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TECTONIQUE DES PLAQUES

La décennie « magique » : 1955-1965

Les recherches s'accélèrent après la Seconde Guerre mondiale. Le développement des sous-marins fait que l'exploration des fonds océaniques devient un enjeu militaire majeur. En outre, les avancées scientifiques donnent naissance à divers appareils de mesure très précis (magnétomètres, sonars…).

Confirmation de la dérive des continents

À la surface du globe, le champ magnétique terrestre est distribué de manière simple avec deux pôles magnétiques qui coïncident à peu près avec les pôles géographiques. Lorsqu'une roche se forme, par refroidissement à partir d'une lave ou par sédimentation, elle acquiert une aimantation permanente qui reflète la position des pôles magnétiques. Cette information est enregistrée dans la roche une fois pour toutes. En 1956, une nouvelle discipline scientifique, le paléomagnétisme, voit le jour, en lien avec les travaux du physicien anglais Keith Runcorn (1922-1995). Celui-ci note que l'aimantation de roches anciennes d'Amérique du Nord correspond à des pôles magnétiques qui ne coïncident pas avec ceux d'aujourd'hui. Il parle de dérive des pôles. Il constate ensuite que les pôles magnétiques fossiles qui ont été enregistrés au même âge géologique dans les continents américain et européen occupent des positions différentes. Or il n'existe qu'un seul pôle Nord magnétique à un instant donné. Runcorn en déduit que ce ne sont pas les pôles qui se déplacent, mais les continents. La dérive des continents est alors en principe établie, mais ces « preuves » magnétiques ne sont pas immédiatement acceptées par la communauté scientifique car elles proviennent d'une méthode nouvelle qui demande à être validée.

Harry Hess et l'expansion des fonds océaniques

Le géologue et minéralogiste américain Harry Hess (1906-1969) établit en 1942 la première carte structurale d'un océan (le Pacifique). Il révèle l'existence de grandes zones de fractures qui traversent l'océan et de nombreux volcans sous-marins. La multiplication des campagnes bathymétriques montre que tous les grands océans possèdent la même structure de base. Une dorsale, c’est-à-dire une chaîne de montagnes intraocéanique, parcourt chaque bassin dans toute sa longueur et, au fur et à mesure que l'on s'éloigne d'elle, la profondeur du plancher océanique augmente progressivement. Cette variation remarquablement régulière s'interrompt au contact du plateau continental. De nombreuses failles découpent les dorsales en tronçons décalés les uns par rapport aux autres.

Dans les années 1950, les campagnes de dragage révèlent la prépondérance des basaltes dans les fonds marins. La croûte océanique dérive donc de ces laves et est bien différente de celle des continents (essentiellement constituée de roches granitiques). Il faudra attendre le début des années 1960 pour établir et confirmer que les basaltes résultent de la fusion des péridotites (roches constitutives du manteau).

Modèle synthétique de la structure et de l’expansion des fonds océaniques proposé par Harry Hess en 1954 - crédits : Harry Hess ; traduction : EUF

Modèle synthétique de la structure et de l’expansion des fonds océaniques proposé par Harry Hess en 1954

En 1954, Harry Hess développe un modèle synthétique expliquant la plupart des caractéristiques des océans. Pour lui, les fonds marins sont constitués d'une fine couche de basalte déposée sur des péridotites et émise au droit des dorsales. Il arrive à cette conclusion en utilisant le principe d'isostasie décrit plus haut. Il compare un bloc continental et sa croûte d'environ 40 kilomètres d'épaisseur avec un bloc océanique, qui doivent tous les deux « flotter » sur le manteau de péridotites. C'est parce que la croûte du bloc océanique est beaucoup plus mince et dense que celle de son analogue continental qu'elle ne s'élève guère au-dessus du manteau et qu'elle se retrouve au-dessous du niveau des mers. La cause des grands fonds marins est enfin expliquée. Harry Hess propose aussi que les [...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris et à l'Institut de physique du globe de Paris, membre de l'Académie des sciences

Classification

Pour citer cet article

Claude JAUPART. TECTONIQUE DES PLAQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Localisation des séismes enregistrés sur Terre - crédits : Lisa Christiansen/ Caltech Tectonics Observatory

Localisation des séismes enregistrés sur Terre

Le plan incliné de séismicité de Wadati-Benioff sous le Japon - crédits : Dapeng Zhao, 2004

Le plan incliné de séismicité de Wadati-Benioff sous le Japon

Mouvements de convection et tectonique des plaques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Mouvements de convection et tectonique des plaques

Autres références

  • THÉORIE DE LA TECTONIQUE DES PLAQUES

    • Écrit par Florence DANIEL
    • 285 mots
    • 1 média

    La tectonique des plaques est l'aboutissement de toute une série d'hypothèses – depuis celle de la dérive des continents proposée par Alfred Wegener (1912) à celle de Frederick Vine et Drummond Matthews (1963) en passant par celle de l'expansion des fonds océaniques formulée...

  • TERRE - Planète Terre

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Jean KOVALEVSKY
    • 9 225 mots
    • 9 médias
    Combinées entre elles et aux résultats de la sismologie, les données du paléomagnétisme ont fondé la tectonique des plaques, selon laquelle l'expansion océanique, ou accrétion, est compensée par la subduction, génératrice d'arcs insulaires et de cordillères ou annonciatrice de collisions...
  • ALASKA

    • Écrit par Claire ALIX, Yvon CSONKA
    • 6 048 mots
    • 10 médias
    L'activité sismique et volcanique est très importante dans le sud de l'Alaska. Les plaques continentales se rencontrent sous l'océan, immédiatement au sud des Aléoutiennes. La plaque du Pacifique s'étend vers le nord à la vitesse de quelques centimètres par an. En s'enfonçant sous la plaque d'Amérique...
  • ALPINES CHAÎNES

    • Écrit par Jean AUBOUIN
    • 4 539 mots
    • 5 médias
    En fait, ces « phases » ont une distribution régionale qui dépend du détail du mouvement des continents dans le cadre de la tectonique des plaques, notamment de leurs collisions avec des arcs insulaires ou entre eux. Par commodité de langage, elles tendent de plus en plus à être remplacées par...
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    À l'activité de ces différents secteurs s'ajoute une tectonique extensive, dite du Basin and Range, si caractéristique de l'ouest des États-Unis et du nord-ouest du Mexique, qui élargit considérablement le domaine montagneux et dont l'origine est souvent attribuée à la subduction de la ride est-pacifique...
  • Afficher les 58 références

Voir aussi