Broadway (Full Circle, d’Erich Maria Remarque, en 1973, et The Night of the Tribades, pièce de Per Olof Enquist sur August Strindberg, avec Max von Sydow, en 1977), on l’engage d’abord pour un western (La Bataille de la vallée dudiable, Ralph Nelson, 1966). Elle est dirigée par John Huston (La Lettre du Kremlin,1970), Robert Altman (Quintet, 1979). En Italie, elle tourne Scusi, lei è favorevole o contrario? de et avec Alberto Sordi (1966), Le Rêve du papillonde Marco Bellocchio (1994). En France, elle est l’interprète de Jacques Doniol-Valcroze (Le Viol, 1967), Helvio Soto (Il pleut sur Santiago, 1975). En 1987, elle étoffe de sa piquante[...]

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Pour citer cet article

Colette MILON. ANDERSSON BIBI (1935-2019) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<em>Persona</em>, d’I.Bergman, avec B. Andersson et L. Ullmann - crédits : Sunset Boulevard/ Corbis/ Getty Image

Persona, d’I.Bergman, avec B. Andersson et L. Ullmann

Autres références

  • BERGMAN INGMAR (1918-2007)

    • Écrit par Jacques AUMONT
    • 2 035 mots
    • 4 médias
    ...même fidélité avec les actrices, telles Eva Dahlbeck et Ingrid Thulin, sans parler de celles qui partagèrent son intimité, comme Harriet Andersson, Bibi Andersson et Liv Ullmann. On pourrait aussi noter la confiance absolue qu'il témoigna à son principal chef opérateur, Sven Nykvist. Autre fidélité...

Voir aussi