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PELLAN ALFRED (1906-1988)

Considéré, avec Paul-Émile Borduas, comme l'un des peintres canadiens les plus importants de sa génération, Alfred Pellan est fortement marqué par les grandes tendances de l'avant-garde parisienne, qu'il côtoiera pendant près de quinze ans (entre 1926 et 1940). Ses premières œuvres, surtout des natures mortes, s'inscrivent dans une forme de cubisme académique, où se lisent, outre l'influence de Picasso, celles de Matisse et de Bonnard. Pellan évolue ensuite vers un style plus personnel, souvent qualifié de surréaliste, et qui s'apparente à celui de Joan Miró, d'André Masson et surtout de Max Ernst, auquel le lie une profonde amitié.

D'un trait libre et spontané qui détermine les contours, sur des fonds parfois rehaussés de matériaux insolites tels que sables, fragments minéraux et végétaux, où alternent en équivalence et en contraste des tonalités violentes, Pellan élabore un monde imaginaire. Souvent parfaitement lisible, il est peuplé d'architectures et de silhouettes féminines (Sur la plage, 1945, Galerie nationale du Canada, Ottawa ; La Chouette, 1954, Musée national d'art moderne, Paris), mais aussi d'une végétation luxuriante et fantastique (la série des Jardins, 1958), dont la complexité des signes frôle parfois l'abstraction. Cependant, et il est important de le souligner, Pellan emprunte beaucoup plus aux données extérieures du surréalisme, en particulier à son iconographie, qu'il n'en adopte les idées profondes, et un conflit violent l'opposera à Borduas et au groupe des automatistes, lorsque ceux-ci feront paraître leur manifeste Refus global. La qualité décorative des œuvres de Pellan, la grande robustesse de son tempérament et la sûreté de son geste le portent vers de vastes compositions, et l'entraînent tout naturellement vers l'art du vitrail et vers la décoration murale, où ses motifs imaginaires hautement colorés envahissent l'espace et tendent à créer un environnement (City Center Building, Montréal, 1957 ; Aérogare de Winnipeg, 1963). Néanmoins, le dessin — souvent en couleurs dans sa dernière période — et l'illustration n'ont jamais cessé de représenter une part importante de son œuvre. Celle-ci est marquée, d'un bout à l'autre de sa carrière, par un surréalisme décoratif, peuplé dans les dernières années, d'un bestiaire imaginaire.

— Maïten BOUISSET

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Pour citer cet article

Maïten BOUISSET. PELLAN ALFRED (1906-1988) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CANADA - Arts et culture

    • Écrit par Andrée DESAUTELS, Roger DUHAMEL, Marta DVORAK, Universalis, Juliette GARRIGUES, Constance NAUBERT-RISER, Philip STRATFORD
    • 24 894 mots
    • 3 médias
    ...Société d'art contemporain, qui a pour but la diffusion de l'art d'avant-garde. Cet événement est suivi en 1940 par le retour au Canada d' Alfred Pellan après un séjour de quatorze ans à Paris. Sa peinture, bien que témoignant d'éclectisme, est alors perçue comme la source d'un renouveau sans...

Voir aussi