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IDENTIFICATION DU VIRUS DU SIDA VIH-1

Luc Montagnier - crédits : E. Feferberg/ AFP

Luc Montagnier

En juin 1981, on observe aux États-Unis une augmentation brusque de l'usage d'un médicament servant à lutter contre les pneumonies à Pneumocystiscarinii, une maladie normalement très rare. Rapidement, les cas se multiplient, au moins au début de l'épidémie, parmi les populations homosexuelle et toxicomane. La maladie est associée à une déficience immunitaire profonde qui rend le sujet sensible à des infections dites opportunistes : le sida (syndrome d’immunodéficience acquise) vient d'être découvert.

Très rapidement, l'idée s'impose que cette pathologie est due à un agent infectieux que plusieurs groupes recherchent. Dans celui coordonné par Luc Montagnier à Paris, Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann montrent, en 1983, l'association entre le sida et un nouveau virus, un rétrovirus, baptisé LAV-1, isolé d'une biopsie ganglionnaire d'un malade. Cette découverte est publiée dans la revue Science. À son tour, le groupe de Robert Gallo, de Bethesda (Maryland), rapporte l'association de la maladie avec un rétrovirus appelé HTLV3 et affirme que les deux virus sont différents. La polémique entre les deux laboratoires, alimentée par l'importance économique de la découverte en matière de tests de diagnostic, fait rage pendant quelques années, jusqu'à ce qu'il soit démontré que les deux virus sont identiques et que HTLV3 a été en fait isolé par Gallo à partir du LAV-1 que l’équipe pasteurienne lui avait envoyé. Le LAV-1 est donc prototypique du virus VIH-1 (virus de l’immunodéficience humaine, HIV en anglais, désignation officielle de ce rétrovirus). Un second virus apparenté, mais dont les conséquences pathologiques sont moindres, HIV-2, est identifié peu après en Afrique de l’Ouest. L’origine simienne de ces virus est rapidement prouvée, ce qui trace un schéma de l’émergence de cette famille d’agents pathogènes humains. La notion de maladie émergente s’impose dans les années 1990 à partir de la description des virus VIH et le début de la pandémie. Le prix Nobel de physiologie ou médecine 2008 est attribué à Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi pour cette découverte, mais pas à Jean-Claude Chermann, injustement oublié, pour la découverte du virus responsable du sida.

— Gabriel GACHELIN

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Média

Luc Montagnier - crédits : E. Feferberg/ AFP

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