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ROA BASTOS AUGUSTO (1917-2005)

« J'ai commencé à écrire en exil ; la seule façon de maintenir un lien avec mon pays était la littérature. Ce n'est pas seulement ma vie, mais aussi mon œuvre qui est marquée par cette empreinte déchirante de l'exil. Je ne m'en plains pas, bien au contraire. Je dois à l'exil d'innombrables révélations. En dépit des tristesses qu'il m'a causées, sans l'exil je ne serais jamais devenu écrivain. »

La guerre et l'exil

L'exil, en effet, est au cœur de la destinée de cet écrivain paraguayen d'une renommée universelle. D'origine métisse, portugaise et guarani, il naît le 13 juin 1917, à Asunción. Iturbide, village de la région du Guairá, où se déroule son enfance, sera le décor de plusieurs de ses récits. À quinze ans, il prend part à la guerre du Chaco, contre la Bolivie (1932-1935). Après un séjour de deux ans à Londres, correspondant du journal El País d'Asunción, il se réfugie en Argentine pour fuir un coup d'État militaire (1947) ; il y restera trente ans. Une pièce de théâtre (La Carcajada, 1930) et des poésies (El Ruiseñor de la aurora y otros poemas, 1942 ; El Naranjal ardiente, 1960) inaugurent sa carrière d'écrivain. En 1953, il publie un recueil de nouvelles, El Trueno entre las hojas, où la lutte pour la vie des populations indigènes du Paraguay est évoquée avec intensité. Hijo de Hombre (1960, Fils d'homme) se compose d'une suite de récits, situés dans diverses régions du Paraguay. En une sorte de kaléidoscope sont évoqués les bourgades misérables où la magie, les miracles et les superstitions se mêlent aux crimes et aux viols ; le labeur exténuant des peones dans les plantations de maté ; les répressions sanglantes qui suivent les révoltes agraires ; les scènes de haine et de terreur qui accompagnent la guerre du Chaco. Sous un titre aux échos bibliques, ce chant de la « douleur paraguayenne » dénonce une réalité nationale, faite d'arbitraire, de violence politique, d'instabilité économique, de conflits sociaux, qui seront exacerbés sous la dictature du général Stroessner (1954- 1989). Ces thèmes vont informer de nombreux écrits de l'écrivain, ardent défenseur de la cause des pauvres, paysans ou Indiens Guaranis, exploités par les classes dominantes (Los Pies sobre el agua, 1967 ; Madera quemada, 1967 ; Moriencia, 1967 ; Cuerpo presente y otros cuentos, 1971 ; Contar un cuento y otros relatos, 1984).

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Pour citer cet article

Bernard SESÉ. ROA BASTOS AUGUSTO (1917-2005) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MOI, LE SUPRÊME, Augusto Roa Bastos - Fiche de lecture

    • Écrit par Ève-Marie FELL
    • 902 mots

    Né à Asunción au Paraguay, Augusto Roa Bastos (1917-2005) connaît une enfance campagnarde, marquée par le bilinguisme espagnol-guarani propre à la culture populaire du pays. Il a seize ans lorsque éclate la terrible guerre du Chaco qui saigne à blanc le pays. Roa Bastos abrège ses études et...

  • AMÉRIQUE LATINE - Littérature hispano-américaine

    • Écrit par Albert BENSOUSSAN, Michel BERVEILLER, François DELPRAT, Jean-Marie SAINT-LU
    • 16 898 mots
    • 7 médias
    ...Cathédrale) de Vargas Llosa, El recursodelmétodo (1974, Le Recours de la méthode) de Carpentier, Yo, el Supremo (1974, Moi, le Suprême) du Paraguayen Augusto Roa Bastos, roman d'une stupéfiante virtuosité linguistique, El otoñodelpatriarca (1975, L'Automne du patriarche) de Gabriel García...

Voir aussi