ADOLESCENCE

Déviance

Les adolescents sont souvent en proie à un sentiment d'impuissance du fait du peu de moyens dont ils disposent pour construire leur propre vie. Ils ont donc l'impression d'être en situation marginale et de ne jouer aucun rôle social clairement défini. Ils ont alors tendance à chercher ailleurs le respect auquel ils estiment avoir droit. Ils peuvent ainsi vouloir établir pour leur monde, où les adultes sont exclus, leurs propres règles et priorités et consacrer leur temps à poursuivre des activités irresponsables ou déviantes. Les cas de grossesse prématurée chez les adolescentes, qui ont tendance à se multiplier dans les classes paupérisées en pays riches (au Royaume-Uni et aux États-Unis notamment) peuvent ainsi s'expliquer par un besoin d'attention, de respect et d'un désir de maîtriser sa vie grâce à la maternité, tandis que les affrontements entre bandes rivales (de garçons ou de filles indistinctement) et les homicides commis par des mineurs surviennent lorsqu'une offense à l'un des membres du groupe ou une atteinte à son territoire a été commise.

Ces comportements déviants peuvent prendre de nombreuses formes. Les sentiments de frustration, d'injustice ou de colère peuvent conduire à des incivilités, à des dégradations de biens publics ou privés, ou encore à la délinquance et à la toxicomanie, mais surtout et prioritairement à l'abus d'alcool. La violence et les crimes existent bien sûr depuis la nuit des temps. Dans L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, Philippe Ariès observait qu'au xii^e siècle les enfants parisiens portaient des couteaux dès l'âge de sept ans pour se défendre.

De nos jours, la violence juvénile résulte souvent de l'ennui mêlé de révolte que ressentent les jeunes qui ne trouvent aucun but à leur vie. Les situations d'échec scolaire, l'absence de formation et de perspectives d'emploi livrent ainsi les jeunes des banlieues à la « galère », entre chômage, petits boulots et trafic, quand ce n'est pas à la révolte violente. Mais les quartiers riches dotés de nombreux équipements peuvent paraître aussi dépourvus d'intérêt aux yeux d'un adolescent. Les familles demeurant dans les quartiers résidentiels pensent que leurs enfants, ainsi préservés des dangers des zones à risque, seront heureux et grandiront en toute sécurité. Mais la sécurité et l'homogénéité peuvent être aussi très ennuyeuses.

Lorsqu'ils sont privés d'activités et abandonnés à eux-mêmes, de nombreux adolescents en arrivent à une situation extrême où le moyen pour eux de vivre intensément impliquera, selon les cas, de voler ou d'« emprunter » une voiture pour un rodéo nocturne, de casser les vitres de bâtiments publics ou d'incendier des véhicules, d'absorber des substances hallucinogènes, de se battre contre un ou une rivale, ou encore d'avoir des rapports sexuels non protégés, voire de commettre des viols.

Psychiatres, psychanalystes et psychologues ont réalisé d'innombrables études sur les troubles de l'adolescence. Dans de nombreux cas, les adultes (proches parents, éducateurs, travailleurs sociaux) sont en mesure d'apaiser certaines des frictions qui rendent les relations intergénérationnelles inutilement tendues. Toutes les études indiquent que les adolescents qui conservent une relation avec un modèle parental (parent ou autre) réussissent mieux que les autres à faire face à leurs difficultés.