Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RESTAURATION (art contemporain)

  • Article mis en ligne le
  • Écrit par et

Veille technologique et solutions au cas par cas

Le troisième domaine, enfin, est celui de l'obsolescence technologique. Elle concerne toute œuvre à caractère ou composante « technologique », autrement dit tout dispositif mécanique, électrique, électronique, audiovisuel, informatique, etc. Historiquement, certains moments se signalent par une utilisation accrue des technologies traditionnellement absentes du champ des beaux-arts : premières expériences sur le son et la lumière des avant-gardes des années 1910 à 1930 ; art optique et cinétique des années 1950-1960 ; essor de la présence des technologies de l'image et du son (audiovisuel) dans le champ des arts plastiques dès la fin des années 1950 ; utilisation des technologies de l'informatique à partir des années 1980. Concrètement, dans les musées, le domaine d'application de l'obsolescence technologique concerne avant tout les œuvres (souvent des installations) que l'on peut qualifier de « technologiques » (technology-based) ou de « médiatiques » (media-based). À cet égard, l'ensemble de la production de Nam June Paik constitue un cas d'école. Plus particulièrement, les différents états correspondant aux restaurations successives de Buddha's Catacomb (1974, musée des Sables-d'Olonne, hors-texte p. xxx) montrent bien qu'il n'existe pas dans ce cas de solution idéale unique, mais que selon les critères privilégiés (l'apparence visuelle ou la logique présidant à la réalisation de l'œuvre, par exemple) et les solutions techniques disponibles, des choix fondamentalement différents peuvent être également considérés comme valables. Plus généralement, les collections contemporaines sont affectées par l'obsolescence des technologies de l'image et du son : diapositives, cassettes audio, films argentiques et vidéos analogiques. Dès lors, les musées s'emploient le plus souvent à prolonger, dans la mesure du possible, l'existence de ces technologies en acquérant, en stockant et en maintenant un matériel considéré comme désuet, tout en procédant à des opérations de numérisation pour faciliter la diffusion des œuvres. Mais l'aspect et les propriétés esthétiques des œuvres s'en trouvent nécessairement modifiés.

L'étude des problématiques de conservation-restauration spécifiques à l'art contemporain est à ce jour une discipline émergente qui repose sur un paradoxe. L'art contemporain s'est construit autour de la critique du savoir-faire et de la virtuosité, autrement dit de la maîtrise des matériaux et des techniques. Soucieux de ne pas restreindre l'art à ses procédés techniques, les historiens et les théoriciens, les artistes et les professionnels de la conservation-restauration, ont relégué au second plan l'aspect matériel et technique des œuvres. Reconsidérer l'histoire de l'art du xxe siècle à l'aune de l'histoire des techniques et de la technologie apparaît dès lors comme un enjeu historiographique majeur.

— Cécile DAZORD

— Marie-Hélène BREUIL

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeure d'histoire de l'art, cursus conservation-restauration des œuvres sculptées à l'École supérieure des beaux-arts de Tours
  • : conservatrice du patrimoine, chargée de l'art contemporain, Centre de recherche et de restauration des musées de France

Classification

Pour citer cet article

Marie-Hélène BREUIL et Cécile DAZORD. RESTAURATION (art contemporain) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le