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CASTELO BRANCO CAMILO (1825-1890)

Le polémiste

Camilo polémiqua tout au long de sa vie. En 1865, il prit parti dans la fameuse « querelle de Coïmbre », opposant le romantisme social et même socialiste du jeune poète Antero de Quental au romantisme idyllique, formaliste et puriste du vieux Castilho, patriarche des lettres. Il se rangea aux côtés des valeurs consacrées, défendit le prestige des anciens et tous les bons sentiments, et pourfendit la frivolité et les excès de la jeunesse.

En 1880, Mme Ratazzi publie son curieux livre Le Portugal à vol d'oiseau, où elle déplore les effets de l'excessive fécondité de Camilo : « Particularité curieuse, tous ses romans contiennent infailliblement un type de Brésilien, une jeune fille qui se retire dans un couvent, un noble de province et un romantique amoureux et transparent. C'est invariable comme la pluie et le beau temps. De telle sorte que le premier roman qu'on lit de M. Branco paraît fort intéressant, que le second appelle des réminiscences et que le troisième se devine ; le quatrième, on le sait par cœur, on tourne la page sachant ce qui va se passer. C'est une galerie de personnages qui se renouvelle rarement, comme dans les musées de célébrités en cire... » Vexé, Camilo répliqua par une brochure d'une extrême violence, où il visait la femme plutôt que l'écrivain, sans aucune retenue et sans aucune preuve.

Tels étaient ses procédés. Mais c'est par sa déraison même, par sa violence, par sa passion agressive, par la qualité et la rage de ses sarcasmes qu'il force l'admiration. Plus la cause est mauvaise, plus il est brillant. Il ne s'agit pas, pour lui, d'établir une vérité, mais de supplanter l'adversaire dans l'opinion du public. D'une façon ou d'une autre, il a les meilleures armes : un don extraordinaire de communication sentimentale et émotive, son langage et son style. Et, s'il passe, non sans raison, pour un réactionnaire à tous points de vue, il n'en reste pas moins qu'il se trompa rarement lorsqu'il dénonçait l'inauthenticité, la légèreté et la mauvaise foi des pseudo-novateurs et des optimistes.

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Écrit par

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Pour citer cet article

António COIMBRA MARTINS. CASTELO BRANCO CAMILO (1825-1890) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • OLIVEIRA MANOEL DE (1908-2015)

    • Écrit par Jean-Pierre TOUATI
    • 2 531 mots
    • 1 média
    En 1978, Manoel de Oliveira donne Amour de perdition, un de ses plus beaux films, adapté d'un classique, le roman homonyme de Camilo Castelo Branco. Il s'agit cette fois des amours impossibles de Simão Botelho et Teresa de Albuquerque, qui appartiennent à des familles nobles ennemies. Dans ...
  • PORTUGAL

    • Écrit par Roger BISMUT, Cristina CLIMACO, Michel DRAIN, Universalis, José-Augusto FRANÇA, Michel LABAN, Jorge MORAÏS-BARBOSA, Eduardo PRADO COELHO
    • 39 954 mots
    • 24 médias
    Vers la fin de cette période, Castelo Branco (1826-1890) occupe une place à part : romancier, historien, poète, polémiste, dramaturge, il incarne les aspirations les plus contradictoires de ce temps.

Voir aussi