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RHODES CECIL JOHN (1853-1902)

Homme d'affaires brillant et grand homme d'État britannique, apôtre de l'expansionnisme colonial, nouveau conquistador, philanthrope, Cecil Rhodes a été aussi passionnément admiré que vilipendé. Fils d'un pasteur anglican, cinquième d'une famille de onze enfants, né dans le Hertfordshire, de constitution délicate, rien ne paraît le destiner à un grand avenir de richesse ou de pouvoir. Interrompant à seize ans ses études, il en gardera le regret au point de consacrer des périodes de sa vie à obtenir des grades universitaires à Oxford ; il est envoyé chez son frère au Natal et, avec son arrivée à Durban en octobre 1870, commence sa grande aventure africaine. La plantation de coton, mais surtout l'exploration et l'exploitation de mines de diamants font sa fortune : à partir de 1874, il fait de Kimberley et des mines De Beers (du nom du fermier qui avait possédé le sol auparavant) le centre de ses activités ; avec beaucoup d'habileté, il rachète des mines plus petites, procède à des fusions, constitue dès 1880 la De Beers Mining Company et, après quelques péripéties, grâce au soutien de financiers londoniens, réussit en 1888 à contraindre son seul grand concurrent, Barnato, à constituer le grand trust qui portera désormais le nom de De Beers Consolidated Mines et dont il prend la tête. Parallèlement à son œuvre matérielle, il entreprend la découverte des grandes régions sud-africaines et voyage à travers le Betchouanaland et le Transvaal ; dès 1877, il a formé le rêve romantique d'un Empire britannique qui s'étendrait en Afrique... et bien au-delà. Il choisit la voie politique pour mettre en pratique ses théories, est élu en 1881 au Parlement du Cap et y fait des déclarations sur la nécessité de constituer « les États-Unis d'Afrique du Sud sous drapeau britannique », c'est-à-dire d'associer les territoires anglais et les boers ; usant de son talent de persuasion, il convainc le haut-commissaire britannique pour les territoires du Betchouanaland de la nécessité d'annexer ceux-ci ; il en résulte, en 1884, la proclamation par le gouvernement britannique d'un protectorat sur ces régions (qui sera transformé en annexion à la colonie du Cap en 1895). Inquiet des résistances du Transvaal de Kruger à l'expansion anglaise et de la menace d'une présence allemande au nord, Cecil Rhodes obtient en juillet 1889 une charte royale confiant la future « Rhodésie » à une Compagnie de l'Afrique du Sud britannique placée sous sa direction : il s'empresse de développer l'exploration du pays, met en chantier un chemin de fer de Kimberley vers le nord et pousse le champ d'exploration de la compagnie au-delà du Zambèze jusqu'au lac Tanganyika ; c'est le moment où s'affirme le grand rêve d'une Afrique anglaise du Cap au Caire. Il atteint le zénith de sa puissance politique lorsque, contrôlant par sa compagnie l'administration d'une vaste colonie, il devient pour cinq ans, en 1890, Premier ministre du Cap. Dans cette dernière charge, il réalise d'importants programmes éducatifs, favorise une nouvelle politique à l'égard des indigènes par une amélioration de leur niveau technique et par la lutte contre l'alcoolisme. En outre, dans les villages et districts des conseils indigènes peuvent être constitués pour discuter des questions d'éducation et de taxation ; à l'égard des Boers de la colonie, il se comporte avec franchise, leur promettant une totale égalité, ne leur cachant pas son espoir de voir disparaître des républiques voisines et soudoyant certains de leurs dirigeants : il réussit ainsi à bénéficier du soutien de leur organisation pendant le temps de son gouvernement. Au cours de plusieurs voyages en métropole, en 1891, 1893 et 1895, il expose ses vues impérialistes, non sans succès,[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Roland MARX. RHODES CECIL JOHN (1853-1902) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Cecil Rhodes - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Cecil Rhodes

La ruée vers le diamant, Afrique du Sud - crédits : Gray Marrets/ Getty Images

La ruée vers le diamant, Afrique du Sud

Autres références

  • AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD

    • Écrit par Ivan CROUZEL, Dominique DARBON, Benoît DUPIN, Universalis, Philippe GERVAIS-LAMBONY, Philippe-Joseph SALAZAR, Jean SÉVRY, Ernst VAN HEERDEN
    • 29 784 mots
    • 28 médias
    ...notamment le Bechuanaland et le Basutoland (soit par incorporation, soit sous la forme de protectorats), les pressions britanniques ne cessent plus, soutenues par les grands intérêts miniers représentés par Cecil Rhodes, fondateur de la compagnie de Beers et Premier ministre de la colonie du Cap (1890-1896).
  • KRUGER PAUL (1825-1904)

    • Écrit par Universalis, Daniel Wilhelmus KRUGER
    • 842 mots

    Homme d'État sud-africain né le 10 octobre 1825 dans le district de Cradock (colonie du Cap), mort le 14 juillet 1904 à Clarens (Suisse).

    À dix ans, Stephanus Johannes Paulus Kruger et ses parents, agriculteurs d'origine allemande établis dans la colonie du Cap, prennent part au Grand...

  • ZIMBABWE

    • Écrit par Daniel COMPAGNON, Universalis, Philippe GERVAIS-LAMBONY, Franck MODERNE
    • 16 889 mots
    • 8 médias
    ...province du Cap et avec les Boers du Transvaal, les relations des monarques de Bulawayo furent souvent tendues, malgré les traités signés de temps à autre. Un homme jouera ici un rôle déterminant : Cecil J. Rhodes. Installé au Cap, où il a su prendre le contrôle d'une importante société diamantifère (la De...
  • ZIMBABWE, site archéologique

    • Écrit par Jean POLET
    • 506 mots
    • 1 média

    Zimbabwe est le site archéologique le plus prestigieux de l'Afrique australe. Accrochées au flanc sud d'un haut plateau, à plus de 300 kilomètres au sud-est de Harare, les ruines occupent une surface d'environ 700 hectares dominée par une « Acropole » ceinte de murs de 7 mètres d'épaisseur....

Voir aussi