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LOWELL AMY (1874-1925)

Femme de lettres plutôt que poète, l'Américaine Amy Lowell doit surtout sa renommée à la querelle retentissante qui l'opposa à Ezra Pound en 1914. Riche héritière et femme d'affaires avisée, elle pouvait également revendiquer le privilège d'appartenir à une famille prospère à plus d'un titre puisque le poète James Russell Lowell (1819-1891) avait, en quelque sorte, tracé la voie royale où Amy Lowell voulait s'engager.

Pour son infortune, elle publia son premier recueil, Un édifice aux verres multicolores (A Dome of Many-Coloured Glass) en 1912, l'année même où Harriet Monroe lançait à Chicago la revue Poetry, qui allait, sous l'impulsion de Pound, modifier de façon radicale la voix poétique. La critique fut sévère et ne manqua pas de souligner combien ces poèmes étaient timides, pour ne pas dire insipides. Amy Lowell versa quelques pleurs puis entreprit de s'informer. L'enquête, rondement menée, lui apprit bien vite qu'en 1913 il fallait être imagiste. Un an plus tard, avec son second recueil, Lames d'épées et graines de pavot (Sword Blades and Poppy Seed), elle offrait sa « prose polyphonique » ; en même temps, à l'aide d'une publicité maladroite, elle se proclamait elle-même « la première imagiste ». De Londres, Pound protesta : l'imagisme n'est plus qu'« amygisme », le mouvement initial est devenu caricature. Mais Amy Lowell ne s'en préoccupa guère ; elle continua à écrire avec ténacité, obstination, se servant habilement de ce que Pound lui avait néanmoins appris pour mener une carrière mi-littéraire, mi-mondaine qui l'épuisait et la satisfaisait tout ensemble.

Personnage paradoxal, Amy Lowell n'est pas dénuée de curiosité intellectuelle : son œuvre révèle un certain goût pour l'exploration technique de nouveaux procédés en même temps qu'elle ne cesse de reprendre en écho les grandes voix du passé. Alfred Kreymborg a bien su définir cette femme redoutable et pourtant si fragile en une phrase incisive : « Amy Lowell avait bien des talents mais nul génie. »

— Laurette VÊZA

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Pour citer cet article

Laurette VÊZA. LOWELL AMY (1874-1925) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • IMAGISTES

    • Écrit par Henri FLUCHÈRE
    • 2 159 mots
    • 2 médias
    ...tard, Pound fit paraître la première anthologie intitulée Des Imagistes, qui contenait des poèmes de R. Aldington, H. D., F. S. Flint, Skipwith Cannel, Amy Lowell (1874-1925) – américaine –, William Carlos Williams (1883-1963) – américain –, James Joyce (1882-1941), Ezra Pound, Ford Madox Ford,...

Voir aussi