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CATASTROPHES THÉORIE DES

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Vers une nouvelle caractéristique

Zeeman a élaboré des exemples plus complexes reposant sur ce type d'hypothèses : battements du cœur, firing de l'influx nerveux, anorexie, etc.

Quand on les analyse, on constate pourtant qu'ils ne font souvent que retrouver la description du phénomène en langue naturelle. Pour beaucoup de scientifiques, cela est une tare. Mais il faut plutôt y voir une marque de cohérence. À ce titre, les modèles catastrophiques réalisent en effet la première médiation mathématique réelle et fondée entre les sciences exactes et les sciences anexactes. Ils modélisent à la fois le phénomène et la conceptualité qui l'exprime.

Mais le rapport intrinsèque qui se révèle ainsi entre langage et catastrophes fait que la démarche « thomiste », d'une théorie générale de la morphogenèse devient tout naturellement théorie du concept. Elle se conçoit alors comme projet d'une langue a priori, universelle, qui serait structurée comme une langue naturelle mais qui lèverait les contraintes imposées à toute langue naturelle par la pauvreté structurelle de sa syntaxe. Ce projet, qui réactive le rêve de la caractéristique leibnizienne, n'est évidemment encore qu'à peine ébauché. Mais il cristallise ce qui, pour Thom, constitue la portée principale de sa théorie, à savoir qu'une géométrisation du concept permettrait d'intégrer aux théories scientifiques le recours constant qu'elles font à la langue sans jamais le thématiser comme tel.

En cela, la théorie des catastrophes, qui était déjà une morphosophie, retrouve la veine de la phénoménologie husserlienne et, à travers elle, toute l'histoire de l'ontologie depuis ses débuts présocratiques.

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Écrit par

  • : ancien élève de l'Ecole polytechnique, docteur es lettres et sciences humaines, vice président de l'International Association for Semiotic Studies, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.

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Pour citer cet article

Jean PETITOT. CATASTROPHES THÉORIE DES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

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Projection d'un plan «.plissé.», 1 - crédits : Encyclopædia Universalis France

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Autres références

  • STABILITÉ STRUCTURELLE ET MORPHOGENÈSE (R. Thom)

    • Écrit par
    • 364 mots
    • 1 média

    En 1972, le mathématicien René Thom (1923-2002, médaille Fields 1958) publie Stabilité structurelle et morphogénèse, sous-titré « Essai d'une théorie générale des modèles ». Cet ouvrage s'adresse « aux spécialistes de disciplines jusqu'à présent rebelles à toute mathématisation, comme la biologie...

  • FORME

    • Écrit par
    • 27 344 mots
    ...continûment. Par définition, les w réguliers engendrent un ouvert U de W. Si w ∈ U, le substrat est qualitativement homogène localement en w. Les points non réguliers w ∉ U sont dits singuliers ou « catastrophiques ». Ils engendrent le fermé K de W complémentaire de U dans W. Si ...
  • MATHÉMATIQUE ÉPISTÉMOLOGIE DE LA

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    ...dérivé une vision « ontologique » faisant écho à l'héraclitéisme antique, à l'idée que « tout coule » et que « le conflit est le père de toutes choses ». Sa vision de ce qu'il appela théorie des catastrophes unifiait tous les faits d'organisation observables dans la nature, aussi bien du côté de la...
  • OBJET

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    ...quantités. La représentation des différences de qualités sensibles peut fort bien être représentée par des propriétés non métriques d'objets abstraits. Les modèles dits « catastrophiques », à la René Thom, par exemple, peuvent représenter des changements proprement qualitatifs du perçu-rupture, passage brusque...
  • SCIENCES ET PHILOSOPHIE

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    ...de la construction d'une structure abstraite locale « au-dessus » d'une phénoménologie. C'est cette voie qu'empruntent les théories morphologiques. La théorie des catastrophes rend compte d'une morphologie empirique, par nature globale, par l'intermédiaire d'un logos, qui est une structure...