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SIDA (syndrome immuno-déficitaire acquis)

Description pathologique

Transmission

Pour être transmis d'un sujet à un autre le VIH doit nécessairement être transporté par une cellule qui véhicule les lymphocytes contaminés qu'elle contient. Ce qui explique que les deux grands modes de transmission sont le sang, et les sécrétions sexuelles, sperme, sécrétions génitales féminines. Les modes de contamination sont donc les échanges de seringues souillées chez les usagers de drogue administrée par voie intraveineuse, les transfusions de sang lorsque les contrôles sont insuffisants – ce qui est le cas dans de nombreux pays, mais qui ne concerne plus la France depuis août 1985 –, et, les rapports sexuels non protégés (une simple excoriation muqueuse [ano-rectale ou vaginale], même minime, sert de porte d'entrée au virus). A contrario, la salive, où peut être détectée une faible quantité de virus, n'est pratiquement pas contaminante. Toutefois, une plaie de la muqueuse buccale est une porte d'entrée possible du virus lors de rapports bucco-génitaux.

La transmission materno-fœtale, elle, peut se faire soit pendant la grossesse, soit au moment du travail et de l'accouchement, soit enfin lors de l'allaitement. Le risque, imprévisible, dépend en outre de l'état d'immunodépression de la mère, des possibilités de prise en charge thérapeutique ou de surveillance lors de la grossesse. Tout enfant né d'une mère séropositive est porteur des anticorps de sa mère : ils lui sont transmis passivement. S'il n'est pas infecté, il se débarrasse en quelques mois de ces anticorps. S'il est infecté, il développe ses propres anticorps et reste séropositif. Des moyens de détection du virus permettent de déterminer, dans les pays où ils sont économiquement utilisables rapidement aujourd'hui, après la naissance, si l'enfant est porteur du VIH afin de le traiter efficacement.

Physiopathologie

Cellule infectée par le sida - crédits : Science Photo Library/ AKG-images

Cellule infectée par le sida

Une fois présent dans l'organisme humain, le virus va se fixer, pénétrer et se développer dans certaines cellules capables de le recevoir. Seules les cellules possédant des récepteurs spécifiques au virus sont contaminées. Ce sont essentiellement, mais non exclusivement, les lymphocytes CD4 (T4) qui seront ses victimes, mais il touche aussi d'autres cellules qui lui servent de « sanctuaire » ( en particulier les macrophages). L'on savait depuis déjà longtemps que le virus, pour pénétrer dans les cellules qu'il parasite, devait s'attacher sur des récepteurs spécifiques nommés CD4, véritables points d'ancrage, grâce à une glycoprotéine du virus appelée gp 120. d'autres récepteurs, appelés corécepteurs, participent à cette fonction. C'est par une glycoprotéine nommée gp 41 que le virus se fixe sur ces récepteurs. Ils sont de deux types : le premier, dénommé CCR5 (cysteine-chemokine-receptor 5), concerne plus particulièrement les cellules de type monocyte et macrophage, précocement infectées dans l'histoire naturelle de la maladie. Le second concerne davantage les lymphocytes et intervient plus tardivement dans l'évolution de la maladie : c'est le CXCR4 (appelé antérieurement fusine).

Parmi les cellules exprimant le récepteur CD4, donc sensibles au virus, il faut citer les cellules de Langerhans de la peau et les muqueuses, ainsi que des cellules gliales. Or on sait que certains sujets sont « déficients » quant à la possibilité de synthétiser des cofacteurs, notamment la CCR5. Certains hétérozygotes ont une déficience partielle, et certains homozygotes n'ont pas de CCR5 du tout et ne sont pas capables d'intégrer le virus dans leurs cellules. Voilà qui pourrait expliquer certains cas de résistance au VIH chez quelques sujets, alors même qu'ils sont exposés au risque infectieux. Des études ont confirmé ces données. Dans la population blanche, il y aurait seulement 1 p. 100 d'homozygotes[...]

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Écrit par

  • : praticien hospitalier, chef de service en maladies infectieuses, professeur des Universités, médecin des hôpitaux
  • : directeur de recherche émérite
  • : docteur en économie de la santé, coordinateur de l'unité d'information stratégique au département sida de l'O.M.S.

Classification

Média

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Le sida en Afrique, 1998

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