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RADIOLAIRES

Exemples d'utilisation des radiolaires

Avant les années 1980, on n'avait aucune donnée directe sur l'âge des radiolarites. Depuis lors, les radiolaires, du fait de leur évolution dans le temps, sont devenus de précieux outils permettant de dater les roches qui les renferment. À cause d'une datation approximative, on a longtemps pensé que, pour une période donnée, les radiolarites s'étaient mises en place simultanément dans toutes les régions du globe où elles étaient observées. Les âges obtenus depuis les années 1980 prouvent que l'installation de ce type de sédimentation dans une zone donnée n'est pas synchrone mais que sa disparition se produit au même moment. Ces variations de l'âge d'apparition s'expliquent par l'installation des radiolarites sur des blocs basculés d'une marge en formation. D'après leur dimension et la relative proximité du continent, certains bassins radiolaritiques sont en effet interprétés comme des aires d'extension restreintes, précisément sur des blocs basculés d'une marge passive.

Les radiolarites d'âge jurassique (soit entre 200 et 150 millions d'années) se formèrent au sein de la Téthys, dans des zones où se manifestèrent de puissants upwellings. On retrouve ces dépôts en quelques endroits particuliers, tels les bassins marginaux au nord et à l'est de la plate-forme arabique (Hawasina en Oman, Kermanshah en Iran, le sillon du Pinde-Olonos en Grèce, le sillon ligure en Italie et en France, etc.). Quelques localités actuelles sont comparables à d'anciens sites ayant produit des radiolarites : le golfe de Basse-Californie, le bassin d'Owen (au nord-ouest de l'océan Indien), le bassin de Somalie... Tous ces bassins sont ouverts sur l'océan mais incomplètement car ils sont protégés par un haut-fond : c'est le cas aujourd'hui de la ride d'Owen dans le bassin du même nom et, au Mésozoïque, de la ride du Pélagonien pour le sillon du Pinde-Olonos. Comparer ces bassins est intéressant à plus d'un titre. En effet, ils sont le siège de courants de fond et sont situés à la même latitude. Leur localisation sur une façade nord-occidentale d'un océan, et corrélativement sur la façade orientale d'un continent, n'est pas la plus fréquente pour les zones soumises aux upwellings puisque ces derniers sont habituellement situés sur la façade occidentale des continents étant donné le sens de rotation de la Terre. Néanmoins, le fonctionnement des moussons favorise le déclenchement d'upwellings saisonniers. La présence de radiolarites dues à des upwellings liés aux moussons (De Wever et al. 1994) est plausible au Jurassique bien que l'Himalaya ne soit pas encore à cette époque une chaîne de montagnes. Toutefois, cet imposant relief n'est pas la cause des moussons, il ne fait qu'en amplifier les effets. Au Jurassique, le continent eurasiatique au nord montre une limite avec l'océan de direction est-ouest sur plus de 12 000 kilomètres. Cette disposition latitudinale de grande longueur générait des moussons importantes.

— Patrick DE WEVER

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Écrit par

  • : professeur émérite, Muséum national d'histoire naturelle, Paris

Classification

Pour citer cet article

Patrick DE WEVER. RADIOLAIRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Différentes formes de radiolaires - crédits : D.R.

Différentes formes de radiolaires

Radiolaires : structure - crédits : Encyclopædia Universalis France

Radiolaires : structure

Dissolution de la silice biogène - crédits : Encyclopædia Universalis France

Dissolution de la silice biogène

Autres références

  • ACTINOPODES

    • Écrit par Patrick DE WEVER, Robert GAUMONT
    • 3 748 mots
    • 7 médias
    ...surtout vers l'une de ses extrémités (Polycystines nassellaires). Ils vivent généralement en symbiose avec des algues et précipitent dans l'ectoplasme un squelette composé de silice amorphe. Des représentants fossiles sont connus depuis le Cambrien. Les Polycystines correspondent aux Radiolaires vrais.
  • MICROPALÉONTOLOGIE

    • Écrit par Patrick DE WEVER, Madeleine NEUMANN
    • 4 034 mots
    Parmi les autres protozoaires, les radiolaires, dont on retrouve la carapace siliceuse « grillagée » à partir de laquelle l'animal émet des pseudopodes, sont des organismes marins, planctoniques, jouant un rôle considérable dans la genèse des diverses roches siliceuses. Ces fossiles, longtemps...
  • PACIFIQUE OCÉAN

    • Écrit par Jean FRANCHETEAU
    • 14 740 mots
    • 6 médias
    Les boues bio-siliceuses, composées surtout de microfossiles diatomées (algues) et radiolaires (protozoaires) et aussi de fragments d'éponges ou de silicoflagellés, ont une distribution qui reflète celle des masses d'eau superficielles. Les boues à diatomées sont abondantes sous les masses d'eau...
  • PALÉOZOÏQUE ou ÈRE PRIMAIRE

    • Écrit par Alain BLIECK
    • 10 646 mots
    • 9 médias
    Les deux autres groupes importants de protistes au Paléozoïque sont les radiolaires et les foraminifères. Les radiolaires sont des actinopodes marins à endosquelette siliceux faisant partie du plancton. Ils sont apparus au Cambrien et ont persisté jusqu'à aujourd'hui. Ils sont classiquement associés...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi