Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BLOC NATIONAL (1919-1924)

Occupation de la Ruhr - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Occupation de la Ruhr

Coalition des partis du centre et de la droite, victorieuse aux élections de novembre 1919 des radicaux et des socialistes. Renversant la majorité de gauche élue à la veille de la guerre, les droites ont, pour la première fois depuis l'instauration de la IIIe République, la majorité des élus. Les candidats du Bloc national disposent de quatre cent trente-trois sièges sur six cent treize, soit plus des deux tiers. Malgré le vote de la Chambre, il n'y a pas de suffrage des femmes, refusé par le Sénat. Les élections ont lieu au scrutin de liste départemental, compromis entre la représentation proportionnelle et le suffrage majoritaire. Les droites ont bénéficié de l'identification des valeurs nationales à la victoire. L'apparition du bolchevisme est défavorable aux candidats de gauche et les socialistes traversent une crise grave qui se résoudra, en 1920, au Congrès de Tours par la création du PCF. La droite paraît unie dans le triomphe. L'adjectif « national » achève le transfert à la droite des valeurs patriotiques ; le social est à gauche. Paul Deschanel, républicain progressiste, est réélu président de la Chambre « bleu horizon » comme on l'appelait : c'est un homme du centre droit ; il sera élu président de la République contre Clemenceau. Millerand, devenu plus nationaliste que socialiste, est président du Conseil en janvier 1920. Il sera président de la République en septembre, après le retrait de Paul Deschanel pour raison de santé. L'axe politique de la majorité passe au milieu du centre droit. Cette avance de la droite se dessinait déjà avant la guerre. Depuis 1910, deux types de majorité parlementaire se succédaient, majorité du centre et de la gauche, ou du centre et de la droite. Le ministère Georges Leygues ne posera pas de problème. Il permet à Briand de revenir aux Affaires en janvier 1921. Il est partisan lui aussi, au début, d'une politique énergique envers l'Allemagne. Briand ne tarde pas à préférer les concessions. Il aborde l'apogée de sa carrière « d'apôtre de la paix ». À sa chute, en janvier 1922, chute provoquée, disait-on, par Millerand lui-même, Poincaré lui succède. C'est un « républicain de gauche », c'est-à-dire de centre droit. Ce ministère comprend deux radicaux et deux républicains socialistes. Ce n'est plus vraiment un gouvernement de bloc national. La droite devient gardienne de l'unité nationale qui a permis la victoire ; elle se parera souvent des couleurs de l'apolitisme. Une grande volonté de changement joue en sa faveur. Elle s'exercera d'abord contre le personnel en place depuis 1914. Mais la question sociale réapparaît, malgré les lois de mars, instaurant les conventions collectives, et d'avril 1919, limitant à huit heures la journée de travail. Aux grandes grèves de 1920 le gouvernement oppose des arrestations et des poursuites : le tribunal de la Seine prononce la dissolution de la CGT. L'échec du mouvement revendicatif est patent, mais le monde du travail s'éloigne et le monde bourgeois se ferme à la réconciliation sociale. Après la guerre, la question religieuse s'est apaisée. L'ambassade auprès du Vatican est rétablie, si la loi de séparation des Églises et de l'État demeure. Par contre, la paix, l'attitude à avoir envers l'Allemagne et le problème des dettes de guerre ont une autre acuité. Le clivage entre gauche et droite, pendant toute la législature, va se forger sur la question financière et la politique extérieure. Ces problèmes sont tout nouveaux. Le dogme de l'étalon or prime toute autre considération économique. Depuis 1919, l'Angleterre et les États-Unis suspendant leur aide de guerre, une rupture des cours des changes a lieu. Les experts n'osent envisager une dévaluation et proposent une remontée progressive du franc à sa valeur d'avant 1914. L'année[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

Classification

Pour citer cet article

Armel MARIN. BLOC NATIONAL (1919-1924) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Occupation de la Ruhr - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Occupation de la Ruhr

Autres références

  • MILLERAND ALEXANDRE (1859-1943)

    • Écrit par Paul CLAUDEL
    • 429 mots
    • 1 média

    Avocat à Paris, Alexandre Millerand collabore au journal La Justice de Georges Clemenceau ; élu député de la Seine en 1885, il évolue rapidement vers le socialisme. Il refuse cependant de s'affilier à l'un des partis se réclamant de lui et anime le groupe des socialistes indépendants. Millerand...

  • TROISIÈME RÉPUBLIQUE

    • Écrit par Louis GIRARD
    • 14 493 mots
    • 33 médias
    Les élections de 1919 assurèrent la majorité aux listes du « Bloc national », des royalistes aux radicaux. Pour la première fois depuis 1875, une majorité de droite, nationaliste et catholique, entrait au Palais-Bourbon, le Sénat conservant sa majorité radicale. Sans expérience politique, les nouveaux...

Voir aussi