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PHILISTINS

Les Philistins (en hébreu : Pelishtīm) sont un peuple d'origine égéenne. Au ~ xiie siècle, ils occupèrent la côte sud et le littoral méridional de Canaan ainsi que la plaine de la Shéphéla, à l'ouest des monts de Juda, territoires que la Bible appela « Philistie » (Pelēshēt, qui donna le nom de « Palestine », figurant d'abord comme adjectif joint à Syria). À l'époque des Juges et même après, ils constituèrent un grave danger pour Israël. La version biblique des Septante, soit traduit le terme et le transpose en « étrangers » (allophyloi), soit le rend simplement par Phylistiim. Dans les sources assyriennes, on rencontre la forme Pilishti ou Palashtu. Mais le nom se repère pour la première fois dans sa forme égyptienne Purusati pour désigner l'un des « peuples de la mer », qui appartenait à la seconde vague et qui fut vaincu à l'embouchure du Nil puis sur terre par Ramsès III vers 1175. C'est à cette date que le pouvoir égyptien concéda aux Philistins le littoral du sud cananéen. Là, ils établiront une confédération de cinq villes : Gaza, Ascalon, Gat, Ashdod et Eqrōn. Jusqu'à leur défaite par l'armée de David, cette pentapole fut gouvernée par des seranim (pluriel de serem, à rapprocher du grec tyrannos) qui formaient le Conseil suprême du peuple.

D'après les sources bibliques (Jér., xlvii, 4 ; Am., ix, 7 ; Deut., ii, 23), les Philistins seraient venus de Caphtor, qui serait la Crète ou peut-être la Cappadoce. Après avoir été probablement refoulés par la migration des Doriens (après la guerre de Troie, ~ 1180) avec les autres « peuples de la mer », leur population implantée en Canaan a dû s'accroître par les flots successifs de l'immigration. Simultanément, ils tentèrent de s'étendre vers les terrains de montagne occupés par les Israélites, ce qui fut la cause de conflits armés durant des siècles. Dans cette lutte, les Philistins furent longtemps avantagés : ils possédaient des troupes équipées de chars de combat et des armes de fer, dont ils avaient de surcroît le monopole commercial. Sous Samuel et Saül, la pression philistine fut une des causes de renforcement de l'effort d'unification d'Israël qui conduisit à la monarchie. David fut le grand vainqueur des Philistins, qu'il refoula vers la plaine côtière et dont il fit ses vassaux (II Sam., v et viii). Mais les conflits reprirent ; il y en avait encore sous Ézéchias (II Rois, xviii). Après la chute de l'empire assyrien, les cités philistines, particulièrement Ashdod, retombèrent sous l'hégémonie égyptienne. À l'époque perse, le territoire philistin fit partie de la cinquième satrapie et, après la mort d'Alexandre, il fut l'objet de disputes entre les Ptolémées d'Égypte et les Séleucides de Syrie ; finalement, il passa sous la domination romaine. Désormais, il ne restait plus de lien avec l'histoire des Philistins que le nom de la Palestine.

C'est avec Chypre que les Philistins avaient le plus d'affinités culturelles. À la faveur des transactions avec l'Égypte, l'art et la céramique mycéniens s'étaient imposés en Syrie et en Canaan du Récent Bronze. Or, la céramique philistine s'inspire nettement des modèles mycéniens tardifs. Quant à l'écriture et à la littérature philistines, on n'en connaît rien.

D'origine indo-européenne, les Philistins n'étaient pas des sémites. Ils n'étaient pas circoncis. Cependant, il semble qu'ils se soient très vite assimilés à la population de Canaan, avant de se faire absorber entièrement par cette terre à laquelle ils avaient donné leur nom. Probablement adoptèrent-ils en partie la religion et la civilisation sémitiques. Leur dieu principal, Dagon (qui eut un temple à Gaza et à Ashdod — cf. Jug., xvi, 23 et I Sam., v, 1-7),[...]

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Pour citer cet article

André PAUL. PHILISTINS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHYPRE ANTIQUE

    • Écrit par Jean POUILLOUX, Claude F. A. SCHAEFFER
    • 5 563 mots
    Parmi ces peuples en migration vers le Proche-Orient et l'Égypte, les Philistins, bien armés et parfaitement organisés militairement, semblent avoir commandé la coalition des envahisseurs en mouvement vers l'Égypte. La progression de leurs bateaux vers Chypre et la Syrie fait l'objet de lettres échangées...
  • DAGAN ou DAGON

    • Écrit par Daniel ARNAUD
    • 334 mots
    • 1 média

    D'origine inconnue et resté étranger à la culture sumérienne, le dieu Dagan appartient surtout à la religion des anciens sémites. Son nom, qui pourrait signifier « grain », donne une idée médiocre de son importance : il est en réalité à la Syrie ce qu'est Enlil à la Mésopotamie : la...

  • DAVID (env. 1000 av. J.-C.)

    • Écrit par Gérard NAHON
    • 1 808 mots
    • 2 médias
    ...Samuel l'onction sainte qui fait de lui le roi choisi par Dieu (I Sam., xvi). Admis à la cour de Saül, il joue de la harpe pour le roi et tue le géant philistin Goliath dans un combat singulier (I Sam., xvii). Il épouse Mical, fille de Saül. L'animosité croissante de ce dernier contraint David à s'enfuir...
  • ÉPIDÉMIES ET PANDÉMIES

    • Écrit par Jacqueline BROSSOLLET, Georges DUBY, Universalis, Gabriel GACHELIN, Jean-Louis MIÈGE
    • 20 843 mots
    • 15 médias
    La plus importante « peste » relatée dans la Bible, la plus longuement décrite, est la « peste des Philistins ». Elle survint à Ashdod – peut-être en 1141 av. J.C. – lorsque les Philistins, après leur victoire sur les Hébreux à Afek, y rapportèrent l'arche d'Alliance. Installée dans...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi