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ALLIANCE POUR LE PROGRÈS

Créée le 13 mars 1961 à Washington, l'Alliance pour le progrès (Alianza para el progreso) est lancée en août par la conférence de Punta del Este qui définit ses objectifs et ses organes d'exécution. L'effort entrepris s'inscrit dans la ligne politique inaugurée par les États-Unis, en 1895, lors de la première conférence panaméricaine de Washington et prolongée juridiquement par l'adoption en avril 1948 de la charte de l'Organisation des États américains (O.E.A.).

Cette initiative a été provoquée par la démarche du président brésilien Kubitschek qui lança l'idée d'une collaboration économique interaméricaine et, l'exposant en 1958 dans un mémoire transmis à vingt et un gouvernements, provoqua la réunion du « comité des 21 » à Washington en novembre 1958. Après un temps de réticence, mais prenant en considération la menace (et l'attrait pour certains pays) que représentait la révolution réussie de Cuba en 1959, Washington prit à son tour l'initiative. En 1959 est créée la Banque interaméricaine de développement (B.I.D.) — au capital de 1 milliard de dollars dont 450 millions souscrits par les États-Unis — puis annoncé l'acte de Bogotá, programme d'amélioration sociale plus que de développement économique. Mais ce n'est qu'avec le président Kennedy qu'est envisagée une véritable coopération économique des États d'Amérique : le 5 août 1961, à Punta del Este, se réunit le Conseil interaméricain économique et social (C.I.E.S.). Le secrétaire d'État américain au Trésor, Douglas Dillon, expose un plan de financement s'élevant à 20 milliards de dollars dont l'attribution des fonds passe par le canal de la B.I.D. ; 53 p. 100 des crédits de financement viendront des fonds publics américains, 15 p. 100 d'agences telles que le Fonds monétaire international et la B.I.D., 15 p. 100 de sources privées et publiques européennes et japonaises, le solde des pays intéressés. Ainsi se concrétise l'Alliance pour le progrès. Le représentant de Cuba à la conférence du C.I.E.S., le ministre de l'Économie, Ernesto Che Guevara, voit dans l'Alliance un plan dirigé contre le régime cubain, aussi préconise-t-il, dans son discours à la conférence, « la nationalisation de toutes les entreprises étrangères s'occupant d'agriculture et de commercialisation de produits agricoles en Amérique latine ». Le 17 août, est élaborée la Déclaration des peuples d'Amérique et la charte de Punta del Este. Celle-ci, signée par vingt et un pays — Cuba étant exclu —, est un ensemble de déclarations d'intentions mais elle n'établit guère de règles définissant la procédure de mise en œuvre de la coopération. La Déclaration des peuples affirme la nécessité de rendre en Amérique les institutions plus démocratiques par un développement économique et social effectif, de réaliser de véritables réformes agraires, d'élever le revenu moyen, de supprimer l'analphabétisme, de réformer les fiscalités et surtout d'imposer un effort général d'intégration économique ; quant à la charte, elle prévoit un accroissement annuel du revenu par habitant de 2,5 p. 100 et stipule que les plans nationaux seront soumis à un comité international qui formulera ses recommandations.

Dès 1962 apparaissent les premières difficultés. Tout d'abord, depuis août 1961, l'Alliance n'a reçu que 225 millions de dollars. S'ajoutent à cela les effets d'une conjoncture commerciale internationale défavorable : baisse des prix des matières premières ; fuite des capitaux étrangers, les investisseurs privés craignant que les réformes fiscales envisagées leur portent préjudice ; utilisation des crédits de l'Alliance pour remplacer certains prêts venant à échéance. En octobre 1962, au conseil de l'O.E.A. réuni à[...]

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. ALLIANCE POUR LE PROGRÈS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COLOMBIE

    • Écrit par Universalis, Marcel NIEDERGANG, Olivier PISSOAT, Clément THIBAUD
    • 13 648 mots
    • 5 médias
    ...(BID). Par ailleurs, dès les années 1960, les États-Unis jouèrent un rôle de premier plan dans l'investissement productif, notamment dans le cadre de l'Alliance pour le progrès (initiative pour une coopération économique interaméricaine mise en place en 1961), dont la Colombie devint la vitrine...
  • PANAMÉRICANISME

    • Écrit par René Jean DUPUY
    • 4 068 mots
    • 3 médias
    Ce programme fut repris par le président J. F. Kennedy, qui l'exprima dans l'Alliance pour le progrès. Déjà, en 1959, avait été créée la Banque interaméricaine de développement, afin de favoriser les investissements des capitaux publics et privés et, en 1960, le Fonds des opérations spéciales...
  • PARAGUAY

    • Écrit par Rubén BAREIRO-SAGUIER, Universalis, Renée FREGOSI, Sylvain SOUCHAUD
    • 13 271 mots
    • 5 médias
    ...politiques tendant à structurer une nouvelle base sociale inféodée au gouvernement. Il ne faut pas oublier que la nouvelle politique nord-américaine de l'«  Alliance pour le progrès » oblige les gouvernements sud-américains à pratiquer une politique « d'ouverture démocratique » s'ils veulent bénéficier de ce...
  • PUNTA DEL ESTE CONFÉRENCES DE (1961 et 1967)

    • Écrit par Jean MAILLET
    • 320 mots

    La première Conférence de Punta del Este (Uruguay), qui réunit en 1961 les États membres de l'Organisation des États américains, fut marquée par la signature de la Charte créant l'Alliance pour le progrès. Ce pacte fut présenté par le président Kennedy comme l'instrument de nouveaux...

Voir aussi