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TROISIÈME RÉPUBLIQUE

La montée des périls et la guerre (1905-1918)

Agitation sociale et alertes extérieures (1905-1912)

Rouvier, successeur de Combes, mena à bien la séparation des Églises et de l'État avec le concours d'un député élu en 1902, Aristide Briand, transfuge du syndicalisme révolutionnaire. Les cultes étaient libres, mais l'État les ignorait. Le pape Pie X ayant interdit la formation d'associations cultuelles, le clergé ne reçut pas les biens d'Église et occupa sans titre légal les édifices du culte. Une tentative d'inventaire du mobilier des églises dut être abandonnée : à Paris, les nationalistes, dans certaines campagnes, les habitants s'y opposant par la force. L'Église, privée de ses biens et des traitements concordataires (1905) mais libre vis-à-vis de l'État, allait connaître un nouvel essor.

Une grave crise internationale marque l'entrée dans une ère nouvelle. Vaincu en Mandchourie, le gouvernement du tsar était menacé par la révolution (1905). Guillaume II en profita pour essayer d'attirer Nicolas II dans son alliance et pour intimider la France isolée. Revendiquant à Tanger le droit de l'Allemagne à intervenir au Maroc, il exigea la démission de Delcassé. La Conférence d'Algésiras devait finalement écarter la menace de conflit (1906). Après l'élection d' Armand Fallières à la présidence, les élections de 1906 reconduisirent la majorité du Bloc, axée sur les radicaux. Les socialistes, divisés en partisans de Guesde et en partisans de Jaurès, s'unifièrent en refusant la participation, mais beaucoup d'entre eux demeurèrent à l'écart de la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière). Désormais opposés aux socialistes, les radicaux se trouvèrent déportés vers la droite. Clemenceau, « vieux débutant » de 65 ans à la présidence du Conseil qu'il occupe de 1906 à 1909, s'était proposé d'entreprendre des réformes sociales. En fait, il dut polémiquer contre Jaurès et affronter une grave agitation sociale. Sous l'impulsion des syndicalistes révolutionnaires, Griffuelhes et Pouget, la CGT (Confédération générale du travail), fondée en 1895 et constituée définitivement en 1902, engageait une intense agitation pour la journée de huit heures. La grève des mineurs à la suite de la catastrophe de Courrières, celle des postiers (1909), le soulèvement du Languedoc viticole (1907) sont les épisodes les plus notoires d'une suite de conflits, parfois marqués par des affrontements sanglants. Le droit des fonctionnaires à se syndiquer se trouvait posé sans recevoir de solution. Clemenceau, opposant de toujours, devenait le « premier flic de France ». en réalité, la CGT manquait d'effectifs et d'argent. Successeur de Clemenceau, Briand (1909-1911), qui connaissait le monde des syndicats, ne fut pas étranger à la démission de Griffuelhes (1909), que remplaça bientôt le jeune Léon Jouhaux, plus diplomate. En 1910, Briand triomphe d'une grève des cheminots. Le durcissement de l'État provoque une crise du syndicalisme révolutionnaire, dont les chefs se défient toujours des parlementaires socialistes ; en dépit des efforts de Jaurès pour aboutir à une action concertée, les syndicalistes s'en tiennent à la déclaration d'indépendance énoncée dans la Charte d'Amiens (1906).

Le Troisième Larron - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le Troisième Larron

Armand Fallières - crédits : La Documentation française. Photo Présidence de la République

Armand Fallières

Le régime parlementaire, la « République des députés », fait toujours l'objet de critiques virulentes. Le relèvement massif et rapide de l'indemnité parlementaire en 1906 parut révélateur d'un milieu de politiciens professionnels qui avait accaparé l'État à la faveur du règne du Bloc. Contre les radicaux, droites et socialistes réclamaient l'établissement de la représentation proportionnelle et la réforme des institutions. Née de l'antidreyfusisme, l'Action[...]

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Pour citer cet article

Louis GIRARD. TROISIÈME RÉPUBLIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Georges Boulanger - crédits : Bettmann/ Getty Images

Georges Boulanger

Félix Faure - crédits : La Documentation française. Photo Présidence de la République

Félix Faure

Jean Casimir-Perier - crédits : La Documentation française. Photo Présidence de la République

Jean Casimir-Perier

Autres références

  • PROCLAMATION DE LA IIIe RÉPUBLIQUE

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    ...Révolution, le persécuteur du clergé, le fossoyeur de la religion et de la civilisation chrétiennes (accusations réactivées lors de la révolution russe). L'antijudaïsme religieux du xixe siècle est donc nettement contre-révolutionnaire, associé au clan « ultra ». Il est plus virulent que jamais sous...
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    La loi de 1901 était aux origines sans doute davantage une étape de la querelle religieuse qu'un progrès démocratique. Bien peu de Français se souviennent que la loi de 1901 est une loi anticléricale. Elle n'est que partiellement – pour le reste ou pour solde, si l'on veut – une loi de liberté...
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    Dans la France de la IIIe République, les institutions religieuses et en particulier celles de la foi catholique constituent un véritable « État dans l’État ». L’affirmation de l’État républicain va ainsi passer par une remise en cause des établissements publics du culte et des congrégations religieuses....
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