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CANTUS

Le terme cantus (en italien canto) signifie chant, acte de chanter.

Aux ixe et xe siècles, les théoriciens comme le Pseudo-Hucbald (Ogier, Hotger) utilisent le terme cantus pour désigner les pièces de l'office et de la messe. Dans le déchant, la partie comportant la mélodie principale est intitulée cantus par opposition au discantus, orné et en contrepoint. Dans la paléographie musicale du xiiie siècle, le cantus mensurabilis ou mensuratus représente le chant mesuré ou proportionnel, avec des valeurs précises (contrairement au cantus planus, non mesuré). Au xive siècle, Jean de Grouchy qualifie une mélodie ornée, sur un rythme libre, de cantus coronatus.

Au xve siècle, Johannes Tinctoris, dans son Terminorum musicae diffinitorium, précise, à la rubrique cantus, que « le chant est formé par les sons séparés et qu'il est soit simple, soit composé » (polyphonique). Il distingue le cantus planus (simple, monodique, plain-chant), le cantus simplex planus (avec des valeurs indéterminées), le cantus simplex figuratus (avec des valeurs déterminées), le cantus compositus, à plusieurs voix. Le cantus per medium est celui « dans lequel on compte la durée de deux notes pour une seule » (chant par moitié).

Au xvie siècle, cantus correspond à la voix supérieure dans une polyphonie. Le cantus firmus est un thème (timbre) servant de prétexte, de principe compositionnel et unificateur à une composition profane ou religieuse (chanson, motet, messe, psaume, choral) ; il est aussi appelé cantus choralis, canto fermo. Dans son Dictionnaire de musique (1713), Sébastien de Brossard renvoie, pour le mot chant, à canto, signifiant « bas dessus » ou « second dessus ». Il distingue le canto semplice (chant simple), avec des figures de notes égales, et le canto figurato « dont les figures sont diverses ». En 1768, Jean-Jacques Rousseau, dans son Dictionnaire de musique, évoque le « chant mélodique, agréable, gracieux », le chant en ison, ou chant égal, qui ne « roule que sur deux sons » (p. 83). Il définit aussi le chant sur le livre comme un « contrepoint à quatre parties que les musiciens composent et chantent impromptu sur une seule [partie] » (p. 85). Le canto primo est le premier soprano. Au xviiie siècle, les deux voix supérieures sont désignées canto primo et canto secondo.

Au cours des siècles, d'autres adjectifs ou expressions ont été associés à cantus, par exemple chromaticus (chromatique), harmonicus (à plusieurs voix). Le canto a cappella est un chant dépourvu d'accompagnement. La liturgie catholique comprend — entre autres — le cantus ambrosianus (chant ambrosien), gregorianus (grégorien), romanus (romain). Depuis son acception première (« acte de chanter »), le mot cantus s'est précisé dans la théorie et la littérature musicales, en suivant l'évolution de la technique compositionnelle et des genres nouveaux.

— Edith WEBER

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, professeur à l'Institut catholique de Paris, docteur ès lettres et sciences humaines

Classification

Pour citer cet article

Edith WEBER. CANTUS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARS NOVA

    • Écrit par Roger BLANCHARD
    • 6 358 mots
    • 2 médias
    On appelle isorythmie la normalisation du rythme du cantus firmus, ou tenor (on disait encore « teneur ») emprunté généralement au chant grégorien. On doit aux théoriciens de l'ars nova la double notion de color et de talea. Le mot color désignait le thème mélodique ; Le mot talea s'appliquait...

Voir aussi