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RESTAURATION (art contemporain)

En simplifiant, on peut avancer que l'art moderne cesse et que l'art contemporain commence lorsque la production artistique échappe à la catégorisation traditionnelle des beaux-arts (peinture, sculpture, arts graphiques et, plus récemment, photographie). Depuis le début du xxe siècle, le champ de l'activité artistique n'a cessé de s'étendre au point de n'admettre sur le principe aucune forme ni espèce de limitation.

Un des objectifs de la conservation-restauration est la transmission des biens culturels aux générations futures. La conservation préventive agit sur l'environnement d'une œuvre, la restauration intervient directement sur l'objet pour prévenir ou remédier à une dégradation ou altération (on parle également de conservation « curative »). Le terme plus général de préservation concerne l'ensemble de ces opérations.

La discipline se fonde, à ce jour, sur les catégories traditionnelles des beaux-arts. L'approche des problématiques de conservation-restauration de l'art contemporain se place donc, avant tout, dans une perspective de réévaluation des principes fondateurs de la discipline qui conduit, logiquement, à la mise en place de nouvelles pratiques, méthodes et procédures.

Réévaluation des principes de la discipline

Le déplacement de l'authenticité de l'œuvre vers l'intention de l'artiste, le concept ou le processus d'élaboration constitue un apport significatif de l'art contemporain. Dans ce contexte, l'originalité ne réside plus dans la trace du geste, ce qui permet la répétition, voire la réédition. Depuis les années 1960, dans le sillage notamment de l'art conceptuel ou de Fluxus, l'œuvre peut exister sans être nécessairement réalisée ; l'exécution peut éventuellement être déléguée par le biais de protocoles, d'instructions écrites, dessinées ou orales. Ce questionnement de la notion d'auteur conduit à ne plus penser la préservation des œuvres uniquement dans le champ strict de la restauration, mais également du côté de la reproductibilité ou de l'interprétation. L'importance grandissante de la documentation, qui constitue parfois le seul élément matériel acquis et conservé, a induit une muséification problématique (voire abusive) d'éléments dont le statut et les usages restent à définir.

L'intégrité d'une œuvre est questionnée dès lors qu'elle est réalisée avec des matériaux éphémères (notamment organiques), instables ou évolutifs. Le restaurateur se trouve alors confronté à un paradoxe et à un défi, celui de conserver ce qui, a priori, n'est pas conservable. La dégradation physique des matériaux peut être originelle ou intentionnelle et parfois intégrée comme un processus constitutif de l'œuvre. Le terme altération doit également être reconsidéré à propos d'œuvres conçues à partir de matériaux recyclés ou de works in progress (œuvres évolutives) dont l'apparence n'est pas figée. Ainsi, la notion de réversibilité du traitement, principe déontologique premier du restaurateur, ne peut pas toujours être respectée ; quant au principe de compatibilité des matériaux de restauration avec ceux des œuvres, il se révèle parfois difficile à maintenir, dès lors que les matériaux d'origine sont eux-mêmes incompatibles entre eux en termes de conservation. L'œuvre de Zoe Leonard Strange Fruit (for David) (1992-1997, Philadelphia Museum of art), composée d'épluchures de fruits, ou les œuvres de Jean Tinguely, constituées de matériaux de récupération (L'enfer, un petit début, 1984-1991, Centre Georges-Pompidou, Paris), sont emblématiques des nouveaux défis auxquels se voient confrontés les conservateurs-restaurateurs dans le champ de l'art contemporain.

La diversification sans limite et sans[...]

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Écrit par

  • : professeure d'histoire de l'art, cursus conservation-restauration des œuvres sculptées à l'École supérieure des beaux-arts de Tours
  • : conservatrice du patrimoine, chargée de l'art contemporain, Centre de recherche et de restauration des musées de France

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