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AYER ALFRED JULES (1910-1989)

Né en 1910, professeur de logique à Oxford, A. J. Ayer fut tout d'abord, dans les pays anglo-saxons, le meilleur artisan de cette forme extrême d' empirisme qu'est le positivisme logique. Son premier livre (1936), programmatique et d'emblée classique, en offre un vigoureux exposé, avec un rare mélange de lucidité et d'ardeur. Comme son œuvre est d'un seul tenant, l'orchestration des idées sera plus soutenue avec le temps, leur expression plus prudente, mais les arguments essentiels ne seront jamais invalidés.

Le principe de vérification

En fait, l'originalité de Language, Truth and Logic tient pour beaucoup dans un double mérite, qui donne la clé de son évolution jusqu'à « Metaphysics and Common Sense » (1964) : souligner une indiscutable connexion historique, réussir une indispensable traduction. Les savants, disciples antimétaphysiciens de Mach, qui entouraient M. Schlick étaient peu soucieux d'histoire de la philosophie ; Ayer inscrivit dans la tradition empiriste de Hume et Berkeley les thèses majeures du Cercle de Vienne, considérées comme son aboutissement logique. De plus, en soulignant les liens évidents qui le rattachent au Russell des Principia et au Wittgenstein de Some Remarks on Logical Form, Ayer opérait la conjonction souvent pertinente du positivisme continental avec la philosophie analytique anglaise.

En sorte que son œuvre apparaît comme complémentaire de celle de Carnap. L'un s'efforce de réaliser le programme réductionniste de l'empirisme moderne (Aufbau), l'autre en jette systématiquement les bases philosophiques. Tous deux prennent acte de la situation faite à la physique après Einstein. Les concepts de cet ordre n'ont de sens que si l'on peut spécifier les opérations expérimentales destinées à les vérifier (définitions « opérationnelles » ; on ne procède pas différemment avec les constructions d'esprit logiciste de Russell, qui permettent de concilier une certaine idéalité des mathématiques avec le fondement empirique des sciences du réel). Tous deux, qui ont contracté à Vienne un goût extrême pour la science et un extrême dégoût pour la métaphysique, élaborent le critère qui doit permettre de les distinguer : le principe de vérification, dont l'histoire se confond assez bien avec celle du mouvement. Parallèlement à Carnap, Ayer va prendre position sur les difficultés internes ou externes, impasses ou paradoxes, auxquels donnent lieu tant son application que sa formulation et son statut.

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Pour citer cet article

Francis JACQUES. AYER ALFRED JULES (1910-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PHILOSOPHIE ANALYTIQUE

    • Écrit par Francis JACQUES, Denis ZASLAWSKY
    • 13 428 mots
    • 3 médias
    ...positivisme logique au début des années trente... Tandis qu'en Pologne Łukasiewicz et Kotarbiński gardaient leurs distances à l'égard du cercle de Vienne, Ayer réussit la conjonction avec la pratique analytique en sauvant le meilleur de la tradition empiriste anglaise. Le mouvement tente alors de se réfléchir...

Voir aussi