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THORVALDSEN BERTEL (1768 ou 1770-1844)

<it>Jeune Berger</it>, B. Thorvaldsen - crédits :  Bridgeman Images

Jeune Berger, B. Thorvaldsen

On a quelque peine aujourd'hui à comprendre les raisons de l'immense succès que Bertel Thorvaldsen connut en Europe jusque vers 1850. On se l'explique mieux si l'on voit dans l'art un phénomène culturel autant qu'artistique : l'expansion du génie antique et de la tradition méditerranéenne et son importation en Europe du Nord par un artiste doué qui voulut fonder sur l'art antique un art proprement danois. Thorvaldsen fut célébré par son pays natal, le Danemark, et par l'Europe du Nord comme le Phidias moderne. Artiste cultivé, sculpteur de talent (il fut chargé de la restauration des frontons du temple dorique d'Athéna Aphaia dans l'île d'Égine, les sculptures conservées à la glyptothèque de Munich ont été l'objet d'une dérestauration dirigée par Dieter Ohly de 1962 à 1971), improvisateur doué comme en témoignent ses esquisses, Thorvaldsen partagea son existence entre le Danemark et Rome où il passa près de quarante ans et où il devint presque l'égal de Canova à une époque où la sculpture représentait pour beaucoup la forme la plus élevée de la création artistique. La thématique de Thorvaldsen est très proche de celle de Canova, avec une prédilection toutefois pour les genres sévères. Thorvaldsen traite en outre les sujets dans un esprit peu canovien à cause de son goût pour l'archaïsme et d'une sorte de radicalisme artistique qui répugne aux effets gracieux, pittoresques, picturaux ou maniérés qui abondent dans l'art de Canova. Pratiquant surtout les grands genres, le bas-relief, la statue et le monument commémoratif ou funéraire, adaptant l'esthétique et les styles néo-classiques à une conception renouvelée de l'art chrétien, Thorvaldsen imposa un style glacé, avare d'effets personnels (on peut voir la plupart de ses œuvres au musée Thorvaldsen à Copenhague, qui fut organisé du vivant de l'artiste). Sa sévérité représente la tendance la plus puriste du néo-classicisme européen en sculpture.

— Jacques de CASO

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Californie, Berkeley (États-Unis)

Classification

Pour citer cet article

Jacques de CASO. THORVALDSEN BERTEL (1768 ou 1770-1844) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Jeune Berger</it>, B. Thorvaldsen - crédits :  Bridgeman Images

Jeune Berger, B. Thorvaldsen

Autres références

  • CONSERVATION DES ŒUVRES D'ART

    • Écrit par Germain BAZIN, Vincent POMARÈDE
    • 6 744 mots
    • 4 médias
    ...Londres à lord Elgin, en 1816. Sur l'intervention du sculpteur vénitien néo-classique, Canova, l'originalité des marbres Elgin fut respectée, tandis que Louis Ier confiait au sculpteur danois Thorwaldsen, qui avait son atelier à Rome, les marbres d'Égine pour qu'il les restaure à la façon ancienne. Désormais,...
  • NÉO-CLASSICISME, arts

    • Écrit par Mario PRAZ, Daniel RABREAU
    • 8 074 mots
    • 13 médias
    ...controverses, et ne se rend pas compte au premier coup d'œil de la différence entre les deux écoles, celle de Canova, plus orientée vers une grâce alexandrine, celle de Thorvaldsen, qui suivait plus rigoureusement les Anciens et avait des velléités archaïsantes. Tandis qu'en Italie la manière de Thorvaldsen fut...

Voir aussi