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BOURSEILLER ANTOINE (1930-2013)

Acteur, metteur en scène et animateur de théâtre, Antoine Bourseiller est né à Paris le 2 juillet 1930. Il se fait connaître par la présentation d'œuvres oubliées du xviie siècle, telles la Marianne de Tristan l'Hermite et La Mort d'Agrippine de Cyrano de Bergerac. En 1960, il remporte le premier prix du concours des jeunes compagnies dramatiques professionnelles. Il prend alors la direction du Studio des Champs-Élysées, où il part à la recherche d'auteurs nouveaux tout en assurant quelques mises en scène remarquables d'ouvrages plus éclectiques. Il est alors attiré par des œuvres généreuses et parfois inachevées où son goût pour la virtuosité et le baroque, le côté provocant de son talent peuvent se donner libre cours. Parfois sans nécessité, il aime l'expressionnisme visuel, le poétique mystérieux soutenu par des ambiances décoratives et sonores. Doué et intelligent, il a parfois donné l'impression de se livrer à des exercices de style un peu tapageurs et d'un esthétisme agressif. Cependant, ce goût du mystère et du jeu de théâtre a souvent rencontré des œuvres fortes, soutenues par une direction d'acteurs juste et pleine de rigueur. On verra de François Billetdoux, en 1967, Va donc chez Thorpe, où le goût du bizarre et du délirant se donne libre cours ; Bourseiller sait jouer de l'émotion voilée et discrète. En 1967, sa mise en scène de Dans la jungle des villes, de Bertolt Brecht, est un des spectacles les plus discutés. Puis vient Axel, de Villiers de L'Isle-Adam. En 1965, Bourseiller dirige le théâtre de Poche-Montparnasse ; il y monte Victimes du devoir de Ionesco, et les premières pièces de l'auteur polonais Sławomir Mrożek, ainsi que Le Métro fantôme de Leroi Jones. Cette vocation de théâtre de laboratoire, Bourseiller l'assume jusque sur la scène du T.N.P. où il monte, en 1968, La Baye de Philippe Adrien, dans une mise en scène insolite. En 1966 déjà, il avait donné une œuvre d'un jeune poète, Jean Audureau : À Memphis il y a un homme d'une force prodigieuse. Directeur de l'Action culturelle du Sud-Est de 1966 à 1975, Bourseiller poursuit sa recherche à Marseille, où il monte Le Balcon de Jean Genet, un texte aux séductions voyantes. Il fut moins heureux quand il s'est fait l'auteur d'un Oh ! America resté au niveau de la parade de luxe, après l'America Hurrah ! de Jean-Claude Van Italie qui donnait déjà dans le folklore à la mode. Son goût pour la sophistication, son plaisir de jouer des facilités étaient sensibles dans le Dom Juan de Molière qu'il a mis en scène en 1967 au Théâtre-Français. De 1980 à 1982, Antoine Bourseiller a dirigé le théâtre d'Orléans puis, à partir de 1983, l'opéra-théâtre de Lorraine, à Nancy. Là, il met notamment en scène Wozzeck d'Alban Berg (1981), La Cantate d'octobre de Prokofiev (1985), Don Giovanni de Mozart (1991), Billy Budd de Benjamin Britten (1993), Lohengrin de Wagner (1994), Kátya Kabanová de Janácek (1995). Après avoir quitté l’opéra-théâtre de Nancy, il a dirigé les Soirées d’été de Gordes (1994-2000) et le théâtre de Tarascon (2002-2005).

— Armel MARIN

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Écrit par

  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

Classification

Pour citer cet article

Armel MARIN. BOURSEILLER ANTOINE (1930-2013) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • THÉÂTRES DE LA RIVE GAUCHE

    • Écrit par Colette GODARD
    • 1 968 mots

    Alors que, sur la rive droite, le Boulevard visait et obtenait les grosses recettes, alors que prenait forme, avec éclat au T.N.P., plus difficilement en province, un théâtre à vocation populaire, quelques pauvres petites salles, presque toutes situées sur la rive gauche de la Seine...

Voir aussi