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CAO ZHI[TS'AO TCHE](192-232)

Le plus brillant, le plus fécond, le plus influent des poètes novateurs de la fin des Han, Cao Zhi, ou Cao Zijian, a pu passer, jusqu'à la venue de Du Fu, pour le dieu de la poésie. Zhong Rong, le célèbre critique du vie siècle, le tenait pour le Confucius de la littérature. Après tant de poètes anonymes, Cao Zhi fut le premier à signer une œuvre aussi considérable.

Désastres et chefs-d'œuvre

Son biographe, l'auteur de l'Histoire des trois royaumes (San guo zhi), retrace sa carrière avec une dramatique simplicité. Dès son enfance, Cao Zhi séduisit son père, le grand Cao Cao (155-220), dont le génie a dominé la crise ultime de l'histoire des Han, par la précocité de ses dons. Devenu le maître de l'Empire, Cao Cao poussa la faveur jusqu'à vouloir faire de Cao Zhi son héritier, de préférence à son fils aîné, Cao Pi. Autour des frères rivaux, deux coteries s'affrontèrent. Mais, tandis que Cao Zhi irritait son père par son insouciance et sa dissipation, Cao Pi s'appliquait à plaire par une conduite irréprochable : c'est ce dernier qui l'emporta et devint, en 217, l'héritier en titre. Pour Cao Zhi, cette défaite annonce un revirement du destin. Après la mort du père, Cao Pi usurpe en 220 le trône des Han et fonde la dynastie des Wei. Sous son règne, puis, à partir de 226, sous celui de son successeur, Cao Rui, Cao Zhi ne connaît plus que suspicions et mauvais traitements. Ses partisans sont exécutés. Il doit lui-même, comme les autres princes du sang, quitter la capitale et regagner ses terres. Muté d'un fief à l'autre, espionné et dénoncé par les inspecteurs impériaux, isolé de ses pairs et limité dans ses déplacements, il mène une existence humiliante et précaire. Ses titres ne l'empêchent pas d'envier le sort des roturiers. Bien qu'il proteste de sa loyauté et multiplie les suppliques, il meurt sans avoir pu améliorer sensiblement sa situation.

Aux yeux de la postérité, la gloire littéraire de Cao Zhi compense la dérision de cette carrière manquée. Prosateur, il a laissé des mémoires au trône, des dissertations, des lettres (dont l'une, à son ami Yang Xiu, marque le début de la critique littéraire) : le style, par son élégance, tranche à la fois sur la simplicité de Cao Cao et la préciosité de Chen Lin, l'un des sept poètes de l'époque Jian'an (cf. les sept poètes de la période jian'an). Ses fu, au nombre d'une quarantaine (le « récitatif » reste le genre noble), renoncent à l'exubérance décorative des Han et retrouvent l'esprit de QuYuan et de Song Yu. Mais c'est comme poète lyrique que Cao Zhi s'est élevé au premier rang. Dans les quelque quatre-vingt-dix pièces qu'il a laissées, en majorité des « poèmes à chanter » ( yuefu), la critique a très tôt remarqué l'harmonieux équilibre de l'inspiration et de l'expression.

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Jean-Pierre DIÉNY. CAO ZHI [TS'AO TCHE] (192-232) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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