Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

POINTS CHAUDS, géophysique

Les points chauds sont des volcans qui diffèrent, par leur volcanisme même, des autres volcans par des montées de magma très profondes : les panaches mantelliques. De plus, ils peuvent se positionner, pour plusieurs dizaines de millions d'années, un peu n'importe où, en milieu océanique ou continental, contrairement aux autres manifestations volcaniques de limites de plaques lithosphériques.

Tectonique des plaques, points chauds et panaches mantelliques

Les points chauds - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les points chauds

La théorie de la tectonique des plaques permet d'expliquer la distribution de la plupart des 540 volcans actifs sur la Terre : le volcanisme se concentre aux marges des plaques lithosphériques. Aux dorsales océaniques, là où les plaques divergent à des vitesses de 2 à 8 centimètres par an, la remontée du manteau solide induit la fusion partielle par décompression adiabatique. Que signifie « décompression adiabatique » ? En remontant vers la surface, un volume de roche est sujet à une pression de plus en plus faible ; on parle donc de décompression. Si le volume de roche n'échange pas de la chaleur avec l'environnement, on parle de décompression adiabatique.

Chaque année, le long des 60 000 kilomètres de dorsales, 2,5 kilomètres carrésde nouvelle croûte océanique se forment grâce à la production de 18 kilomètres cubes de magma. En revanche, dans les zones de subduction, là où les plaques convergent, la lithosphère océanique s'enfonce dans le manteau et la libération des fluides induit la fusion partielle. Ce processus engendre des volcans comme le Fuji-Yama au Japon, le mont Saint Helens aux États-Unis ou bien la cordillère des Andes.

Les trapps - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les trapps

Cependant, la théorie de la tectonique des plaques ne permet pas d'expliquer des volcans « intraplaques », comme ceux d'Hawaii ou de l'île de la Réunion : les points chauds (hot spots, en anglais). Le volcanisme d'Hawaii présente des caractéristiques remarquables : le sommet du volcan Mauna Kea s'élève à 4 100 mètres au-dessus du niveau de la mer et, considérant la partie immergée, la hauteur totale du volcan dépasse 10 000 mètres. Le Mauna Kea s'est formé en moins de 1 million d'années (Ma), mais le volcanisme à Hawaii est actif depuis plus de 80 Ma, comme en témoigne la chaîne volcanique Hawaii-Empereur, de 6 000 kilomètres de longueur, constituée de plus de 100 monts sous-marins, des volcans désormais éteints. En 1963, le Canadien John Tuzo Wilson découvre que cette chaîne volcanique montre une progression d'âge qui augmente systématiquement en s'éloignant de l'île d'Hawaii. C'est l'Américain William Jason Morgan, l'un des pionniers de la tectonique des plaques, qui postule en 1971 que des courants ascendants de roches chaudes provenant de la frontière noyau-manteau (à 2 900 km de profondeur) seraient à l'origine du volcanisme de point chaud. Une chaîne volcanique se formerait lorsque la plaque se déplace au-dessus d'un point chaud. En effet, ce dernier, alimenté par un panache mantellique, reste relativement fixe dans le manteau, et ses 150-250 0C de surplus de température sont suffisants pour déclencher la fusion partielle. Morgan proposa l'existence de dix-neuf points chauds sur la Terre. Dans les années 1980, on arriva au nombre de cent dix-sept et, plus récemment, V. Courtillot et al. (2003) parlent d'une cinquantaine de points chauds. La figure 1 montre l'emplacement des plus importants d'entre eux.

Le manteau terrestre serait donc animé de courants de convection à grande échelle responsables des mouvements des plaques et, aussi, de courants plus localisés comme les panaches (mantle plumes, en anglais). Pour comprendre la dynamique et les vitesses de remontée dans les panaches, les géophysiciens ont conduit des expériences de laboratoire en utilisant des fluides visqueux comme l'huile[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Cinzia FARNETANI. POINTS CHAUDS, géophysique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CAMEROUN MONT

    • Écrit par Yves GAUTIER
    • 168 mots

    Le mont Cameroun se situe sur la façade maritime du Cameroun, à une vingtaine de kilomètres des côtes du golfe de Guinée. Il est né d'un volcanisme intra-plaque (volcan-bouclier) ; son dynamisme éruptif est de type hawaiien (effusif avec des fontaines de lave) et les produits émis sont plutôt des...

  • EAU DU MANTEAU TERRESTRE

    • Écrit par Édouard KAMINSKI
    • 2 666 mots
    • 3 médias
    ...on obtient alors une teneur de 120 à 240 ppm dans le matériau source. Un autre type de volcanisme important dans les domaines océaniques est celui des points chauds, comme Hawaii ou La Réunion. Le manteau fondant au niveau des points chauds apparaît plus hydraté que le manteau supérieur à la source des...
  • ÉRUPTIONS VOLCANIQUES

    • Écrit par Édouard KAMINSKI
    • 3 939 mots
    • 7 médias
    Auniveau des points chauds, la croûte océanique est plutôt épaisse et la fusion réduite (de l'ordre de 5 p. 100). La chimie du magma produit est différente de celle des MORB, et est plus riche en silice et en éléments alcalins. Les magmas de points chauds sont dénommés OIB (de l'anglais...
  • PITON DE LA FOURNAISE

    • Écrit par Andrea DI MURO
    • 2 560 mots
    • 7 médias
    ...en plus récent vers le sud-ouest. Cet immense alignement volcanique serait lié aux percements successifs verticaux des plaques lithosphériques en mouvement par un panache mantellique fixe. Le piton de la Fournaise correspond aupoint chaud actif actuel à l'aplomb de ce panache mantellique profond.
  • Afficher les 17 références

Voir aussi