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ATHANASE D'ALEXANDRIE (295-373)

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La théologie d'Athanase

À vrai dire, bien que défenseur du dogme de Nicée, Athanase ne s'habituera que peu à peu à la notion de « consubstantiel ». Ses premiers écrits, les Discours contre les ariens, préfèrent parler de la parfaite similitude entre le Père et le Fils. Ce n'est qu'à partir de 351 (De decretis synodi Nicaenae) qu'Athanase prendra vraiment parti en faveur du « consubstantiel » et qu'il affirmera une unité d'être – substance ou hypostase – entre le Père et le Fils. Jamais d'ailleurs il n'admettra, comme son ami Marcel d'Ancyre, une préexistence du Fils au sein du Père inengendré. Pour lui, la génération du Fils, et donc sa distinction d'avec le Père, est éternelle. La génération est à ses yeux une réelle production. Mais elle est un acte de la nature et de la substance divine et non pas seulement le résultat d'une décision de la volonté du Père. C'est précisément parce qu'elle est « naturelle » que la génération est « consubstantielle ». Il y a entre le Père et le Fils identité de nature. La force de l'argumentation d'Athanase, ce qui lui a valu son succès, c'est qu'elle se place dans la perspective de la doctrine du salut. L'homme ne serait pas sauvé si le Christ n'était pas pleinement Dieu. En effet, le salut n'est autre que la divinisation de l'humanité ; le Verbe de Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu. C'est là le centre de la pensée athanasienne. Il y a là une conception très platonicienne du christianisme, qui se manifeste d'ailleurs dans ses écrits apologétiques (Contre les païens et Sur l'Incarnation du Verbe). L'union du Logos, du Verbe de Dieu avec l'homme Jésus fait que l'humanité tout entière est en quelque sorte « verbifiée » (Contra arianos, III, 33) et ainsi ramenée à la connaissance du monde intelligible, en connaissant Dieu par le Verbe de Dieu lui-même.

Athanase est une de ces personnalités historiques qui, presque seules contre leur époque, finissent par faire triompher une idée, donnant un cours nouveau à l'histoire.

— Pierre HADOT

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Pour citer cet article

Pierre HADOT. ATHANASE D'ALEXANDRIE (295-373) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • TRINITÉ

    • Écrit par
    • 3 124 mots
    Arius heurtait ainsi des aspirations très profondes dont on trouve l'expression théologique dans le traité Sur l'incarnation du Logos (v. 318) d'Athanase. Pour Athanase, le Logos est devenu homme afin que les hommes deviennent dieux. Le péché avait voué les hommes à une corruption...