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ANTELAMI BENEDETTO (1150 env.-env. 1230)

Sculpteur italien. Benedetto Antelami serait né à Gênes d'une famille de maçons et de tailleurs de pierre. Très jeune, il aurait fait un voyage en Provence, et il n'est pas exclu qu'il ait alors fait son apprentissage de sculpteur sur le chantier de Saint-Trophime d'Arles où travaillaient de nombreux « Lombards » (on désignait globalement sous ce terme tous les habitants du nord de l'Italie). Après un bref retour à Gênes, il aurait visité l'Émilie et la Lombardie avant de s'établir à Parme. En 1178, il acheva le pontile (jubé) de la cathédrale de Parme. Dix ans plus tard, il aurait été appelé en tant qu'architecte à Borgo San Donnino (aujourd'hui Fidenza) pour reconstruire le chevet de la cathédrale, centre important de pèlerinage. Mais les travaux auraient été rapidement interrompus et notre sculpteur aurait entrepris un long périple qui l'aurait conduit de nouveau en Provence, puis à Perpignan et à Saint-Jacques-de-Compostelle et enfin en Île-de-France, où il aurait visité Saint-Denis et Chartres. De retour à Parme, il se vit confier en 1196 la construction et la décoration du nouveau baptistère, tâche à laquelle il se consacra pendant plus de vingt ans. Mais à partir de 1210, des difficultés financières l'obligèrent à ralentir l'activité de ce chantier, et il aurait profité de ses loisirs forcés pour reprendre ses travaux à Borgo San Donnino. L'état de guerre général qui régna en Émilie à partir de 1218 l'aurait poussé à accomplir un troisième voyage en France lui fournissant l'occasion de voir Laon, Vaucelles et Saint-Yved de Braine. Dès 1219, il aurait été de retour en Italie et c'est à Vercelli, à l'église Sant'Andrea et à la chaire de la cathédrale, que l'on trouverait peu avant 1230 les dernières traces de son activité.

Cette biographie, incroyablement précise pour un artiste médiéval, peut surprendre ceux qui savent que le nom de Benedetto Antelami n'est connu que par un unique document : l'inscription d'un bas-reliefs représentant la Descente de Croix, vestige probable d'un ambon ou d'un jubé conservé dans la cathédrale de Parme, le mentionne en effet comme sculpteur et fournit la date de 1178. Une autre inscription, à la porte nord du baptistère voisin (1196), mentionne simplement un sculpteur du nom de Benedetto. C'est la critique moderne et, en particulier, les travaux de Geza de Francovitch (Benedetto Antelami, 2 vol., Milan-Florence, 1952) qui ont ressuscité la personnalité de cet artiste à l'œuvre abondant, original mais sensible aux influences extérieures, génial mais toujours en progrès, personnel et néanmoins divers. Son influence aurait été considérable, en Émilie principalement, et, dans une certaine mesure, on peut considérer l'art « antélamique » comme l'expression la plus originale du premier art gothique italien.

— Jean-René GABORIT

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Écrit par

  • : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre

Classification

Pour citer cet article

Jean-René GABORIT. ANTELAMI BENEDETTO (1150 env.-env. 1230) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉMILIE

    • Écrit par Noëlle de LA BLANCHARDIÈRE
    • 2 403 mots
    • 2 médias
    ...travaille maître Niccolo (xiie siècle) qui préfère le pittoresque familier aux mystères du sacré. Mais le grand maître de la sculpture romane est Benedetto Antelami (1150 env.-1225 env.) : la Descente de croix de la cathédrale de Parme émerveille par son calme et sa noblesse. Il y a chez l'artiste...
  • GOTHIQUE ART

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 14 896 mots
    • 27 médias
    En Italie, le passage entre l'art roman et l'art gothique prend sa véritable dimension avec la puissante personnalité d'Antelami. Dans la Déposition de Croix (cathédrale de Parme), signée et datée de 1178, il marque une adhésion totale à la plastique romane telle qu'elle est définie à Saint-Gilles-du-Gard....
  • ROMAN ART

    • Écrit par Marcel DURLIAT
    • 20 556 mots
    • 19 médias
    ...qui ont été produites par divers centres espagnols contemporains. Elles ont contribué à la formation de maître Mathieu, l'auteur du porche de la Gloire de la cathédrale de Compostelle, et davantage encore de celle de Benedetto Antelami, dont le génie domine la dernière sculpture romane italienne.

Voir aussi