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RÉALISME RETOUR AU

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La fin des années 1960 aura été une période de grande effervescence artistique : se succèdent une série de mouvements qu'officialisent et que diffusent sans tarder d'importantes manifestations internationales comme la Documenta de Cassel, les Biennales de Paris et de Venise, mais aussi des musées tels que le Museum of Modern Art de New York, le Stedelijk Museum d'Amsterdam, le Moderna Museet de Stockholm. Hard Edge, Art minimal, Art conceptuel, Arte povera, Body Art, Art du comportement, Mail Art, Land Art, figuration narrative, hyperréalisme..., chaque tendance dispute à l'autre, souvent bruyamment et dans un climat que favorise un marché artistique servi par une prospérité économique sans précédent, la palme d'un avant-gardisme absolu. En contraste, la fin des années 1970 marque une époque d'incertitude et de retrait. Les avant-gardes en question s'essoufflent ou s'enfoncent dans une morne stéréotypie. Les groupes, les mouvements se dissolvent et s'effilochent. Les supports institutionnels qui assuraient leur promotion, musées et revues d'art, disparaissent ou se replient sur des positions plus traditionnelles. Beaucoup d'artistes reviennent alors à un travail solitaire d'atelier et ce retour sur soi prend fréquemment l'allure d'une remise en cause des attitudes de la décennie passée. Souvent, il revêt les aspects d'une réaction délibérée contre les acquis de la modernité, tels qu'ils nous ont été transmis depuis Cézanne, par le fauvisme et jusqu'à l'abstraction et, plus généralement, contre l'idée même d'avant-garde. Le réalisme paraît être la caractéristique dominante de ce mouvement de retour, entendu à la fois comme retour à l'observation du réel, comme retour à la pratique d'un métier classique, et enfin comme retour à des traditions nationales.

Dans le désarroi général, il semble que l'étude du réel et que le support d'une technique ancienne redeviennent les deux ressources possibles.

Le phénomène n'est pas sans rappeler celui qu'a déjà connu l'art moderne à l'issue de la Première Guerre mondiale lorsque, au moment de la déroute ou de l'affaiblissement des avant-gardes de la décennie précédente, du fauvisme au dadaïsme, s'instaure un mouvement de retour à la figuration néo-classique qu'on a pu nommer, entre 1919 et 1925, « Le Retour à l'ordre ».

Par-delà le maniérisme : l'exemple de Jim Dine

Dès les années 1960, le Pop Art et le photoréalisme, ce dernier connu en Europe sous le nom d'hyperréalisme, avaient offert une alternative figurative au primat de l'abstraction. En dépit de leur formalisme, ces deux courants avaient déjà amené quelques peintres à s'interroger sur la nature du procès réaliste et sur le statut de l'image figurative. Par un curieux effet réflexe, ces deux formes de représentation qui, en recourant aux procédés photomécaniques de reproduction, avaient exclu de la pratique artistique le dessin sur nature, devaient entraîner un retour en force de celui-ci. On peut dire, en effet, que le dessin « pop » ou hyperréaliste est, à la différence du dessin naturaliste, une variation formaliste, non sur la réalité d'un objet, tel que l'œil l'appréhende de façon qu'elle apparaît médiatisée par l'affiche, la publicité, les magazines de mode ou la photographie en général : dessin au second degré, image d'image, le dessin pop module les variations spécieuses d'un certain style d'époque. Par là même, il s'agit essentiellement d'un maniérisme. Tel artiste issu du pop qui prétendait ainsi réaliser une série de dessins sur un thème donné – la détérioration d'une boîte de carton ou les aspects d'un homme qui court – n'épuisait en rien la réalité visible de son thème. Ce qu'il[...]

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Pour citer cet article

Jean CLAIR. RÉALISME RETOUR AU [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

<it>Summertime</it>, E. Hopper - crédits :  Bridgeman Images

Summertime, E. Hopper

<it>The Turtle Pound</it>, W. Homer - crédits :  Bridgeman Images

The Turtle Pound, W. Homer

<it>Sur la plage</it>, W. Homer - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Sur la plage, W. Homer

Autres références

  • BRAVO CLAUDIO (1936-2011)

    • Écrit par
    • 262 mots

    Claudio Bravo était un artiste peintre chilien réputé pour le style provocant de ses tableaux hyperréalistes, qui se voulait l'héritier de la grande tradition picturale des maîtres espagnols. Portraitiste des grands de ce monde au Chili et en Espagne au début de sa carrière, il était surtout connu...

  • CREMONINI LEONARDO (1925-2010)

    • Écrit par
    • 1 014 mots

    Ce Bolognais né en 1925, fils d'un cheminot qui pratiquait la peinture par amour de l'art, n'a pas été baptisé Leonardo par hasard : il fut initié aux techniques picturales dès son enfance. Encouragé par toute sa famille, il lia très tôt le plaisir de peindre à la contemplation des horizons. Son père...

  • HÉLION JEAN (1904-1987)

    • Écrit par
    • 1 013 mots

    Peintre français, né à Couterne (Orne). Rien ne prédisposait Jean Hélion, élève à l'Institut industriel d'Amiens, où il a étudié la chimie, à devenir peintre. Pourtant, on peut le considérer, avec Fernand Léger, comme l'un des plus grands peintres français du xx...

  • HOCKNEY DAVID (1937- )

    • Écrit par
    • 1 707 mots

    La participation de David Hockney à l'exposition « Young Contemporaries » (Londres, R.B.A. Galeries, 1961) ainsi que ses sources d'inspiration d'alors, puisées dans la vie quotidienne, les graffiti ou encore les dessins d'enfants lui valurent d'être associé au pop art ; une association aussi brève...