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ACUPUNCTURE

Mécanismes d'action

Le problème n'est pas spécifique à l'acupuncture. Il rejoint celui des mécanismes des hypoalgésies par hyperstimulation. Une stimulation sensitive peut induire l'inhibition plus ou moins durable d'une douleur. On connaît l'utilisation antalgique des applications de froid, de chaud, des ventouses, du massage, des sinapismes.

Mécanismes neurophysiologiques

Inhibition segmentaire

De nombreux arguments indiquent que l'effet d'installation rapide correspond à la mise en jeu d'inhibitions pré- ou post-synaptiques s'exerçant au niveau spinal sur les cellules de relais des voies nociceptives (théorie du gate control de Melzack et Wall). Il ne fait guère de doute que l'électro-acupuncture puisse constituer un procédé susceptible d'activer les afférences tactiles de façon comparable à la neurostimulation transcutanée. Ce contrôle segmentaire serait indépendant de la libération d'endorphines.

Endorphines

Une étape a été franchie lorsqu'on a montré que des stimulations de fréquence basse et d'intensité élevée mettaient en jeu des substances morphinomimétiques endogènes : beta-endorphines, met-enképhalines. Divers arguments s'accumulent pour étayer cette théorie. Il a été montré que les effets inhibiteurs étaient bloqués par l'administration de naloxone, substance antagoniste des dérivés morphiniques (Mayer, 1977 ; Pomeranz, 1979). Dans le liquide céphalo-rachidien, une élévation de peptides morphinomimétiques a été dosée (Sjolund, 1977). L'administration de D phényl-alanine, substance inhibitrice de la carboxypeptidase, enzyme qui catabolise les endorphines, potentialiserait les effets de l'acupuncture (Takeshige, 1983). La destruction du noyau raphé magnus supprimerait l'effet hypoalgésiant de l'acupuncture (Chiang, 1979).

Le siège et le mécanisme de la libération des substances morphinomimétiques ne sont pas encore clairement établis. Le mécanisme le plus documenté concerne la mise en jeu de structures du tronc cérébral connues pour leur action analgésiante (substance grise périaqueducale, noyau raphe magnus). On pourrait ainsi expliquer une possible action à distance car les cellules de la formation réticulaire et de la substance grise périaqueducale possèdent une organisation somatotopique grossière. Le support physiologique serait un contrôle inhibiteur diffus exercé sur les neurones convergents de la corne dorsale de la moelle par une voie sérotoninergique descendante (Lebars).

Un élément de discussion concerne l'existence ou non d'un stress lors des stimulations de type acupuncture. On a décrit, en effet, que le stress pouvait provoquer un effet hypoalgésique. Lorsque le stress est prolongé, l'effet serait de type opioïde et s'épuiserait s'il est répété (phénomène de tolérance). À l'inverse, lorsque le stress est bref, l'effet ne serait pas opioïde. Le rôle du stress est à prendre en compte pour expliquer les effets de l'acupuncture. Il a été avancé que les effets hypoalgésiants de l'acupuncture ne pourraient être observés si les animaux ne manifestent pas un comportement d'agitation évocateur d'un stress (Galeano). D'autres équipes ont contesté cette observation (Han).

Mécanismes neuropsychologiques

Des hypothèses psychophysiologiques ont également été émises pour expliquer les effets hypoalgésiques de l'acupuncture. L'hypnose, la suggestion et l'effet placebo ont été proposés. Le faible pourcentage d'interventions chirurgicales réalisées en Chine sous acupuncture témoigne de l'importance de facteurs individuels. L'imprécision des critères de sélection des sujets candidats à une intervention sous acupuncture laisse à penser que des facteurs, telles la motivation, la croyance en la méthode sont déterminants. En laboratoire, les variations[...]

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Écrit par

  • : chef de travaux, assistant en neurophysiologie à l'hôpital Saint-Antoine, Paris

Classification

Pour citer cet article

François BOUREAU. ACUPUNCTURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Acupuncture - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Acupuncture

Autres références

  • CHINOISE (CIVILISATION) - La médecine en Chine

    • Écrit par Florence BRETELLE-ESTABLET
    • 8 482 mots
    • 2 médias
    ...et curatives dont la pharmacopée, le Huangdi Neijing et le Nanjing négligent les approches pharmaceutiques et mettent l'accent sur la saignée et l'acuponcture. L'origine de l'acuponcture comme des points d'acuponcture du Huangdi Neijing est inconnue. Mais il semble que des outils...
  • DOULEUR

    • Écrit par François BOUREAU, Jean-François DOUBRÈRE
    • 4 970 mots
    • 1 média
    Leterme acupuncture définit aujourd'hui des pratiques et des conceptions extrêmement différentes. Certaines restent imprégnées par la tradition chinoise antique, d'autres sont très proches des stimulations périphériques analgésiques. Les données actuelles permettent de comprendre comment certaines stimulations...
  • MÉDECINES ALTERNATIVES

    • Écrit par Bernard CHEMOUNY, Bernard POITEVIN
    • 1 653 mots
    • 3 médias
    L'acupuncture correspond à différentes pratiques qui vont de l'acupuncture traditionnelle à une acupuncture plus neurophysiologique, proche des techniques d'électrostimulation. Son principal domaine d'activité est le traitement de la douleur : lombalgies, cervicalgies, douleurs dentaires, myalgies. Elle...

Voir aussi