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MONDIALISATION Globalisation financière

Les débats concernant la globalisation financière sont nombreux et s'étendent à des sujets aussi divers que la nature du capitalisme, les rapports entre l'État et le marché, les institutions internationales, la puissance américaine, l'environnement, les inégalités ou l'homogénéisation culturelle pour n'évoquer que quelques-unes des questions liées au thème général de la mondialisation. Aussi n'est-il pas facile de s'accorder sur une définition du phénomène. Une lecture quelque peu politique interprétera la globalisation comme une extension des mécanismes du capitalisme au niveau planétaire. Les économistes retiennent une définition plus restrictive et plus technique de la globalisation en mettant l'accent sur l'augmentation des échanges internationaux qui découle d'une diminution des coûts de transaction. Il convient à cet effet de distinguer la globalisation commerciale et la globalisation financière. La première trouve son origine dans la baisse des coûts de transport et des barrières commerciales et a pour conséquence une augmentation du volume des échanges internationaux de biens et services. La globalisation financière trouve aussi son origine dans une baisse des coûts de transaction, mais plus spécifiquement sur les marchés financiers, grâce à l'incorporation des nouvelles technologies de communication, la libéralisation des mouvements de capitaux internationaux et à l'accélération des innovations financières (nouveaux produits, nouveaux marchés financiers, etc.). Elle s'est traduite par une augmentation des échanges internationaux d'actifs financiers, par l'émergence d'un marché financier intégré au niveau mondial et par une interdépendance accrue des économies.

La globalisation hier et aujourd'hui

La globalisation financière n'est ni un phénomène sans précédent ni un phénomène irréversible.

La première globalisation financière

La fin du xixe siècle et le début du suivant (de 1870 à 1913) constituent une époque de forte internationalisation des marchés financiers, suivie d'une période de désintégration pendant l'entre-deux-guerres. Plusieurs facteurs expliquent cette première globalisation financière : le processus de convergence vers l'étalon-or et comme fondement du système monétaire international ; les développements technologiques dans le transport maritime (le canal de Panama, les bateaux à vapeur) et l'essor des communications (le télégraphe et les câbles transocéaniques). L'internationalisation va également de pair avec l'innovation financière puisque c'est l'époque où se développent un grand nombre d'instruments sophistiqués sur les marchés de dette publique et privée

Comme l'ont fait remarquer Maurice Obstfeld et Alan M. Taylor dans une étude publiée en 2002, de 1870 à 1914, le stock d'actifs étrangers détenus par les pays industrialisés représentait près de 50 p. 100 environ de leur produit intérieur brut (P.I.B.). Il a ensuite très fortement diminué pour atteindre au début de la Seconde Guerre mondiale un minimum de 10 p. 100. Ce n'est qu'en 1990 qu'il a dépassé le niveau du début du siècle, donnant ainsi sur l'ensemble de la période l'image d'une courbe en U.

On peut aussi mesurer la globalisation financière du côté des pays émergents d'alors et d'aujourd'hui, c'est-à-dire des pays emprunteurs de capitaux. À la fin du xixe siècle, les déficits des comptes courants (et donc les entrées de capitaux finançant ces déficits) atteignaient couramment 10 p. 100 du P.I.B. de pays tels que l'Australie, l'Argentine ou le Canada. En comparaison, le déficit du compte courant de la Thaïlande, considéré en 1996 comme dangereusement élevé, atteignait un maximum de 8 p. 100 du P.I.B. La mobilité[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur d'économie à l'université de Paris-XIII-Villetaneuse

Classification

Pour citer cet article

Philippe MARTIN et Dominique PLIHON. MONDIALISATION - Globalisation financière [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, 1978 - crédits : Bettmann/ Getty Images

Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, 1978

Autres références

  • MONDIALISATION (sociologie)

    • Écrit par Denis COLOMBI
    • 2 364 mots

    Le terme mondialisation (globalization en anglais) s’est imposé pour désigner une interconnexion croissante à l’échelle mondiale : les personnes, les institutions, les lieux et, plus généralement, les sociétés seraient de plus en plus reliés par-delà les frontières nationales, du fait de l’accroissement...

  • FRANCE - (Le territoire et les hommes) - Espace et société

    • Écrit par Magali REGHEZZA
    • 14 002 mots
    • 3 médias
    ...croissante de l’économie française à l’international est un fait marquant des années 1980, qui s’est accéléré dans les années 2000. L’intégration à la mondialisation et son corollaire, l’insertion dans la régionalisation européenne, entraînent des mutations rapides et profondes de l’appareil productif...
  • AÉRONAUTIQUE CIVILE (INDUSTRIE)

    • Écrit par Georges VILLE
    • 2 387 mots
    La construction aéronautique civile s'insère, dès les années 1950, dans la mondialisation en raison du caractère international du transport aérien et de ses propres spécificités ; ainsi, une analyse macro-économique simple montre que le niveau global des livraisons (de l'ordre de 800 à 1 000 appareils...
  • AGRICOLE RÉVOLUTION

    • Écrit par Abel POITRINEAU, Gabriel WACKERMANN
    • 8 076 mots
    ...changé les dimensions de celle-ci. Les accords de Bretton Woods (1944) et la création du Fonds monétaire international ont donné le départ d'une ère de mondialisation des affaires à laquelle l'agriculture a été partie prenante au même titre que l'industrie et le tertiaire ; déjà fortement industrialisée,...
  • ALTERMONDIALISME

    • Écrit par Christophe AGUITON, Universalis, Isabelle SOMMIER
    • 6 805 mots
    • 1 média
    ...fondatrice de la protestation contre le sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en décembre 1999, l'expression « mobilisation contre la mondialisation néolibérale », avec ses déclinaisons nationales (« antimondialisation » en France, « no-global » en Italie par exemple),...
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Voir aussi