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BODHI ou ÉVEIL, bouddhisme

Terme essentiel au bouddhisme, traduit assez souvent et à tort par « illumination », bodhi signifie « éveil ». Il existe plusieurs sortes de bodhi, la plus parfaite étant celle des buddha, des Éveillés. Pour les shrâvaka et les pratyekabuddha, la bodhi se limite à faire cette constatation : « J'ai détruit la Douleur ; je n'aurai plus à la détruire ; c'est l'arrivée au salut. » Chez les buddha, la bodhi est dite anuttarasa-myaksambodhi : le suprême Éveil correct et complet. Cette appellation est typique surtout du Grand Véhicule, dont les textes commentent longuement les deux sortes de bodhi : la bodhi inférieure et la bodhi supérieure. Cette dernière est faite de connaissances multiples et constitue une véritable omniscience, à laquelle se mêlent des pouvoirs magiques et une multitude de caractéristiques merveilleuses. Le bodhisattva est alors un être doué des qualités les plus extraordinaires. Se trouvant sur la voie de la bodhi, il ne se contente pas de la rechercher et de l'atteindre pour lui-même, mais veut la répandre dans l'univers entier et en faire profiter tous les êtres. Parallèlement, la théorie de la Shûnyatâ amène à considérer la bodhi comme étant hors d'atteinte, inconcevable, transgressant tous les modes de pensée et d'action.

Dans le bouddhisme ancien, les femmes étaient exclues de la bodhi, étant réputées incapables de l'atteindre du fait de leurs trop nombreuses attaches. Le Grand Véhicule, qui proclamait que tous pouvaient atteindre l'état de buddha, s'est trouvé embarrassé par cette exclusion. Certains textes tournent la difficulté en changeant les femmes en hommes pour leur permettre d'atteindre l'Éveil ; le Sukhāvatīvyūha prétend ainsi qu'Amitâbha a fait vœu de transformer les femmes en hommes. Dans le Shrimālādevīsimhanādasūtra, cette séparation des sexes a disparu. De même pour le Lankāvatārasūtra, les icchantika, êtres si profondément enfoncés dans le tourbillon des passions qu'ils étaient considérés comme irrécupérables, ont la possibilité d'atteindre la bodhi.

— Jean-Christian COPPIETERS

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Pour citer cet article

Jean-Christian COPPIETERS. BODHI ou ÉVEIL, bouddhisme [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BODHGAYĀ

    • Écrit par Bruno DAGENS, Rita RÉGNIER
    • 977 mots

    Gayā, qui fait partie de l'État de Bihār, dans l'Inde du Nord-Est, constitue depuis des temps immémoriaux un tīrtha ( lieu saint) type, en raison même de sa configuration : la cité est arrosée par la Phalgu, formée des eaux de la Nairañjanā et de la Mahānādī qui s'unissent en amont...

  • BODHISATTVA

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 502 mots
    • 3 médias

    Le terme sanskrit bodhisattva désigne des êtres (sattva), humains ou divins, qui ont atteint l'état d'éveil (bodhi). Ils devraient donc porter logiquement le nom de buddha (« éveillé ») et être à jamais libérés des contingences existentielles. Le bouddhisme cependant, spécialement...

  • BOUDDHA ÉTAT DE

    • Écrit par Jean-Christian COPPIETERS
    • 568 mots
    • 1 média

    Désignant celui qui s'est éveillé, mais aussi celui qui a éveillé les autres, le terme « bouddha » (buddha) s'applique à l'homme qui a atteint le suprême et parfait Éveil complet (anuttarasamyaksambodhi), le samyaksambuddha. Personne n'est plus avancé que lui. Il dépasse le ...

  • BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme indien

    • Écrit par Jean FILLIOZAT, Pierre-Sylvain FILLIOZAT
    • 10 641 mots
    • 1 média
    ...d'intelligence sous forme de faculté de prise de conscience des réalités sont des conditions requises pour la préparation à l'arrêt de la douleur. La vraie prise de conscience des choses est appelée « Éveil » (saṃbodhi), conditionné par sept parties constituantes : présence d'esprit, investigation...
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