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CHORAL

Le choral après Bach

Pacific 231 - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Pacific 231

Dès la seconde moitié du xviiie siècle, le choral perd tout contact avec la musique extérieure. À partir du xixe siècle, en revanche, la musique s'intéresse à nouveau au choral, mais sur l'exemple des maîtres qui l'ont utilisé et non plus à partir de sa source liturgique. Si les chorals insérés à l'occasion par Schumann dans certains recueils de piano sont encore des thèmes traditionnels, on verra de plus en plus les musiciens fabriquer eux-mêmes leurs thèmes de choral (Honegger, chœur final du Roi David), sans prêter attention au texte que jusqu'alors celui-ci était censé représenter. D'autre part, l'emploi scolaire du choral provoque souvent une sorte de contresens dans l'esprit du musicien : tout chant, en effet, présenté en valeurs longues au milieu de valeurs plus brèves, ou même toute présentation de thème en augmentation deviennent abusivement un choral. C'est ainsi qu'on désigne souvent, sous le nom de choral figuré, Pacific 231 d'Honegger, pour la seule raison que l'un des thèmes revient en augmentation dans la péroraison. Quant à la Deuxième Symphonie, pour cordes, de ce même maître, elle se termine, on le sait, non par un choral, mais par une « phrase en style de choral », étrangère au contexte, se superposant en augmentation à la péroraison du final : alors que l'ensemble, chromatique et dissonant, représente l'angoisse et le désespoir humains, le choral, diatonique et tonal, symbolise l'espérance.

On peut en dire autant des trois chorals de César Franck : ce ne sont pas des formes, mais des morceaux de structure différente, dans lesquels l'un des thèmes principaux seulement a le caractère d'un choral. L'allusion parodique au choral Ein feste Burg dans l'Histoire du soldat de Stravinski a sans doute une valeur caustique, comme celle de Debussy à ce même choral dans En blanc et noir.

— Jacques CHAILLEY

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Écrit par

  • : ancien directeur de l'Institut de musicologie de l'université de Paris

Classification

Pour citer cet article

Jacques CHAILLEY. CHORAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Pacific 231 - crédits : DeAgostini/ Getty Images

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Autres références

  • CANTATE

    • Écrit par PIERRE-PETIT
    • 1 894 mots
    ...même qu'illustrera avec tant de bonheur J.-S. Bach. On connaît la part prépondérante que tient, dans la liturgie luthérienne, l'assemblée des fidèles. Ces derniers ont à chanter ensemble des morceaux destinés à la méditation commune, les chorals. C'est donc autour de ces chorals que va s'articuler la...
  • CRÜGER ou KRÜGER JOHANNES (1598-1662)

    • Écrit par Universalis
    • 155 mots

    Compositeur, organiste et théoricien de la musique allemand, Johannes (ou Johann) Crüger (ou Krüger) naît le 9 avril 1598, à Gross-Breesen, près de Guben, en Basse-Lusace. Il a publié de précieuses compilations des connaissances musicales de son époque ainsi que plusieurs importants recueils de...

  • DU CAURROY EUSTACHE (1549-1609)

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 490 mots

    Musicien français né à Beauvais, Du Caurroy est surtout célèbre pour ses œuvres religieuses, qui connurent un durable succès jusque vers 1650 ; il est l'un des principaux précurseurs de la musique sacrée du xviie siècle, qui a conduit, à travers N. Formé, à Delalande. Il fut d'abord...

  • ECCARD JOHANNES (1553-1611)

    • Écrit par Universalis
    • 228 mots

    Le compositeur allemand Johannes Eccard est avant tout connu pour ses harmonisations de chorals luthériens.

    Né en 1553 à Mühlhausen, en Thuringe, Johannes Eccard est enfant de chœur à la chapelle ducale de Weimar de 1571 à 1573 ; il suit probablement à cette époque l'enseignement de ...

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Voir aussi