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REPRODUCTION DES ŒUVRES D'ART Copie et reproduction depuis la Renaissance

La reproduction en couleurs

On remarque dès le xvie siècle, en effet, des essais pour introduire la couleur dans les estampes ; ainsi l'on connaît des interprétations très libres de Parmesan en couleurs et chiaroscuro par Ugo da Carpi ; on tentera à diverses reprises, au xviiie siècle, de reproduire des images en couleurs, soit en usant d'une seule planche et de « poses » successives « à la poupée », soit en pratiquant plusieurs passages avec des planches soigneusement repérées ; cette dernière technique connut en France quelque succès à l'initiative de Jakob Christof Le Blon, qui publia, en 1731, les principes de son « impression qui imite la peinture » ; il sera suivi par Jacques Gautier d'Agoty qui se fait connaître en 1749 par une Lettre concernant le nouvel art d'imprimer les tableaux avec quatre couleurs. La théorie de l'impression chromatique est désormais fixée, et c'est en France d'abord qu'elle commença d'être pratiquée avec bonheur. La pierre, tout comme le cuivre, accueille la couleur ; les Engelmann, qui avaient fondé le premier atelier lithographique français, reçoivent en 1837 le prix créé en 1828 par la Société d'encouragement ; ils s'installent à Paris et publient un Album chromolithographique où figurent deux répliques de Lawrence et de Greuze, attestant par là le prestige que conservera toujours le « grand art » relativement aux métiers de l'imagerie mécanique.

Pourtant, la dignité artistique de l'interprétation s'efface à mesure que s'affirment les prétentions à réaliser un fac-similé le plus fidèle possible. Des tâcherons du « chromo » s'essayent à parfaire leurs effets en multipliant les tons de l'encrage jusqu'à treize et plus ; cependant, J. Desjardin essaie de presser des estampes coloriées contre des toiles de manière à serrer de plus près l'illusion d'identité, ainsi que d'imprimer des chromolithographies directement sur toile. Les procédés photomécaniques proprement dits, développés dans la seconde moitié du xixe siècle, emploieront à leur tour la couleur, devenue ingrédient obligé de toutes les productions destinées au grand public.

Dans la catégorie des imitations de peinture sur un support hétérogène, il faut faire une place particulière aux copies en mosaïque, dont la faveur se répand dans la Rome du Settecento, quand il s'agit de substituer des répliques durables aux grands retables du Vatican menacés par l'humidité. On citera encore quelques techniques singulières, telles les réductions de peintures célèbres sur des plaques de lave émaillée ou leur copie miniaturisée en matériaux textiles. On touche là aux fécondes unions de l'ingéniosité et du mauvais goût, productrices de ce que, d'un mot à la mode, on qualifie aujourd'hui de « kitsch ».

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Pour citer cet article

Jacques GUILLERME. REPRODUCTION DES ŒUVRES D'ART - Copie et reproduction depuis la Renaissance [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ART (L'art et son objet) - La reproduction en art

    • Écrit par Denys RIOUT
    • 2 030 mots
    • 4 médias

    Tributaire de l'évolution des techniques et des mentalités, la notion de « reproduction », en art, implique une ressemblance entre deux objets, mais elle ne requiert pas leur similitude. Il existe en effet plusieurs sortes de reproductions. Les copies et les répliques de peintures ou les moulages de...

  • ALINARI LES

    • Écrit par Elvire PEREGO
    • 1 435 mots
    • 2 médias
    ...s'était initié à la photographie auprès du célèbre graveur Bardi –, Giuseppe (1836-1892), l'homme d'affaires, et Romualdo (1830-1891), le gestionnaire. Ils se firent immédiatement un nom grâce à la qualité de leur reproduction d'œuvres d'art et à leurs vues d'architectures et de paysages italiens dont...
  • AQUAFORTISTES MOUVEMENT DES

    • Écrit par Ségolène LE MEN
    • 853 mots

    En 1862, la fondation de la Société des aquafortistes fut la première manifestation d'un mouvement de renaissance de l'eau-forte originale de peintre ; la Société était animée par l'imprimeur Auguste Delâtre (1822-1907) et par le marchand d'estampes Alfred Cadart (1828-1875). Ils publièrent...

  • ART (Aspects culturels) - Public et art

    • Écrit par Nathalie HEINICH
    • 6 256 mots
    • 1 média
    Dernière étape, enfin, dans cet élargissement qualitatif et quantitatif des modes d'accès à l'œuvre d'art :l'invention puis la multiplication des moyens techniques de reproduction ; la gravure, tout d'abord, à la Renaissance puis, surtout, la photographie dans la seconde moitié du...
  • ART (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 3 282 mots
    Un autre facteur pourrait bien conduire à la mort de l’art : c’est la reproductibilité des œuvres. De la Renaissance à nos jours, c’est dans leur unicité que semblait résider la valeur inestimable des grandes créations. Que devient cette valeur quand des moyens techniques de plus en plus performants...
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Voir aussi