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SCHROEDER BARBET (1941- )

En 2017, la sortie du Vénérable W. et la rétrospective intégrale de la filmographie de Barbet Schroeder au Centre Georges-Pompidou (avril-juin) ont mis en évidence l’originalité d’une œuvre – production et réalisation – conduite sur trois continents, aux marges du documentaire et de la fiction.

Barbet Schroeder - crédits : Eric Robert/ Sygma/ Getty Images

Barbet Schroeder

Né le 26 août 1941 à Téhéran d’un père suisse et d’une mère allemande, Barbet Schroeder passe son enfance en Colombie et son adolescence à Paris. Alors qu’il est inscrit en philosophie à la Sorbonne, il intègre le groupe des Cahiers du cinéma et décide d’assurer, presque sans argent, la production des deux courts-métrages des Contes moraux d’Éric Rohmer : La Boulangère de Monceau (1962) et La Carrière de Suzanne (1963). En 1964, il fonde les Films du losange pour produire Paris vu par (1965), un film manifeste à sketches réalisé en 16 millimètres par Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Jean Douchet, Éric Rohmer, Jean Rouch et Jean-Daniel Pollet, et qui montre qu’un petit budget peut assurer la liberté créatrice et donc la pérennisation de la nouvelle vague. Jusqu’aux années 1980, il produira encore les quatre autres longs-métrages de la série des Contes moraux de Rohmer, ainsi que La Marquise d’O et Perceval le Gallois, parallèlement à quelques films de ses amis Jacques Rivette, Jean-Daniel Pollet, Jean-François Stévenin, Marguerite Duras ou Werner Schroeter. À la fin des années 1960, il fonde Sunchild Productions, une autre société réservée à ses réalisations personnelles.

En immersion

À chaque fois, le cinéaste s’immerge profondément dans ses sujets. La nature du tournage ne se dégage que dans un second temps, parfois dicté par les circonstances. Dans La Vallée (1972), la fiction se réduit à un fil anecdotique laissant toute sa force au contact direct avec la tribu de Mapuga. Maîtresse (1975) part de données documentaires sur l’univers du sadomasochisme pour aboutir à une fiction des plus folles. Inversement, Schroeder peut travailler longtemps sur un scénario imaginant les rapports d’un gorille et d’une femme avant, finalement, de tourner un documentaire – Koko legorille qui parle (1977) – avec l’étudiante en psychologie rencontrée pour la préparation du projet initial. Il enregistre douze heures d’entretiens avec le romancier Charles Bukowski pour écrire le scénario de Barfly (1987), film consacré à l’emprise de l’alcool, comme More (1969) l’avait été à la drogue et Tricheurs (1983) au jeu. De l’audacieux portrait du Général Idi Amin Dada (1974) à Barfly,interprété par Mickey Rourke et Faye Dunaway, le cinéaste impose un regard de moraliste tandis que More, réalisé à partir d’une situation conventionnelle (Ibiza au temps du mouvement hippie), saisit sur le vif les aspirations d’une jeunesse  « post-1968 » inventant une nouvelle manière de vivre. Schroeder fait d’ailleurs confiance au spectateur : le dictateur ougandais exécute un numéro de clown bourré de mensonges, mais chacun saura y voir la figure d’un être sanguinaire.

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

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Pour citer cet article

René PRÉDAL. SCHROEDER BARBET (1941- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Barbet Schroeder - crédits : Eric Robert/ Sygma/ Getty Images

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