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CERVEAU ET LANGAGE ORAL

Bases cérébrales de la perception de la parole chez l’adulte

Les aires du cortex cérébral impliquées dans la perception de la parole - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les aires du cortex cérébral impliquées dans la perception de la parole

Concernant l’anatomie fonctionnelle de la perception de la parole, sa spécificité par rapport à la perception d’autres sons complexes n’apparaît qu’en aval de la mise en jeu de l’aire auditive primaire située, dans chaque hémisphère, au sein du gyrus de Heschl qui contient le cortex auditif primaire.

Au sein de ce cortex auditif primaire, on trouve de multiples cartes « tonotopiques » codant pour telle ou telle gamme étroite de fréquences sonores. Après cette étape, on pense que le signal de parole est traité selon un gradient antérolatéral dans des régions du cortex auditif associatif. Cette progression traduirait la combinaison progressive d’éléments auditifs de bas niveau en percepts de plus en plus complexes, de type phonologique.

Décours temporel des ondes électriques cérébrales impliquées dans le codage de la parole - crédits : Encyclopædia Universalis France

Décours temporel des ondes électriques cérébrales impliquées dans le codage de la parole

Chez une majorité d’individus, le cortex temporal postérieur et supérieur (appelé planum temporale) et le cortex frontal inféro-postérieur sont de surface plus grande dans l’hémisphère gauche que dans le droit. Cette asymétrie est interprétée comme facilitant le traitement du langage oral par l’hémisphère gauche. Cependant, la latéralisation à l’hémisphère gauche des processus de perception auditive de la parole pose question. La région antérieure du gyrus temporal supérieur (GTS) et du sillon temporal supérieur (STS) des deux hémisphères est en effet souvent considérée comme impliquée dans la perception de la parole. La latéralisation gauche de processus cruciaux pour le langage s’exprimerait seulement dans certains contextes : lorsqu’ils contraignent le type de traitement de l’information, ou lorsqu’ils impliquent certains aspects psychophysiques du stimulus. Ainsi, les transitions auditives rapides sont traitées de manière privilégiée par la région gauche. La région droite, de son côté, serait plus sensible aux variations lentes au sein du spectre sonore, rendant compte notamment de son rôle dans le traitement des éléments prosodiques de la parole et de la voix.

Les deux voies de la compréhension de la parole - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les deux voies de la compréhension de la parole

Par analogie avec les deux voies de traitement dans le système visuel, il est admis que les substrats anatomo-fonctionnels du langage oral impliquent aussi au moins deux grands circuits traitant en parallèle l’information à partir du cortex auditif associatif :

– Une voie rostro-ventrale incluant en arrière l’aire de Wernicke et dans sa partie antérieure le cortex auditif associatif des GTS et STS, qui correspondrait à l’identification d’objets auditifs, peut-être spécifiques de la parole humaine.

Les principales aires du langage à la surface du cortex de l’hémisphère cérébral gauche - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les principales aires du langage à la surface du cortex de l’hémisphère cérébral gauche

– Une voie dorsale qui inclut notamment la partie postérieure du GTS gauche (ou, globalement, l’aire de Wernicke), le planum temporale et la partie inférieure du gyrus supramarginal (GSM) gauche, qui effectuerait le traitement sublexical de l’information auditive, conduisant à sa segmentation en unités phonologiques et donnant lieu à un traitement en mémoire de travail phonologique. Elle représenterait un réseau dédié à l’intégration sensori-motrice auditive, la mémoire de travail phonologique n’étant qu’une composante d’un système intégrant les représentations phonologiques aux représentations motrices articulatoires. Contrairement à la voie ventrale, la voie dorsale se projetant sur le cortex frontal postéro-inférieur (ou aire de Broca, surtout dans sa partie supérieure) serait très fortement latéralisée à gauche. Le faisceau arqué, voie de connexion majeure entre les aires de Wernicke et de Broca joue vraisemblablement un rôle essentiel dans le transfert des informations phonologiques vers le cortex frontal et leur interfaçage avec les représentations motrices de la parole.

Au sein de ce réseau de structures anatomiques, les techniques neurophysiologiques (notamment les potentiels évoqués) suggèrent un décours temporel pour la perception de l’information de parole : le traitement différentiel de l’information phonologique dans[...]

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Écrit par

  • : professeur de neurologie, université de Lausanne (Suisse), directeur de recherche à l'INSERM

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Pour citer cet article

Jean-François DÉMONET. CERVEAU ET LANGAGE ORAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 18/04/2017

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Les aires du cortex cérébral impliquées dans la perception de la parole - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les aires du cortex cérébral impliquées dans la perception de la parole

Décours temporel des ondes électriques cérébrales impliquées dans le codage de la parole - crédits : Encyclopædia Universalis France

Décours temporel des ondes électriques cérébrales impliquées dans le codage de la parole

Les deux voies de la compréhension de la parole - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les deux voies de la compréhension de la parole