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MUSÉES D'ART AFRICAIN, France

La France possède plusieurs musées où sont présentés les arts traditionnels d'Afrique noire. Les trois plus importants sont situés à Paris : le musée de l'Homme, dont les collections recèlent le plus grand nombre d'objets, le musée des Arts d'Afrique et d'Océanie (M.A.A.O., rattaché aux Musées nationaux depuis 1990) et le musée Dapper (ouvert en 1986), organisme privé consacré aux manifestations temporaires. Toujours à Paris, le musée de l'Homme, des Arts et des Civilisations devrait, selon le vœu du président de la République, Jacques Chirac, voir le jour et réunir, au début du xxie siècle, les collections du musée de l'Homme et du M.A.A.O. Afin de faire mieux connaître au grand public les arts d'Afrique, d'Océanie, d'Amérique et d'Insulinde, le président de la République a en outre souhaité que le musée du Louvre puisse accueillir au pavillon des Sessions un antenne de ce futur établissement, qui présenterait quelque 130 œuvres majeures.

Hors de Paris, à Marseille, le musée des Arts africains, océaniens et amérindiens (M.A.A.O.A.) fut inauguré en 1992 au centre de la Vieille-Charité. D'autres musées ont également des collections africaines notables par leur richesse ou par leur lien historique avec les arts occidentaux : le musée municipal d'Angoulême, rénové en 1983, le muséum d'Histoire naturelle de La Rochelle qui possède entre autres une importante collection d'art sao, le Musée africain de Lyon appartenant à une congrégation religieuse, la Société des missions africaines, le musée d'Art moderne de Troyes, le musée des Beaux-Arts de Dijon...

Toutes ces institutions s'inscrivent dans une typologie renvoyant à l'histoire du regard occidental porté sur les artefacts africains. En effet, au xixe siècle, parallèlement au début de l'expansion coloniale européenne, il s'agissait d'abord de mettre en valeur dans une perspective positiviste puis fonctionnaliste le caractère ethnographique des objets, témoins du degré de civilisation des peuples sur l'échelle de l'évolution. À l'aube du xxe siècle, une poignée d'artistes travaillant à Paris (Matisse, Picasso...), en rupture avec la tradition académique, ont pris conscience de la qualité esthétique des « arts nègres », et ont ainsi modifié radicalement leur approche. Ainsi, dès 1909, quelques connaisseurs, en particulier Guillaume Apollinaire, souhaitaient l'entrée des arts nègres au Louvre. Si, depuis, la perception et la connaissance des arts africains ont beaucoup progressé, les musées français restent marqués par ces deux tendances. Les départements d'ethnographie, nés à la fin du xixe siècle dans les musées d'Histoire naturelle, le musée de l'Homme (toujours rattaché au Muséum national d'histoire naturelle), continuent à considérer les objets sous l'angle de l'anthropologie culturelle. Les musées des Beaux-Arts ont parfois été les pionniers de la reconnaissance officielle du statut artistique des œuvres africaines (à Grenoble, après un don effectué par le collectionneur-marchand Paul Guillaume en 1923, le premier musée français d'art moderne fut aussi le premier musée d'art à exposer des sculptures africaines). Ces institutions reçoivent toujours les objets pour leurs qualités esthétiques, en les associant souvent aux productions des artistes qui les ont promus. Entre ces deux pôles, hormis les musées généralistes (le musée de Périgueux, par exemple) ou ceux qui sont spécialisés dans d'autres secteurs (le musée de l'Impression sur étoffes de Mulhouse) détenant aussi des artefacts africains en quantité et en qualité variables, les institutions les plus entreprenantes tentent désormais de concilier au mieux les aspects fonctionnels et esthétiques inhérents aux arts africains. Mais, aujourd'hui, les musées qui[...]

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Écrit par

  • : docteur en arts et sciences de l'art, université de Paris-I, historien de l'art

Classification

Pour citer cet article

Vincent BOULORÉ. MUSÉES D'ART AFRICAIN, France [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DAPPER MUSÉE, Paris

    • Écrit par Vincent BOULORÉ
    • 851 mots

    Dédié aux arts d’Afrique noire, le musée Dapper s'est ouvert à Paris en 1986 dans un hôtel particulier du xixe siècle situé avenue Victor-Hugo. À la fin de l'année 2000, il s'est installé dans un espace plus vaste, aménagé par l'architecte Alain Moatti, jouxtant ses locaux initiaux et...

  • MUSÉE DU QUAI BRANLY-JACQUES CHIRAC, en bref

    • Écrit par Arnaud BALVAY
    • 353 mots

    Le musée du quai Branly à Paris est un établissement culturel public dédié aux arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques. Sa création a été voulue par le président de la République Jacques Chirac, conseillé par le collectionneur et ethnologue ...

  • QUAI BRANLY-JACQUES CHIRAC MUSÉE DU, Paris

    • Écrit par Julien GUILHEM, Barthélémy JOBERT
    • 3 199 mots
    • 1 média

    Présenté comme l'institutionnalisation d'une forme d'art qui, jusqu'alors, n'existait que dans les vitrines des musées d'ethnologie ou au travers du marché de l'art, le projet de musée des Arts et Civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques,...

Voir aussi