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BESSON BENNO (1922-2006)

Benno Besson grandit à Yverdon dans une famille d'instituteurs. Étudiant en philologie à l'université de Zurich en 1942, il fréquente assidûment les spectacles du Schauspielhaus, qui accueille les exilés antifascistes allemands et autrichiens (Therese Giehse, Wolfgang Langhoff, Teo Otto...) et découvre avec enthousiasme le théâtre de Brecht qu'il déchiffre en apprenant la langue allemande.

Comédien amateur, Benno Besson monte quatre spectacles à Yverdon, dont une adaptation personnelle du texte de Brecht, Les Trois Soldats, en 1946. Cette même année, il quitte la Suisse pour venir travailler à Paris auprès de ses amis Geneviève et Jean-Marie Serreau, avec lesquels il mène une action de pionnier : traduire et représenter l'œuvre de Brecht encore peu connue en France. Avec eux, en 1947, il crée en allemand et en français, L'Exception et la règle. En tournée, le spectacle sera notamment présenté dans la zone d'occupation française en Allemagne avec deux pièces de Molière. En 1948, à Zurich, Besson rencontre Brecht, de retour de son exil aux États-Unis, qui lui demande de le rejoindre l'année suivante à Berlin-Est où il fonde avec Helene Weigel le Berliner Ensemble. Engagé comme acteur et assistant metteur en scène, Benno Besson collabore aux créations de Brecht avant de signer au Berliner ses propres mises en scène dont celle de Dom Juan de Molière (créé au Volkstheater de Rostock) pour l'inauguration du Theater am Schiffbauerdamm où la troupe s'installe le 19 mars 1954. À la mort de Brecht, le 14 août 1956, Benno Besson, considéré par beaucoup comme son héritier spirituel, ne résistera que deux ans aux conflits de pouvoir qui secouent le collectif artistique. Il s'éloigne quelque temps de Berlin, avant de revenir en République démocratique allemande pour s'installer en 1960 au Deutsches Theater. Aux côtés de Wolfgang Langhoff et Wolfgang Heinz, il va contribuer à la renommée de cette scène berlinoise qui éclipse peu à peu le Berliner.

Durant huit ans, à travers huit mises en scène, dont les créations de La Paix d'Aristophane (1962), du Tartuffe de Molière (1963) et surtout du Dragon d'Evguéni Schwartz (1965), qui triomphe à Paris au Théâtre des Nations, Benno Besson témoigne d'une assimilation de la leçon brechtienne restituée avec liberté et intelligence. Il affirme son inventivité et sa maîtrise d'un théâtre qui mêle avec bonheur rigueur et fantaisie et où la dimension sociale reste toujours présente. En 1969, il prend la direction artistique du troisième grand théâtre de Berlin-Est, la Volksbühne, auquel il apporte une audience européenne, avec notamment ses mises en scène du Roi Cerf de Carlo Gozzi et d'Hamlet de Shakespeare, dont il produira plus tard de nouvelles versions. En parallèle, Besson réalise des spectacles dans divers pays d'Europe (Allemagne fédérale, Autriche, Italie, Suisse...), orientation qu'il développera comme metteur en scène indépendant après son départ de Berlin en 1978. On le retrouve ainsi au festival d'Avignon avec trois créations successives : Comme il vous plaira (1976), La Tragique Histoire d'Hamlet (1977) de Shakespeare, Le Cercle de craie caucasien de Brecht (1978). Il prend ensuite la direction de la Comédie de Genève en 1982, livrant la même année un spectacle mémorable qui lui vaudra son plus grand succès : L'Oiseau vert. L'adaptation et la réalisation de la pièce de Carlo Gozzi illustrent de la plus brillante manière l'expression d'un style, dont l'esthétique, le jeu, le dispositif scénique et l'utilisation des masques (avec ses complices Jean-Marc Sthelé et Werner Strub) nourrissent avec vigueur, truculence et magie cette fable allégorique. Après avoir quitté Genève en 1989, Besson poursuit ses mises en scène avec les textes de son épouse Coline Serreau ( [...]

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Pour citer cet article

Jean CHOLLET. BESSON BENNO (1922-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HEIN CHRISTOPH (1944- )

    • Écrit par Nicole BARY
    • 1 242 mots

    Lorsque Christoph Hein reçut en 1982 le prix Heinrich Mann, l'écrivain Peter Hacks le présenta dans sa laudatio comme une exception : dramatique dont les romans sont des succès, un romancier doué pour l'écriture dramatique. À l'époque, Peter Hacks ne pouvait pas savoir que l'auteur se révélerait...

  • MÜLLER HEINER (1929-1995)

    • Écrit par Jean-Pierre MOREL
    • 2 589 mots
    • 2 médias
    ...dirigeants, un crédit plus grand sur le plan international, un espoir de voir liquider l'héritage stalinien. Dans ce climat meilleur, Ruth Berghaus et Benno Besson œuvrent à la « réhabilitation » de Müller : le Berliner Ensemble (fondé par Brecht) lui commande et crée Ciment (1973), tiré d'un roman...

Voir aussi